Le bac français : un désastre écologique !

Je l’ai enfin reçue ! Elle était le principal sujet de préoccupation des élèves de ma classe ces derniers temps. Elle ? La convocation aux épreuves anticipées du baccalauréat !

Si nous avions connaissance depuis longtemps les dates de l’écrit de français (le 21 juin) et d’enseignement scientifique (le 23 juin), nous venons de découvrir à quelle date nous passerons l’épreuve orale de français.

Je ne sais si le sujet que j’aurai à traiter ce jour-là sera sur Les liaisons dangereuses de Laclos, les poèmes en proses de Baudelaire ou le théâtre de Shakespeare, mais je peux d’ores et déjà vous annoncer que ce sera un désastre ! Pour moi et pour tous les élèves, sans exception !

Pourtant, je ne suis ni devin ni pessimiste ! En effet, la fameuse convocation était accompagnée de la liste des textes étudiés cette année, textes à partir desquels je serai interrogé par l’examinateur. Jusque-là, rien qui ne justifie d’être si fataliste me direz-vous... Sauf que ladite liste précise que les textes doivent être présentés en deux exemplaires et, bien entendu, vierge de toute annotation.

Comprenez que les textes doivent tous être photocopiés pour qu’un seul texte puisse être par l’examinateur lors de l’oral. J’ai environ une vingtaine de textes à présenter et certains ne font pas qu’une page ! Soit environ 30 pages à étudier et à photocopier. C’est donc 60 feuilles qui vont être ainsi gâchées, là où 31 auraient suffi (30 venant des textes étudiés en cours plus celle de l’examinateur).

Mais cela n’est qu’une goutte d’eau dans l’immensité de l’océan des quelques 484 000 candidats qui passent cette épreuve chaque année. Si l’on considère que chaque élève a environ 30 photocopies à faire pour n’en utiliser qu’une et que 484 000 élèves passent l’oral de français ; chaque année, plus de 14 500 000 feuilles sont ainsi gâchés !

Paradoxalement, personne ne s’en inquiète ; alors que tout le monde crie à l’écologie, au développement durable, à la réduction des déchets et à que sais-je encore... Mais approfondissons le sujet.

Une feuille au format A4 (21x29,7cm le format le plus courant) pèse en moyenne 5 grammes, 1 tonne de papier fournit donc 200 000 feuilles. 3,5 tonnes d’arbres, 16 mégawatt-heure et 60m³ d’eau sont nécessaires à la fabrication d’une tonne de papier. Ainsi, rien que pour l’épreuve orale du baccalauréat, 72,5 tonnes de papiers sont utilisées, soit 232 tonnes de bois, 1 160 MW-h et 4 350m³ d’eau. Bien sûr, ces calculs ne sont valables que pour le papier non recyclé, même si le problème est sensiblement le même qu’il s’agisse de papier recyclé ou non : plus de 14,5 millions de feuilles vont entretenir chaque année un peu plus, la destruction des forêts ; là où les 30 feuilles utilisées en cours plus celle de l’examinateur suffiraient amplement.

 

Avec de tels efforts pour protéger notre environnement, il est facile d’admettre que cette épreuve orale de français n’est, ni plus ni moins, qu’un désastre écologique !