Le Canard enchaîné est-il halal ?

par gruni
samedi 17 janvier 2015

Mercredi 7 janvier, malgré un tirage de 635 000 exemplaires du Canard, il aura fallu pour satisfaire la demande une autre distribution le lendemain. Cabu travaillait pour Charlie Hebdo et également pour le Canard, mais la réédition d'un numéro de l'hebdomadaire satirique est tout de même exceptionnelle et à la mesure du choc provoqué par les attentats. En première page, un petit encadré attirait l'attention du lecteur, "La Kalach ou la hache ?". Le Canard serait donc menacé, ce qui n'est pas nouveau, mais après les massacres la menace et prise très au sérieux.

Extrait de l'article du Canard enchaîné

"En d'autres temps, ce genre de mail de menaces, reçu le 8 janvier, par la rédaction, aurait fini direct à la poubelle, comme tant d'autres. Là on s'y arrête un instant. "C'est votre tour", annonce ce message, qui précise que nous allons être découpés, non à la kalachnikov, mais "à la hache"... vu le contexte, le procureur de la République a quand même pris l'affaire au sérieux, renforcé la surveillance du journal et ouvert une enquête".

Comme souvent le Canard termine son article par une petite remarque humoristique, "On en est là, à l'heure hache", mais pas sûr que l'ambiance rue St-Honoré soit à la franche rigolade, surtout que la viande de canard est halal. Ce qui ne doit pas arranger les affaires des journalistes du volatile, qui n'ont pas l'intention de se laisser plumer, pour augmenter le tirage de l'hebdomadaire.

Jean-Marie Horeau, directeur de la rédaction du Canard, déclare sur France Info n'avoir pas beaucoup l'occasion en ce moment de "se fendre la gueule" mais que...

"Les menaces il faut les prendre avec la bonne distance. Entre la paranoïa et la désinvolture il faut trouver la bonne distance..."

Faut-il craindre que lors d'un autre jour d'unité nationale, des millions de citoyens défilent avec une petite pancarte sur laquelle serait écrit "Je suis le Canard enchaîné". 

Le Canard avait-il trouvé la bonne distance après l'incendie des locaux de Charlie Hebdo 

« Il ne faudrait pas que le cocktail Molotov du 2 novembre carbonise aussi, au passage, tout sens critique et réduise à néant le droit de pour les musulmans, par exemple, de critiquer le blasphème. Le légitime combat de Charlie contre la charia et l’intégrisme islamiste doit-il étouffer la voix des musulmans tranquilles et pacifiques qui disent que les images du Prophète les blessent et que l’assimilation entre le Coran et le manuel du parfait terroriste est abusive ? »
« Le blasphème, la représentation grotesque ou humiliante du Prophète ne peut être interdite sous prétexte de loi divine. Mais elle touche indistinctement les uns et les autres. Est-ce bien nécessaire ? Au risque de pousser quelques musulmans choqués dans les bras des ultras ? Drôle de victoire. »

(Jean-Marie Horeau, d'après le site Charlie enchaîné)

A méditer, comme il n'est pas inutile de réfléchir un instant sur la phrase ci-dessous qui pourrait créer un consensus entre les trois religions monothéistes réunies autour d'une même table. Pour un même repas... sans sanglier bien sûr.

« La nourriture de ceux qui ont reçu les Écritures est licite pour vous, et la vôtre l’est également pour eux. »

— Le Coran« La Table », V, 7, (ar) المائدة.


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