Le BAFA à 16 ans ? C’est du n’importe quoi !
par CHALOT
vendredi 2 décembre 2022
Merci à Sapiens pour ses dessins.
L'animation socioéducative participe à la construction des enfants, à leur éducation.
Les activités physiques, et les créations artistiques comme celles-ci sont souvent de qualité.
L'animation procède de savoirs, de savoir faire et de savoir être
« Le décret n° 2022-1323 du 14 octobre 2022 abaisse l'âge d'entrée en formation au brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur BAFA. Dorénavant, les candidats doivent être âgés de 16 ans au moins le premier jour de la session de formation générale.21 oct. 2022 »
Je ne sais pas qui a pris l'initiative de demander l'abaissement de l'âge d'entrée en formation BAFA, un organisateur de centres de vacances ou d'accueil de loisirs, certainement....
Ce que je sais c'est que c'est une décision irresponsable et je pèse mes mots !
A 16 ans, le jeune est en phase de construction, c'est encore un adolescent, il a beaucoup plus de difficulté à se positionner, à assurer des responsabilités d'encadrement d'enfants qu'à 17 ans ou 18 ans.
Qui suis-je pour affirmer cela ?
J'ai formé des centaines et centaines d'animateurs, peut-être plus de 2000 dans le cadre de stages BAFA ou de formations continues.
J'ai dirigé des centres de vacances et des stages BAFD de directeurs.
J'essayais de suivre des animateurs dans leur cursus de formation, durant leur stage pratique et parfois j'avais comme retour de leur stage pratique : « manque de maturité » !? Ce type d'appréciation m'a toujours interrogé car à chaque fois, en questionnant le stagiaire, j'apprenais qu'il avait eu à s'occuper de jeunes pré-adolescents.
Comment peut-on demander à un jeune de 17 ans de prendre en charge des enfants de 12 et 13 ans !?
Aujourd'hui non seulement cela va continuer avec la pénurie d'animateurs mais en plus, des jeunes de 16 ans pourront assurer l'animation en plein exercice.
J'entends ceux qui vont me rétorquer que ces jeunes seront encadrés par des animateurs plus âgés.... ces « garanties » sont parfois sur le papier, on voit de tout, sur le terrain les directeurs font comme ils peuvent.
Je me souviens d'une discussion animée que j'ai eue avec des organisateurs de centres de vacances qui se plaignaient de la difficulté rencontrée avec des pré-ados issus des quartiers.
Je ne comprenais pas leurs remarques car sérieusement, comment peut-on confier des « publics spécifiques » à des jeunes animateurs BAFA ?
Cette animation là relève d'une fonction professionnelle avec l'embauche d'animateurs formés.
Tant que l'on n'aura pas pris au sérieux l'animation socio-éducative qui relève de métiers spécifiques, on restera dans le bricolage.
Créons un métier réellement reconnu avec un vrai cursus, des formations professionnelles prises en charge comme le BPJEP ( brevet professionnel) pour les accueils de loisirs, donnons un peu de respiration aux animateurs des centres de vacances en leur assurant de vrais congés et un vrai salaire et nous trouverons des volontaires.
Ce sont des pistes de transformation qui sortent des ornières où l'on ne trouve que des gadgets comme le BAFA à 16 ans !
Jean-François Chalot