Le bateau France prend l’eau

par Galahad
mercredi 16 novembre 2011

Nous sommes, nous français, en plein dans la crise, comme tout le monde me direz-vous. Hé bien, non, pour nous, c'est pire ou ça va le devenir. D'abord parce que nous ne sommes pas lucides sur l'état de notre pays, ensuite, parce que l'élection présidentielle va favoriser encore un peu plus la démagogie, cet avatar néfaste de la démocratie comme le disait Aristote (à peu près hein, l'élève de Platon n'a pas vu le film de Cameron).

Ça tangue pour la cinquième puissance économique du monde

La cinquième puissance économique du monde ! Ça fait rêver. Enfin ça devrait, ça n'empêche pas notre leadership en Europe d' être de plus en plus contesté. Le AAA français par exemple, celui qui permet d'emprunter à des taux très avantageux et accessoirement de donner des leçons de rigueur aux autres pays, notre AAA donc, serait usurpé, le plus mauvais AAA d'Europe, on l'avait compris lors de cette vraie-fausse fuite de l'agence Standard & Poor's qui déclencha une mini-tempête dans les bureaux de Bercy, nous en avons la confirmation avec ce rapport sur la croissance, la compétitivité et le poids des dettes, co-réalisé par la banque allemande Berenberg et le centre d'études The Lisbon Council. ,Ce rapport place Paris 13e sur les 17 pays de la zone euro. Pas glop.

"Il faudrait tirer la sonnette d'alarme pour la France", affirme ce rapport qui explique que la situation économique de la France ne serait en effet pas compatible avec le AAA attribué par les agences de notation à la dette française. "Parmi les six pays bénéficiant d'un triple A au sein de la zone euro, la France a obtenu la plus mauvaise note (..) » selon le baromètre Euro Plus Monitor établi par The Lisbon Council et d'affirmer "Les résultats sont trop médiocres pour un pays qui veut rester en tête". Reçu 5 sur 5, notre AAA est illusoire, Attali l'avait dit, ce rapport l'établit.

Les conséquences sont immédiates, on emprunte déjà plus cher que les allemands, ça ne peut en l'état, que s'aggraver. Le poids de la dette va donc s'accentuer, comme celui des déficits est depuis longtemps en zone rouge, il va falloir des coupes drastiques dans les dépenses, quelque chose de plus violent que le dernier plan Fillon, du dur, du sévère, c'est le plan Sarkozy qui se profile.

La fraude sociale

Nicolas Sarkozy vient ce mardi 15 novembre à Bordeaux pour un bilan de la politique du gouvernement en matière de lutte contre la fraude sociale.

De quelle fraude parle-t-on ? Celle aux diverses allocations, prestations et aussi du travail au noir, mais c'est avant tout une remise en cause profonde, de l'Etat providence pour la droite, des acquis sociaux pour la gauche. Nicolas Sarkozy, candidat non déclaré mais déjà en campagne, doit aujourd'hui à Bordeaux visiter différents services de la Caisse d'allocations familiales de la Gironde avant de rencontrer les responsables du comité départemental de lutte contre la fraude pour prononcer ensuite un discours sur la "préservation du modèle social" français et "l'importance de la lutte contre la fraude dans ce domaine".

Pas sûr que ce discours convainque grand monde, dans la valse des milliards, celle des chiffres qui dépassent notre entendement, les bénéficiaires qui grignotent trois sous ne se sentent pas vraiment favorisés par le système, le PS parle déjà de chasse aux pauvres ; d'un point de vue comptable, le rapport du député UMP Dominique Tian estime dans un rapport très contesté que toutes fraudes sociales représentent environ 20 milliards d'euros, une somme colossale à peu près 10% du budget de la Sécurité sociale, la semaine dernière, la ministre du budget, Valérie Pécresse, a relativisé : « Je ne peux pas confirmer ce chiffre puisque c'est une extrapolation ».

La campagne sera comme la crise

Dure. Un pays qui est ou qui prétend être la cinquième puissance économique au monde se doit de savoir pourquoi l'état de ses finances est si désastreux. Va falloir qu'on nous explique ça. Sérieusement. A commencer par le chef de l'Etat. La crise mondiale n'explique pas tout, l'Allemagne ne la subit pas de la même façon, loin s'en faut, les cadeaux fiscaux ciblés du quinquennat, la TVA dans la restauration ou le bouclier fiscal par exemple, des dizaines de milliards au total, n'ont-ils pas largement plombés nos résultats ?

Pour Hollande non plus, c'est pas gagné. Nous ne serons pas assez cruel pour évoquer plus avant ce délire économique qu'était L'Egalité réelle, le chef-d'oeuvre de Benoît Hamon. Plus personne n'ose y faire référence, il reste que les éléments du programme économique du candidat corrézien laissent perplexes, plus de moyens pour l'éducation, plus de moyens pour les jeunes défavorisés, la police, la justice ; plus de moyens partout. Avec quel argent ? Celui des riches pardi ! Oui, mais les vraiment riches s'exonèrent facilement des mesures hexagonales ! C'est vrai, alors avec celui des moins riches, ou des pas trop pauvres, amis des classes moyennes attendez-vous à changer de catégorie. Oui, c'est ça, descendre d'un ou deux étages, c'est la crise, faites un effort bon dieu !

La sortie de crise, la nécessité des réformes dans un pays qui ne les tolèrent pas, c'est notre futur, pas très réjouissant et inéluctable, en souhaitant que notre beau pays, la France, finisse autrement que son paquebot éponyme.

Magnéto Michel Serge :

Snif.


Source : Le Figaro, Le Monde, Libération


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