Le basculement Français

par Elric Menescire
vendredi 14 avril 2023

 

Un homme raisonnable ne peut agir sans motif

-Nicolas Chamfort

 

Le projet libéral de macron est mené tambour battant, malgré la "pause" temporaire que constitue face à lui le mouvement social..

Après la destruction des Services Publics français, qu'elle soit en cours (hôpital, assurance chômage, assurance vieillesse) ou à venir (la Sécurité Sociale dans son ensemble), la vente à la découpe se poursuit aussi sur les joyaux de la souveraineté perdue du pays : EDF-GDF (projet Hercule, ou ce qui en tient toujours lieu désormais) n'en sera que le dernier avatar, suite à deux décennies qui ont vu la destruction quasi totale de l'industrie de notre pays, et ce dans tous les secteurs. 

Alors bien sûr, ce "prooojet" libéral dont Macron n'est que le paracheveur, ne pourra s'achever justement, sans de grands soubresauts. Nous sommes en train d'y assister d'ailleurs : le conflit social, inédit en durée comme en taille, que notre pays traverse depuis plusieurs mois, et qui a été ravivé à l'occasion du énième 49-3 concernant cette fois-ci les retraites, est le symptôme de cette guerre de tous contre tous que l'oligarchie aimerait bien mener à son terme. L'enjeu est ici de taille : il faut sufisamment appauvrir ce qui reste de classes moyennes, sans déclencher un mouvement de type "gilets jaunes bis", comme ce fut le cas avec la France périphérique, défavorisée, grande perdante du jeu de bonneteau libéral depuis trente ans, qui constitua le gros des troupes de gilets jaunes en 2018.

L'enjeu pour les 0,1%, qui sont les grands gagnants de la cascade de crises qui constitue désormais le quotidien de notre civilisation en plein effondrement, est bien ici : comment préserver suffisamment longtemps le statu quo social qui leur profite avant tout, pour en arriver au point béni où la majorité, sufisamment appauvrie et affaiblie, n'arrivera plus à se révolter, toute entière occupée qu'elle sera à chercher de quoi subsister ?

Mais ce pari -car c'est bien de cela qu'il s'agit- est fondé sur des prémisses fausses : les Français seraient un peuple comme les autres, un peuple que l'on pourrait baillônner si on s'y prenait sufisamment fort et longtemps, comme Thatcher le fit avec les Anglais par exemple.

Rien n'est plus faux que ce pari, car les Français ne sont pas les Anglais, et encore moins les Allemands, ou n'importe qui d'autre. "Les Français", c'est avant tout un Peuple Social, d'aspiration profondément égalitaire.

Un peuple qui coupa la tête à son Roi, et fit bien plus qu'une fois la Révolution -ou quelque chose s'en approchant suffisamment, pour terroriser les possédants du monde entier.

La France ? C'est "le pays de l'ardeur révolutionnaire" disait un philosophe barbu bien connu.

Il suffit d'ailleurs de s'intéresser aux médias étrangers en ce moment-même, pour se rendre compte que c'est peut-être de l'extérieur qu'on appréhende le mieux ce qui est en train de se passer : le "conflit" en cours est très attentivement scruté en Europe et dans le monde, car les Français pourraient tout à fait donner l'exemple, si d'aventure ils arrivaient à faire plier le forcené retranché à l'Elysée, et sa clique de malfaisants qui n'ont de cesse de les brutaliser, contre-réforme après contre-réforme, insultes après insultes. 

Oui, les français pourraient tout à fait briser l'élan libéral mondial qui enserre le monde dans ses griffes depuis plus de 3 décennies, et donner le top départ d'une Révolution internationale, qui mettrait enfin les Peuples eux-mêmes au centre du jeu économique, social et même -osons-le- écologique

Et le pouvoir français -ou ce qu'il en reste-, de plus en plus dans la fuite en avant autoritaire, le sait pertinemment également. D'où le raidissement que l'on observe depuis quelque temps...

C'est ainsi à une course contre la montre que nous assistons en direct. Une course entre le fondé de pouvoir de la bourgeoisie libérale et mondialiste qu'est Macron, et le mouvement social français, et plus largement tout ce qu'il comporte de "Gaulois réfractaires".

Dit autrement : le pouvoir Français refuse de lâcher car il sait que s'il le fait, le risque de contagion à l'ensemble du monde occidental est tout à fait probable.

 

La résolution totalitaire

La crise sanitaire n'a finalement rien créé : elle a juste tout révélé. Les germes de la Chute de la civilisation occidentale étaient déjà bien présents... que ça soit l'inflation galopante (qui avait cours bien avant 2020), des inégalités ahurissantes qui ne cessent de se creuser depuis des décennies, de la finance en roue libre depuis la chute de l'Urss, ou même des dérèglements écologiques en série (effondrement du vivant depuis les années 2000, pollutions gigantesques et hors de contrôle...) : le monde capitaliste, la société thermo industrielle que nous connaissons et dans laquelle nous vivons, ce monde fait d'abondance et de croissance perpétuelle, est juste intenable. Il est d'ailleurs en train de s'effondrer, mais comme pour Rome la décadente, cet effondrement n'est pas destiné à survenir en quelques jours ou quelques semaines. Cet imaginaire à la Mad Max (ou à la Walking Dead), où la société moderne s'écroule en quelques jours, a malheureusement obéré la capacité du plus grand nombre à voir les symptômes de ce qui est en train de s'accumuler sur le temps long... 

Une société aussi étendue que peut l'être la société mondialisée dans laquelle nous vivons, ne s'effondrera pas sans grand fracas certes, mais surtout pas (très) rapidement. Pour certains spécialistes d'ailleurs, c'est depuis la crise des subprimes de 2007-2008 que l'effondrement a commencé, et je serais de leur avis. Car c'est bien à partir de ce moment-là que la structure de nos sociétés, leur squelette (essentiellement financier) s'est complètement dévitalisée. Et le fait que les gouvernements du monde entier aient fait tourner la planche à billets pour tenter de maintenir à flots le Titanic financier n'empêche nullement celui-ci de couler lentement, à bas bruit, mais continuellement depuis.

La vérité ? La vérité, c'est que depuis 2008, le moteur économique est cassé, et la croissance n'est qu'une valeur maintenue artificiellement en vie : par la spéculation immobilière en Europe (En France, en Espagne, au Royaume-uni), ou par des actifs fantômes comme la spéculation sur les matières premières ou la prédation ailleurs (USA...). Et à cet effondrement financier, toujours en cours à l'heure actuelle, s'ajoutera plus qu'il ne lui succèdera (car les deux peuvent survenir en même temps, nul besoin d'en achever un pour que le second survienne) un effondrement commercial, que nous sommes en train de constater, et dont l'inflation -et les pénuries- ne sont qu'un des symptômes. Puis un effondrement politique -et nous y sommes. Le système n'a plus rien à proposer si ce n'est un appauvrissement généralisé pour la majeure partie de la population, qu'il soit accepté -dans ce cas nous parlerons de sobriété, que ça soit sur l'énergie, sur l'eau ou bientôt sur tout le reste- ou subi, à coups de grenades et de matraque.

Ce qui constitue, d'une manière ou d'une autre, un formidable tremplin pour que nombre de tensions liées à cet état anormal des choses, trouvent leur résolution soit dans une fuite en avant totalitaire, soit dans la guerre. Les deux états n'étant bien sûr pas excluants : nous pourrons très bien avoir la matraque et la tranchée comme seul horizon proche.

 

Chacun a ses raisons

Dans son roman graphique "V pour Vendetta" (adapté en film en 2005) , Alan Moore nous dépeint le portrait d'une société anglaise qui a embrassé le fascisme, suite à une guerre atomique qui a ravagé la moitié du monde, et laissé l'autre dans l'anarchie et l'incertitude.

Ce qui est frappant dans cette oeuvre, ça n'est pas le manichéisme habituel qui se dégage très souvent du genre. Non, au contraire : le héros, un résistant engagé contre un gouvernement totalement fasciste, assassine et torture ses ennemis en toute conscience, sachant que de toutes façons il est condamné par un système qui le cataloguera comme fou et terroriste. En face, les tenants du nouvel ordre fasciste Anglais, sont réellement investis d'une mission civilisatrice à laquelle ils croient absolument. Ils sont dans leur bon droit, car pour eux le système qui a conduit à la guerre atomique, à la faillite de la civilisation occidentale et à tant de souffrances, a perdu la légitimité de revendiquer la liberté individuelle et la liberté d'opinion, de conscience, voire de diversité. C'est sur cette base que les dissidents -immigrés, homos, gauchistes, opposants..- sont déportés et disparaissent dans les camps.

Le parallèle entre cette société dystopique, sortie de l'imagination de Moore en 1981, et la nôtre, sortie de l'horreur du réel de ce début de XXIème siècle, est tout trouvé : comme le disait le génial réalisateur Jean Renoir dans son mythique "La règle du jeu", "tout homme a ses raisons" et ça n'est pas du relativisme de le dire et de le penser. Chacun, même si de notre point de vue il a tort, ou fait des erreurs, voire même des horreurs, est dans sa réalité, et fait ce qu'il estime être le mieux pour lui ou sa famille à ce moment donné...

A l'aune de ce petit fait tout simple, la situation française peut s'éclairer sous un jour nouveau : la fracture française, irrémédiable à l'heure où nous l'écrivons, est une réalité aussi multiple que les 67 millions de français qui la vivent, chacun à leur manière, de façon différente. 

Pourquoi "les Français ne se mobilisent pas plus contre la tyrannie macronienne" ?

Pourquoi les flics continuent-ils de tenir à bout de matraque ce système injuste ?

Pourquoi les 0,1% font-ils tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir le statu quo, au risque d'anéantir la totalité de l'espèce humaine, à force de promouvoir un système qui finit par marcher sur la tête, et détruire la planète sur laquelle il vit comme un parasite ?

Il n'y a rien de planifié de manière globale dans tout ce qui nous arrive : seulement des groupes d'intérêt particuliers, agrégés par intérêts de classe, qui mènent chacun leur barque à la mesure de leur compréhension de la situation, et des intérêts qu'ils pensent en retirer.

Et disons qu'il y a ceux qui ont plus d'informations que d'autres, ce qui leur permet d'analyser la situation bien plus clairement, et de prendre les meilleures décisions pour leur propre bénéfice...

 

L'information, c'est le pouvoir (et vice-versa)

Et oui : l'info, la connaissance, c'est le pouvoir. Et le pouvoir, c'est posséder les canaux de cette information. La presse, les journaux, la télévision, les grands groupes et autres GAFAM, tout ça c'est juste une somme d'intérêts privés coagulés en structures plus ou moins étendues...

Face à elles, des masses, qui ont elles aussi des structures à leur image, à la hauteur de leurs moyens, de leurs possibilités.

Prenons les syndicats : honnêtement, sur le papier quel autre contre-pouvoir existe-t-il dans les entreprises ? Le code du travail ? Grandement affaibli par les lois El Khomri et Macron. Loi qui furent adoptées via 49-3 déjà à l'époque...

L'inspection du travail ? Même réponse que ci-dessus, l'inspection du travail a été détruite par les lois Macron en 2017. Il existe aujourd'hui un peu moins de 2000 inspecteurs du travail assermentés pour plus de 3,8 millions d'entreprises dans le pays. Quelle "inspection" peut-on bien mener avec un tel ratio ? Et je ne parle même pas des pressions politiques pour les Inspecteurs qui auraient le culot d'essayer de faire leur travail correctement. Voire les risques mortels pour lesdits inspecteurs, risques bien réels mais dont on parle bien, bien moins que ceux de ces pauvres miliciens déguisés en policiers de la Brav-M, qui seraient "fatigués" à force de menacer et tabasser des manifestants toute la journée, ce qui conduit à des "usages disproportionnés de la force", et certainement pas à des violences policières, comme le dirait l'autre fasciste qui nous sert de ministre de l'Intérieur.

Le droit de grève ? Sérieusement entamé par Sarkozy via les lois de réquisition. Toujours reconnues comme illégales a postériori par les tribunaux d'ailleurs.

L'envie de faire grève ? 95% des médias français (TV et journaux) sont possédés par 10 grandes familles de multimilliardaires. et surprise : ces grands médias ne donnent jamais envie de faire grève. C'est bien sûr plutôt l'inverse...de la même manière, la possibilité de faire grève est souvent invoquée par ceux qui disent soutenir les manifestants, mais affirment aussi ne pas pouvoir le faire. Or, vu que c'est un droit constitutionnel, la possiblité existe réellement : ce qu'il faut comprendre ici, c'est qu'il s'agit bien d'une absence d'envie, plus que d'une absence de possibilité de faire grève...ce qui revient à redire le rôle fondamental des médias, et de leur possession, dans ce qui se joue à l'heure actuelle.

Les médias fabriquent un consentement, et véhiculent des aliénations, c'est à dire des idées qui sont censées venir de vous, mais qui sont mises dans votre tête pour que vous défendiez des intérêts contraires aux vôtres. 

Revenons sur le pouvoir des syndicats dans l'entreprise : depuis les lois Macron de 2017(encore elles), le nombre d'élus du personnel la fortement diminué (-40%) avec la fusion des instances représentatives du personnel. Les Comités d'Hygiène et de Sécurité des Conditions de Travail (CHSCT) ont été démantelés : ces comités sont désormais de simples comissions, sans réel pouvoir autre que consultatif. Dans le même temps, la France est devenue championne d'europe des accidents de travail, y compris les accidents mortels. Et les Français qui travaillent sont largement désarmés dans l'entreprise, face à un patron qui ne craint plus les tribunaux de prud'hommes, vu que ceux-ci ont subi quasiment le même traitement.

Donc, résumons : ces dix dernières années, un des seuls moyens encore restants à une classe majoritaire, celle des actifs, ce seul moyen donc, le syndicalisme, a été attaqué et désamorcé législativement à un point tel qu'il en est devenu quasiment ineffectif.

Et dans le même temps, les médias se sont vus concentrés à un point tel qu'il est inédit dans notre histoire, et met en cause l'idée même que notre pays serait encore une démocratie : tout au plus une "démocratie défaillante" pour la 2ème année de suite, selon le très bolchévique classement du non moins très extrêêême gooochisste périodique The Economist, qui place désormais notre pays à la 22e place de son bilan annuel.

Mais tout va très bien selon le DRH qui prétend nous régenter : ce sont la LDH, l'ONU, le Conseil de l''Europe ou encore Amnesty International qui ont un problème, certainement pas lui, le dernier défenseur de "l'ordre républicain".

 

Bruit des pantoufles vs bruit des bottes 

La situation que traverse actuellement notre pays était donc finalement très prévisible : une situation de blocage total, au point que nous en serions (presque) tous suspendus à la seule décision d'un organe étatique, le fameux Conseil Constitutionnel, composé essentiellement de membres à l'origine même du problème... Entre son président, Laurent Fabius, ex conseiller de Mitterrand qui fut à l'origine première de la décision de Tonton de trahir ses promesses en 1983, en passant par Alain Juppé (artisan du détricotage de la Sécurité Sociale et de l'Hôpital Public en 1995, ce qui est très largement passé sous silence dans l'histoire sociale officielle, même par les syndicats qui idéalisent la "victoire" de 1995 sur les retraites, victoire qui fut en réalité une défaite totale sur la Sécurité Sociale), ou encore Jacqueline Gourault, ex-ministre du gouvernement Macron 1 et responsable de la calamiteuse loi de décentralisation "3DS" à l'origine des Maisons France Service, qui entérinent de fait la destruction des Services Publics dans la France périphérique et leur remplacement par un ersatz de boîte aux lettres associatives qui sont tout, sauf un vrai Service Public... je pourrais les lister tous, mais vous vous en doutez : ces individus ne représentent que les intérets qui les ont portés là, et ce sont tout, tout, sauf les intérêts de nous autres, les 99,9%.

Donc nous sommes "suspendus" à une décision d'un machin qui, même si elle annulait pour vice de forme législatif la "réforme" de macron, ne résoudrait absolument rien.

Car là aussi, chacun a ses raisons : et qui croit encore aujourd'hui, à part un bourgeois bien nourri qui n'a aucun problème de revenus, de salaire, d'inflation ou de fins de mois le 10, que le pays est en ébullition sociale uniquement à cause de cette contre-réforme leur collant deux ans de plus sur le dos ? Le problème est bien sûr bien plus vaste, mais là aussi pour le voir encore faut-il se mettre à la place des autres.

Donc prenons le pari que cette décision du Conseil Constitutionnel, quelle qu'elle soit, ne changera fondamentalement pas l'état d'esprit des Français vis à vis d'un pouvoir insultant, méprisant, matraqueur, éborgneur et pour tout dire, qui commence légèrement à gonfler de plus en plus de monde.

Parce que soit la contre réforme est retoquée par le Conseil : et dans ce cas-là, rien n'empêche Macron de représenter un nouveau projet. Et rien n'empêchera bien sûr celles et ceux qui aujourd'hui se mobilisent pour une vie meilleure, de ocntinuer à le faire. Parce que Macron ne fera rien de plus que ce qu'il ne fait déjà pas sur les salaires, l'inflation, ou ses cadeaux à ses amis oligarques.

Et bien sûr si la réforme n'est pas retoquée (ou retoquée partiellement, ce qui revient presque au même) : la colère augmentera de même.

Donc, à très court terme Macron pense que de toutes façons il pourra continuer de faire ce qu'il fait comme il l'entend, passque c'est lui le président et qu'en face il a 67 millions d'imbéciles qui ne comprennent rien à son génie. Je simplifie et schématise, mais à peine en fait.

Donc la répression policière va continuer, et le pays deviendra ingouvernable : ce qui conduit à deux options.

Soit une fascisation du pays, via des lois encore plus liberticides dont nous avons récemment eu un avant-goût (loi sur la VidéoSurveillance Algorithmique)

Gageons que ça n'est que le début : au menu en entrée, vous pourrez compter sur le pistage en temps réel de tous les terroris contestataires, à l'aide de tout ce que le pays compte de caméras de vidéosurveillance (notre pays affichant quand même une très belle 7ème place mondiale, avec plus de 1,65 million de caméras en 2021). Puis en plat principal, vous reprendrez une bonne dose de répression policière, au vu des commandes toujours plus massives de grenades et autres "dispositifs de gestion démocratique des foules" pour "les forces de l'ordre". Qui sauront, gageons-le, s'en servir avec tout leur discernement et leur "professionalisme" habituel, aidées en cela par les blanchisseuses industrielles que sont l'IGPN et l'IGGN.

Et puis en dessert, vous aurez un saupoudrage permanent de propagande grâce à des médias de plus en plus noyautés par les oligarques, aux intérêts similaires à leurs amis en poste dans l'Etat Français. Renvoi d'ascenceur permanent, comme ce que nous constatons et connaissons depuis quelques temps, avec les multiples affaires de pantouflage qui inondent l'actualité, sans plus d'effet qu'une ministre de la Raie publique qui irait poser quelques photos minables dans un magazine de cul, histoire de tenter de camoufler ce que tout le monde sait et constate. N'ayons pas peur des mots.

Ca, c'est la version soft : la version que nous sommes en train de tester, et que certains qualifient de "glissement vers l'autoritarisme".

La version "hard", c'est si le mouvement se durcit considérablement, et que des actions qui seraient qualifiées de terroristes verraient le jour : attaque de personnalités, cocktails molotvs, attentats etc. Dans ce cas, tour de vis total sur l'aspect médiatique et policier, on s'en doute. On a déjà un peu testé la chose durant les confinements à géométrie variable pour cause de "crise pandémique".

Et puis éventuellement, si Macron-la-chance tient jusqu'à la fin de son mandat (honnêtement je n'y crois guère mais pourquoi pas), une élection en bonne et due forme aura alors lieu, ultime pantomime qui fera advenir une version encore plus dure. Nous l'appellerons donc la version "super hard" : à base de Le Pen, Zemmour, Ciotti ou autre Darmanain dopés au fascisme et au jusqu'au boutisme. On peut tabler sur une loi de présomption de légitime défense pour les policiers (même plus besoin de l'IGPN pourquoi s'emmerder), ou encore un soutien total des miliciens qui tabassent les manifestants, et bien sûr en digestif ce sera open bar total pour l'oligarchie, avec des lois économiques ad hoc, car ne l'oublions pas, le fascisme c'est aussi et avant tout une idéologie favorable aux 0,1%.

Quoiqu'ils en disent, et tentent de faire croire aux gens qui ont de bonnes raisons de voter pour eux.

Ehhh oui.

Et ne croyons pas que j'extrapole : nous sommes à deux doigts de voir advenir ce futur incertain, et sans doute plus tôt que prévu. Car si le mouvement gagne, si par bonheur Macron se voit obligé de partir...il risque d'y avoir soit une nouvelle élection (auquel cas les sondages sont très clairs..souvenez-vous, "chacun a ses raisons", et l'électeur Lepéniste autant que les autres).

Ou soit la prise de pouvoir par qui peut le prendre -c'est à dire soit par ceux qui ont les fusils, ou pire la volonté de s'en servir. Et ça n'est certainement pas la NUPES ou "l'extrême-gôoooche" qui aujourd'hui remplit le mieux ces conditions ...

 

On (en) est lààà

Même si Macron ne veut pas nous en sommes donc là : sans doute dans une des périodes historiques les plus critiques de notre pays. Car seul le fou, l'ignorant ou encore l'électeur retraité, peut croire que les choses finiront par se tasser, pour revenir à la normale comme d'habitude. Et puis on pourra aller reveauter tous les cinq ans, pour se chosir un nouveau maître ... 

Désolé mais il n'y a plus de "comme d'habitude" : ça a disparu en même temps que le reste, au fur et à mesure que les mesures liberticides dûes au Covid, ou les mesures libertariennes dûes à la politique économique ultralibérale dont sont friandes nos "élites", ont largement détruit notre normalité coutumière.

Des mesures qui ont flingué nos libertés, autant qu'elles ont flingué notre avenir : les lois liberticides qui devaient être temporaires se sont empilées et sont rentrées dans le droit commun, et puis la dette est tellement élevée qu'elle n'en est plus remboursable de fait... et de toutes façons, sincèrement, nos gouvernants agissent-ils réellement comme s'ils voulaient la rembourser ? De la part d'un ex-banquier tel que Macron, ce serait tout saut logique, en fait. Lui aussi, il a ses raisons : et de son point de vue, elles sont tout autant légitimes que les nôtres.

La dette fait vivre les banquiers depuis que la banque existe.

Et la seule différence entre les 0,1% qu'il représente et les 99,9% que Macron est censé représenter (et auquel il tente de mentir en permanence pour leur faire croire qu'il le fait) se situe là : dans le nombre. Chacun a ses raisons, mais certaines conduisent juste à la ruine du plus grand nombre, à sa mise en esclavage à la sauce Orwellienne, et finalement à sa destruction dans un holocauste quelconque, qu'il soit économique, écologique, ou atomique, au fond : quelle différence ? Ca reste un holocauste quand même.

Mais l'homme raisonnable, celui qui ne peut pas se mobiliser aujourd'hui, pour ces mille et une raisons, en a-t-il pris réellement conscience ? Je pense que quelque part, oui.

Et cet homme raisonnable, cet homme qui a ses raisons, les trouve bien sûr immédiatement supérieures à ces menaces qui, pour en être réelles, n'en paraissent pas moins encore sufissamment lointaines.

C'est toujours comme ça que ça marche : on n'agit que lorsque les choses nous touchent le plus directement, pas avant. C'est bien là le drame de notre époque, et pas seulement de la nôtre d'ailleurs. Toutes les époques ont connu cela. C'est un processus parfaitement documenté et même étudié en laboratoire, par des scientifiques tels que Milgram notamment. Mais les choses changent de plsu en plus vite, car la situation évolue de plus en plus vite : souvenons-nous que les ,% sont en guerre contre tous. Et même si la crise, l'austérité, n'impacte pas tout le monde dans ce pays au même rythme, elle finira par rattraper tout le monde.

Et c'est ici que se situera le point de bascule : lorsque sufisamment de personnes auront les raisons nécessaires pour agir, alors la situation sera pliée. Il y aura un refus général d'aller plus loin.

Car il s'agit bien de ça : la soumission à l'autorité, et ce moment, décisif, où on décide que l'on en a assez. Et qu'on ne se soumettra plus, plus du tout, à une autorité qui a perdu toute légitimité. Et c'est là que se réactive la fameuse lutte des classes. Nous sommes en train de le constater de visu

Macron et son gouvernement ont perdu toute légitimité, et c'est en train d'être réalisé, jour après jour, par une partie de plus en plus grandissante de Français. Une partie des 99,9% qui prend conscience d'elle-même, en tant que partie d'un ensemble beaucoup plus vaste que la somme de ses parties. Un ensemble avec ses propres raisons, qui ne sont pas la somme des raisons individuelles des parties qui le composent, mais qui vont au-delà.

Une classe qui est en train de prendre conscience d'elle-même, et de ses intérêts, largement opposés -antagonistes dirait l'autre- à ceux de la classe en face.

En face ? Eux, ils savent qu'ils sont une classe à part entière, et ils sont organisés en conséquence. Ils mènent cette lutte. Et c'est logique : à 0,1%, le point de rupture, le seuil de basculement et atteint bien, bien plus tôt qu'à 99,99%.

Alors sans doute est-ce rageant, cette prise de conscience actuelle, car elle est sans doute largement insuffisante face à ce qui se déploie devant nous. Et quand on fait partie des contestataires, constater que ça ne va pas assez vite, assez loin, assez fort... c'est rageant certes, mais pas décourageant.

Et de ce point de vue, la France, le Peuple Français, notre Peuple, est historiquement exceptionnel je l'ai déjà dit.

Tout espoir n'est donc pas perdu : le Peuple Français a toujours su faire preuve de courage dans les moments décisifs, et j'ose encore croire qu'il se dressera de plus en plus contre la tyrannie qui nous menace, jusqu'à la faire plier voire la renverser, avec peut-être encore un infime espoir de la remplacer par une vraie et authentique démocratie. Résister à l'oppression... c'est entrer en rupture avec ce système injuste.

C'est d'ailleurs dans la Déclaration dont se targuent tous ceux qui nous brutalisent aujourd'hui, que ce Droit "naturel, inaliénable et sacré" a été prescrit en 1789. Le droit de résistance face à l'oppression

La question est donc la suivante : sommes-nous actuellement face à un régime oppressif en France ?

 

Oser se la poser, puis y répondre, c'est sans doute ce qui nous permettra de trouver les raisons qui nous manquent.

 


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