Le beurre et l’argent du beurre de Kadhafi
par morice
lundi 21 novembre 2011
L'argent de Kadhafi, à savoir les millions accumulés à son seul profit et celui de sa famille a attiré pendant des années des gens peu scrupuleux qui lui ont en particulier vendu tout ce que ses lubies exigeaient : des voiturettes de golf pour balader ses invités, des meubles horribles, des tableaux ou des sculptures (affreux), des recueils de photos de Condoleezza Rice (étonnante découverte) une improbable Fiat 500 électrique retrouvée au fond d'un bunker, etc. Mais il y en d'autres qui ont fait encore plus fort : en pleine période de guerre, ils sont allés monnayer auprès du dictateur leurs précieux conseils de consultants. Et parmi ces flagorneurs de la dernière heure, il ya de belles surprises, nous indique ce jour le New-York Times. Avant de se transformer en viande froide (il a fini dans un frigo de boucherie), c'est fou ce qu'il avait pu attirer comme mouches, ce tyran.
De quoi largement agrémenter ses dîners en ville. Un engagement politique bien droitier, chez les Républicains, bien sûr, qui a fait créer le "Sun Trust/Asset Management and No Great Love", dont le seul but est d'honorer les victimes militaires US du terrorisme : et là, ça ne manque pas de seul quand on sait combien Kadhafi nourrissait ce même terrorisme, comme lors de l'attaque d'une boîte de nuit en Allemagne, en 1986, qui avait eu comme résultat des morts chez... des militaires américains. Le terrorisme, la spécialité de Neil C.Livingstone, rappelons-le : c'est aussi le conseiller au Pentagone pour le Chief of Naval Operations, et également auprès du Secrétaire d'Etat, il a aussi témoigné à plusieurs reprises pour le Congrès, qu'il connaît bien : c'est aussi l'ancien assistant de deux sénateurs, et c'est encore le président de l'Institute on Terrorism and Subnational Conflict... bref un "expert", rangé ici auprès de Steve Emerson, Vincent Cannistraro, et Daniel Pipes : que du beau monde, chez les fabricants de conflits. Une fine équipe subventionnée, comme celle-ci...
Parmi les documents, un autre nom a vite émergé : celui d'un... belge, ajoute le NYT. "Les documents contenaient un choc pour les Américains : une lettre de trois pages adressée au colonel Kadhafi le 17 avril par un autre partenaire dans la transaction proposée, un belge nommé Dirk Borgers. Plutôt que de suggérer un moyen de sortir du pouvoir, M. Borgers offrait au dictateur libyen des services de lobbying de ce qu'il appelait le « Groupe d'action américain" pour déjouer les rebelles et gagner le soutien du gouvernement des États-Unis". A noter qu'il est bien marqué "pour déjouer les rebelles", ce qui signifie que notre fameux groupe a choisi de soutenit clairement le camp adverse : or l'Amérique a choisi d'intervenir contre celui qu'ils ont choisi... "Notant que les rebelles du Conseil National de Transition avaient pris le contrôle des avoirs libyens à l'étranger, et joignant un formulaire d'inscription indiquant que les rebelles avaient engagé leurs propres lobbyistes, M. Borgers a déclaré qu'il était temps pour le colonel Kadhafi de se battre avec ses propres représentants à Washington". On était bien dans le cadre dun lobbying classique, à part qu'il était manifestement pro-Kadhafi !!! Un groupe qui existait bel et bien, et dont Bogers parlait en ces termes : "Notre groupe de sympathisants libyen est extrêmement inquiet à ce sujet et nous tenons à contribuer à bloquer les actions de vos adversaires internationaux et de soutenir une relation normale de travail avec le gouvernement des Etats-Unis", dit la lettre. C'est pourquoi il est absolument nécessaire de parler officiellement et avec une voix forte avec le gouvernement américain." M. Borgers a terminé la lettre avec les mots "vos obéissants serviteurs", et la signature de son propre nom, en y ajoutant celles des quatre Américains" précise le journal, ajoutant que "la lettre est particulièrement gênante pour Livingstone
Dirk Bogers, lui aussi auto-bombardé "expert indépendant", qui a effectivement effectué un "voyage" en compagnie d'autres, en Libye du 31 mars au 6 avril à Tripoli, et à Benghazi du 19 au 25 avril, au sein une "délégation internationale d’experts" assez remarquée. En compagnie de français, notamment, dans lesquels on trouvait le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) et son directeur Eric Denécé ainsi qu' André Le Meignen, encore un autre "expert indépendant" lui aussi, mais aussi l'ancien préfet honoraire Yves Bonnet, ancien député, ancien directeur de la Surveillance du territoire (DST) et le président-fondateur du "Centre international de recherches et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT)", ou encore des membres du "Forum pour la paix en Méditerranée" d'Anne-Marie Lizin, et comprenant aussi Roumiana Ougartchinska , "journaliste d’investigation". Le rapport qu'avait rendu Sayda Ben Habylès (venue d'Algérie, qui a accueilli la famile de Kadhafi), était plutôt particulier, précise un commentateur, car elle constatait :
- que le conflit en Libye était un complot orchestré par les pays occidentaux et le Qatar ;
- que Bernard-Henri Lévy était le véritable chef des insurgés ;
- que les forces de l’OTAN, aidées par l’armée israélienne, tiraient sur les civils ;
- que le Conseil National Transitoire était composé d’étrangers ;
- que le pays était infesté d’agents secrets (Mossad, DGSE…) chargés de faire de la propagande…
Or, au moment même où la "délégation" rédigait son rapport plutôt orienté vers une conservation du pouvoir du dictateur, l'un de ses membres négociait financièrement en coulisses avec ce même dictateur ! Cruelle surprise ! Beaucoup étaient tombés dans le panneau de ces fameux experts : même des rédacteurs d'ici, à vrai dire (sans compter les fans du Guide de la mouvance Meyssan, bien sûr !). La délégation ayant néanmoins remarqué (mais il était inutile de faire le voyage pour ça) : que Moustapha Abdejalil al-Bayda, était bien celui qui a confirmé à deux reprises à la peine de mort des infirmières bulgares accusées d’avoir inoculé le virus du sida à des enfantslibyens (il était alors le président de la cour d’appel de Tripoli). Bizarrement encore, le premier a évoquer la candidature de Livingstone pour devenir gouverneur du Montana était le "Daily Caveat" de Michael Thomas, qui faisait référence à un article d'... IntelligenceOnLine, site français...
Les trois autres larrons cités dans le courrier à Kadhafi étant Marty Martin, un ancien officier de la CIA ayant dirigé la cellule Qaïda de 2002 à 2004, Neil S. Alpert, qui a travaillé pour le Comité national républicain et surtout pour le groupe de lobbying pro-israélien de l'American Israel Public Affairs Committee (le "célèbre" AIPAC et son lobbying bien connu), et Randell K. Wood, de Kansas City, l'avocat (ici à droite) qui a représenté la Libye depuis les années 1980, ajoute le journal.
1. Le genre de gars qui roule les contribuables pour son propre enrichissement : en 2007, après avoir quitté la CIA, Martin s'est joint à la société International Oil Trading, une société de Floride qui a livré de carburant pour les forces américaines au Moyen-Orient. En 2008, des enquêteurs du Congrès qu'il accusait d'arnaquer le Pentagone à hauteur de centaines de millions de dollars. Cette année, un audit du Pentagone a révélé que la compagnie surfacturé le gouvernement pou 204 000 000 de dollars sur une série de contrats massifs de carburant pour la guerre en Irak.
2. Le genre de gars qui graisse les fonctionnaires des affaires étrangères : dans un procès contre le propriétaire de Floride Oil International, Harry Sargeant, Martin a versé un pot de vin de 9 millions de dollars à la tête du service de renseignement jordaniens en 2007 pour garantir les droits exclusifs de son entreprise à expédier du combustible à travers la Jordanie aux bases américaines en Irak (....).
3. Le genre de gars qui aide à lever des contributions politiques illégales : en 2008, le Washington Post a rapporté que Sargeant, un milliardaire, a collecté des fonds pour la campagne présidentielle de John McCain, avec l'aide d'un anonyme « ancien chef de l'unité Ben Laden » qui travaillait pour lui. Les hommes auraient contourné les lois du financement des campagnes en canalisant l'argent grâce à des donateurs de paille arabo-américains (...)
4. Le genre de gars qui devient totalement hilare quand les gens meurent dans une guerre : dans une déposition au tribunal la semaine dernière, les avocats d'Al-Saleh ont cité un e-mail où Martin écrit à Sargeant en 2008 dans laquelle il semblait se féliciter de l'escalade de la violence en Irak.
A ce rythme d'enrichissement personnel là, on comprend le peu d'empressement qu'à pu avoir Martin pour traquer Ben Laden : l'attrapper aurait ruiné son fond de commerce ! Et ce n'est pas fini : l'un des derniers mousquetaires du vice et de l'appât de l'argent, Niels Alpert, a lui aussi été mouillé dans un scandale financier il y a un à peine alors qu'il était l'assistant de Michael Steele, qui dirigeait le parti républicain (jusqu'en février dernier). En 2007 déjà, le district de Columbia l'avait obligé à rembourser près de 70 000 dollars de dépenses non autorisées et de l'argent non comptabilisé provenant de plusieurs équipes de groupes de baseball locaux qu'il avait présidé. Il avait également été condamné à une amende de 4000 dollars. Des détournements de fonds évidents : l'appât du gain, encore et encore.
Livingstone, à lui seul, est l'exemple même de l'organisateur de conflits, le roi de la magouille, et ce depuis longtemps, comme l'avait remarqué intelligemment Wayne Madsen qui remonte son premier contact avec lui à 1985 : "à cette réunion de cravates noire au Palm Restaurant, le 4 Décembre1985, j'avais été invité expressément par Neil Livingston à venir répondre à Oliver North, et en fait c'était une réunion était pour promouvoir le livre de Neil Livingston (sic) intitulé "Fighting Back", et le sous-titre était« gagner la guerre contre le terrorisme " ("Winning The War AgainstTerrorism").
(*) l'entendre ici parler de la mort de Ben Laden est un vrai régal de légéreté de la connaissance sur le terrorisme. Les talibans qui "n'ont pas la même structure mentale que nous " ça vaut le détour...
(**) "Quelque 29 tonnes d'or auraient disparu pendant la guerre, sur les 143,8 tonnes de réserve du pays. 143,8 tonnes : les réserves officielles d'or de la Libye, qui faisaient du pays le 24ème détenteur d'or au monde, étaient restées inchangées depuis des années. Elles ont fondu à 114,8 tonnes durant la guerre, relèguant le pays au 32ème rang mondial, juste derrière la Grèce. La banque centrale de Libye a en effet déclaré jeudi que 29 tonnes d'or avaient été vendues à des marchands locaux, en avril et mai dernier, et en dinars libyens. Une opération destinée à "payer les salaires" selon les termes de Gassem Assoz, nouveau gouverneur de laBanque centrale. De qui ? Mystère." Les échos d'un convoi de grosses cylindrées, chargées d'or et de devises, qui aurait franchi la frontière entre la Libye et le Niger lundi dernier, faisait craindre une disparition partielle des réserves du pays. Selon Gassem Azzoz, si Kadhafi a sorti de l'or du pays, il n'a pas été pris dans les coffres de la banque centrale. La rumeur qui court parmi les traders d'or veut que le clan Kadhafi ait de son côté multiplié les achats d'or dès 2010, convertissant des devises à l'instar "d'autres dictateurs qui sentaient le vent tourner", selon une source du World Gold Council. Contrairement aux avoirs déposés dans des banques, le lingot présente l'infime avantage de résister au gel."
sur les propriétés de Kadhafi :
http://funandmania-amazing.blogspot.com/2011/08/libyan-rebels-inside-muammar-gaddafi.html
le rapport du CIRET :