Le Brexit à 51,9 %

par Pierre
vendredi 24 juin 2016

Le Royaume-Uni à voté ce jeudi pour la sortie de l'Union européenne. C'était prévisible pour ceux qui connaissent l'histoire de ce pays mais cela pose pas mal de questions.

C'était prévisible parce que le l'Angleterre est le pays qui a inventé la démocratie parlementaire et pour elle, le grand-machin de Bruxelles parrainé par une commission qui n'a de comptes à rendre à personne ne peut supplanter un parlement démocratiquement élu. Je ne peux que souscrire à cet avis.

L'Angleterre est aussi le pays qui a inventé le libéralisme qui a accompagné la première révolution industrielle. Cela a fait de l'Angleterre [1] la première puissance économique du monde durant tout le XIXe siècle et c'est sûr que l'Angleterre vit encore dans le rêve de sa gloire passée.

Pour autant que cette décision soit effective, une deuxième référendum n'est pas à exclure, je pense qu'il ne faut pas s'inquiéter pour l'Angleterre. L'Angleterre a suffisamment d'atouts pour réussir seule et elle a prouvé pendant toute son histoire qu'elle est capable de faire front contre ceux qui veulent lui nuire.

Dans le cas présent, les menaces sont venues de la Commission européenne et assez singulièrement de la France. D'un autre côté, l'Angleterre a aussi de nombreux alliés en Europe qui ne sont pas prêts a suivre une politique anti-britannique. Je pense aux Pays scandinaves, aux Pays-Bas, à la Pologne et il y a sans doute d'autres pays.

Je pense que ce Brexit serait davantage un danger pour l'Union européenne, surtout si cette sortie de l'Union était une réussite.

Survivra-t-elle à cet événement ? Sans doute mais pas dans sa forme actuelle.

 

Parmi les questions qu'on peut se poser, il y en a une qui me semble importante et qui n'a pas encore été évoquée à ma connaissance : quid de la langue anglaise en Europe ?

 

Cela semble une question insignifiante mais cela peut bouleverser pas mal choses.

 

  1. Si l'Angleterre sort de l'Union européenne, l'anglais deviendrait une langue extra-européenne. En effet, la première langue officielle de l'Irlande est le gaélique [2] et l'anglais y a le statut de deuxième langue. Il n'y a pas d'autre pays anglophone en Union européenne.

  2. L'anglais est actuellement la langue la plus utilisée par les institutions européennes.

    Un exemple concret : l'anglais sert de langue relai lors des débats au Parlement européen quand il faut traduire des discours entre des langues minoritaires. Un discours en gaélique est traduit en anglais et ensuite en letton. C'est le seul moyen pour ne pas utiliser au moins un millier d'interprètes pour traduire directement toutes les langues. On imagine qu'il n'est pas possible d'immobiliser un interprète (si on en trouve un) gaélique/letton pour juste traduire quelques discours par an.

    Est-il concevable qu'une langue qui n'est la langue d'aucun pays de l'Union ait ce statut ?

  3. L'anglais risque d'être remplacé par l'allemand comme première langue utilisée. L'allemand est déjà la première langue étrangère parlée dans les Balkans et dans pas mal de pays d'Europe centrale parce que de nombreux touristes allemands fréquentent ces pays, parce que la percée économique allemande y est flagrante et parce que de nombreux travailleurs de ces pays ont travaillé en Allemagne. L'anglais y est bien sûr la première langue enseignée.

 

Le résultat serait que l'Allemagne renforcerait encore son influence en Europe et ce n'est pas la France qui a les moyens d'y faire obstacle.

 

Il y a aussi d'autres questions importantes qui vont se poser.

 

  1. Quid de l’Écosse qui a massivement voté contre le Brexit ? Peut-il y avoir un deuxième référendum pour l'indépendance ? Il serait assez paradoxal que cette fois-ci l'Union européenne soutienne cette indépendance.

  2. En cas de signature du TTIP, l'Angleterre ne perdrait aucune de ses positions commerciales en Europe.

  3. Y aura-t-il d'autre pays qui vont suivre l'Angleterre et aussi quitter l'Union européenne ?

  4. Est-ce que David Cameron gardera son poste de Premier ministre. Il est convoité par Boris Johnson, l'ancien maire de Londres qui a milité pour le Brexit même s'il dit pour le moment que David Cameron doit rester.

    David Cameron vient cependant d'annoncer son départ pour respecter la tradition démocratique qui découle de l'échec de type de consultation.

 

Il faudra quelque mois pour analyser les conséquences d'un Brexit mais il semble bien que ce sera le séisme annoncé.

En tout cas, l'Union européenne en sortira affaiblie et ce sera peut-être une opportunité pour la réformer, pour autant que ce soit possible.

 

[1] A partir d'ici, je ne parlerai que de l'Angleterre parce qu'il y aura peut-être un deuxième référendum sur l'indépendance en Écosse.

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Irlandais


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