Le capitalisme est la marque de l’homme préhistorique

par ddacoudre
mardi 22 octobre 2013

Le 12 octobre à la suite de mon article « L’imbécilité est-elle une partie intégrante de l’intelligence humaine » mpag m'écrivait le commentaire suivant que je copie intégralement.

par mpag (---.---.187.29) 12 octobre 12:21

Il ne s’agit pas d’imbécillité mais de la conséquence de notre évolution psychologique

En clair nous ne sommes plus fait pour vivre dans notre monde

Notre cerveau est façonné par son interaction avec notre environnement mais son évolution est très lente pour acquérir des caractères biologiques et évolutive et par conséquent s’avèrent incompatible avec les bouleversement rapides de nos modes de vies

 

En clair notre cerveau actuel est profilé pour résoudre les problème de l’époque préhistorique

gout du risque, aversion pour la perte et inversement, prédisposition à la violence sont les conséquences de notre évolution

la bourse, le capitalisme, et la violence gratuite sont leurs réponses.

 

Mon interlocuteur en l'espèce a vu juste et il n'est pas le seul.

Un homme Théodore Monod, scientifique, explorateur naturaliste et humaniste érudit en a écrit : l'homme avance vers l'hominisation avec une lenteur désespérante, et il disait de notre planète : « La terre est un jardin bordé de nuit. Tels des aveugles nous avançons, mais sûrs de nous, fiers, cruels, consommateurs, assoiffés de profit. Moderne ? Que restera-t-il à nos enfants de cette oasis si humaine ? Seront-ils seulement là pour contempler nos méfaits ? »

Un contemporain tout aussi célèbre Hedgard Morin écrit dans son livre qui date de 1973 « le paradigme perdu : La nature humaine : « Le terminus de l'hominisation est en même temps un commencement. L'homme qui s'accomplit en homo sapiens est une espèce juvénile : son cerveau est débile sans l'appareil culturel : ses aptitudes ont besoin d'être nourri au biberon. Ce sur quoi s'achève l'hominisation. C'est sur l'inachèvement définitif, radical et créateur de l'homme. »

 

Il n'y a donc pas de réponse juste à donner à l'interrogation de mpag, mais elle laisse envisager une évolution future dont nous n'avons que quelques ébauches.

Certaines ont fait l'objet d'un livre de Claude Allègre « La science et le défi du XXI siècle » du 09/2009. Il y aborde ce que l'on peut espérer ou craindre des techniques de manipulation de notre espèce par la génétique et autres procréations ou productions d'organes in vitro.

Ceci viendrait en contradiction avec la déclaration de François Roustang, philosophe et psychanalyste, théoricien et praticien de l'hypnose et Auteur, qui disait : « l'on a jamais vue le culturel envahir le génétique », car il est vrai que la génétique n'est pas le destin.

 

C'est ainsi que ce qui fait la gloire des puissants de notre époque et qui forge les convictions économiques de nos hommes politiques contemporains, la bourse, le capitalisme, la violence gratuite qui se renouvelle sans cesse, ne sont que des comportements d'un cerveau du primate de l'âge préhistorique donc chacun se glorifie d'y soumettre la planète sous le fallacieux prétexte de la mondialisation au point de la rendre détestable, pour développer dans tous les pays une organisation économique capitaliste qu'ils présentent comme le summum de l'intelligence, alors qu'elle n'est en fait que les restes de nos instincts grégaires distordus par un monde où la science va plus vite que la capacité d'absorption des populations, et que les hommes préhistoriques qui nous dirigent, en France comme ailleurs, n'utilisent que pour entretenir leurs archaïsmes.

 

En fait en s'accaparant et en contingentent la créativité du cerveau humain dans une pensée unique comptable pour leur seul bénéfice, ils constituent un frein au développement de leur espèce, car nous prenons pour intelligent des obscurantistes.

Nous sommes donc en plein obscurantisme économiques qui va développer chez les populations l'édification de tous les inquisiteurs possibles et imaginables avec leurs bourreaux et leurs buchers que nous ne reconnaissons même plus.

Comme hier les populations chantaient et dansaient devant les exécutions publiques de tous les mécréants qui osaient verser dans l'éréthisme, religieux à l'époque, économique de nos jours, nous nous chantons les louanges de la fascisation en marche qui ne sera pas au pas de l'oie.

Nous trouvons là, la constante primitive que mentionne mpag, elle n'est pas nouvelle, elle se renouvelle cycliquement à chaque évolution sociétale. Les taoïste disent « le vieil homme » qui nous suit partout en parlant de notre cerveau primitif, nous comprenons bien qu'il ne s'agit pas d'une découverte récente.


Pourtant il y a eu une révolution à partir de 1950.

Encore en 1950 les scientifiques s'opposaient sur l’idée que seulement leur spécialité spécifique était la plus capable d’expliquer le monde. Pourtant c'est la "trasdisciplinarité"qui a fini par prendre le pas en battant en brèche cet égocentrisme scientifique développant l'idée selon laquelle ne peut être prises en compte que les recherches pointues compétitives dans une spécialité donnée. Cette démarche de transdisciplinarité a été qualifiée de « vision sommaire du Tout » par Murray Gell-mann (prix Nobel 1969 pour la théorie des quarks) qui a contribué à la création d’un institut pluridisciplinaire, le Santa Fe Institut1, et Benoît Mandelbrot (polytechnicien qui décrivit la géométrie Fractale en 1975) exprime la même idée en se qualifiant de « pionnier par nécessité ».

Nous voyons là une démarche que les plus intelligents de ce monde ont faite, conscient de ne détenir aucune vérité et conscient que c'est la transdisciplinarité qui est et à été à l'origine de l'essor de l'évolution technologique, même si elle a été accaparé par des esprits primitifs pour faire de la monnaie.

Face à cela il faudrait que l'on croit que la pensé unique et la compétition, sur laquelle veillent tous les chiens de gardes populeux du journalisme et des médias, et la pierre philosophale d'un capitalisme salvateur. Il faut vraiment être un homme préhistorique pour croire cela.

 

Je livre ci-dessous deux commentaires d'hommes qui ont marqué leur temps et qui avec d'autres ont contribué au succès de la transdisciplinarité. Il est bien évident que leurs propos démontrent la fracture intellectuelle qui existe aujourd'hui entre le monde des Savoirs et celui qui est dispensé aux masses populaires.

« La diversité de la vie sur Terre représente une information distillée au cours de quatre milliards d’années d’évolution biologique, et sur la relation analogue qu’entretient la diversité culturelle humaine d’Homo sapiens sapiens. Je soutiens que la diversité biologique et la diversité culturelle méritent toutes deux de grands efforts afin d’être préservées »… « Mais il n’est pas réellement possible de considérer ces questions isolément. Le réseau de relation qui lie l’humanité à elle-même comme le reste de la biosphère est aujourd’hui si complexe que tous les aspects s’affectent les uns les autres à un point extraordinaire. C’est une étude du système tout entier qu’il faut réaliser, aussi sommaire doive-t-elle être, parce qu’aucune mise bout à bout d’études partielles d’un système adaptatif complexe non linéaire ne peut donner idée du comportement du tout. Certains efforts débutent pour mener une telle étude sommaire des problèmes mondiaux, intégrant tous les aspects pertinents, qu’ils soient aussi bien environnementaux, démographiques et économiques, que sociaux, politiques, militaire et idéologiques. La vocation de l’étude n’est pas de se réduire à une simple spéculation sur le futur, mais de tenter d’identifier, parmi les multiples sentiers possibles pour l’avenir de l'espèce humaine et le reste de la biosphère, quels sont ceux qui avec une probabilité raisonnable pourraient mener à une plus grande durabilité. Durabilité est ici entendu au sens large pour inclure non seulement l’évitement d’une catastrophe environnementale, mais d’une guerre désastreuse, d’un despotisme généralisé à long terme et d’autres fléaux de cet acabit tout au tant. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage un nombre d’allusions au Santa Fe Institue, que j’ai contribué à fonder… ». Murray Gel-Mann. Le quartz et le jaguar.

 

« Convaincu de devoir créer sa propre mythologie, Mandelbrot ajouta cette phrase à son entrée dans le Who’s Who : « La science irait à sa perte si (comme le sport) elle plaçait la compétition au-dessus de tout, et si elle clarifiait les règles de cette compétition en se confinant à l’intérieur de spécialités étroitement définies. Les rares savants qui ont choisi d’être nomades sont essentiels au bien être intellectuel des disciplines établies » ? Ce « nomade volontaire » qui se qualifiait de « pionnier par nécessité », quitta l’institution académique en quittant la France et en acceptant le refuge que lui offrait le Thomas J. Watson Research Center d’IBM. Gleick. La théorie sue le chaos. »

Erreurs dans l’identification de régularités : « Les systèmes adaptatifs complexes identifient des régularités dans des flux de données qu’ils reçoivent et compressent ces régularités en schéma. Dans la mesure où il est aisé de commettre deux types d’erreurs- prendre l’aléatoire pour du régulier et inversement- il est raisonnable de supposer que des systèmes adaptatifs complexes puissent tendre à évoluer vers une situation à peu près en équilibre où l’identification de certaines régularités s’accompagneraient des deux types d’erreurs.

A considérer les structures de la pensée humaine, nous pouvons identifier, grossièrement, la superstition avec un type d’erreur et la dénégation avec l’autre. Les superstitions se caractérisent par la perception de régularités là où il n’y en a de fait aucune, et la dénégation revient à rejeter la preuve de régularités manifestes, même quand elles sautent aux yeux. Un tant soi peu d’introspection et d’observation des autres êtres humains, et chacun de nous pourra déceler qu’il y a une corrélation de ces deux erreurs avec la peur.

Dans le premier cas, les gens sont effrayés par le caractère imprédictible et particulièrement non contrôlable de la plupart de ce que nous voyons autour de nous. Une part de cette imprédictibilité a pour origine ultime les indéterminations de la mécanique quantique ainsi que les limitations supplémentaires qu’impose le chaos aux prédictions. A quoi s’ajoute une quantité considérable d’agraindissement (avec l’imprédictibilité qui s’en suit) provenant de l’étroitesse du spectre couvert par nos sens et nos instruments et de leurs capacités limitées. Enfin nous sommes handicapés par les insuffisances de notre faculté de comprendre et les limites de notre capacité de calcul. Le résultat de tout cela, tant de choses sans rime ni raison, est notre effroi, et nous imposons au monde qui nous entoure, même à des faits aléatoires et à des phénomènes accidentels, un ordre artificiel fondé sur des relations de causes à effets erronées. Ainsi nous nous rassurons avec illusion de prédictibilité, de maîtrise même. Nous nous berçons de pouvoir manipuler le monde en faisant appel aux forces imaginaires que nous avons inventées.

Dans le cas de la dénégation, nous sommes bien capables de déceler de réelles structures mais elles nous effrayent tant, que nous nous voilons les yeux devant leur existence. La certitude de la mort est la régularité la plus menaçante de nos vies. Et le nombre de croyances, dont certaines plus ancrées, ont pour fonction d’apaiser cette inquiétude face à la mort. Un large partage de croyances spécifiques de ce genre au sein d’une culture amplifie d’autant leur impact sur l’individu. Mais ces croyances impliquent l’invention de régularités, de sorte qu’à la dénégation s’ajoute la superstition ». « Si ce type d’analyse se justifie, nous pouvons alors conclure à une tendance probable à l’erreur dans les deux directions pour les systèmes adaptatifs complexes intelligents ».

« En terme plus anthropomorphiques, nous pouvons nous attendre à ce que partout les systèmes adaptatifs complexes soient sujet à un mélange de dénégation et de superstition » Gell-Mann, le quartz et le jaguar. »

 

Il nous reste qu'à leur emboiter le pas à la suite de milliers d'autres qui sont au cœur de nos innovations dont personne ne connait les noms, car ils ne sont pas des stars du système anesthésiant.

Les plus intelligents ont appris tout cela pourquoi pas nous, qui nous l'interdit.

Nous ne trouvons pas dans ces écrits les vociférations d'un FN à l'adresse des ignorants, les lynchages médiatiques ou les buchers allumés par des fagots de mots qui rapportent de la monnaie, en enflamant le cerveau primitif.

Il n'y a pas d'insulte en cela seulement le constat que ceux qui nous expliquent vouloir notre bien nous maintiennent dans l'ignorance de ce qui grandit l'humain pour devenir un être civilisé et présentent leurs erreurs et leurs superstitions comme des vérités.

 

Pourtant, nous restons dans une version généraliste d’un « maximum minimal » du Tout, à cause d’un enseignement général tronqué. Certaines disciplines manquant du fait même de sa limite arbitraire, fixée dans sa durée par nos contraintes économiques, et nos pratiques culturelles.

Une situation dont nous devrons tous sortir, pour entrer dans le maximum possible dans l’intérêt socio-économique de l’espèce, en faisant de l'enseignement pour adulte une source de créativité rémunérée tout au long de l'existence.

Ce besoin existe et se manifeste par l'intermédiaire des portables que chacun consulte pour savoir ce qu'en dit wikipédia, comme hier l'on lisait l'encyclopédie. Aujourd'hui nous pouvons faire mieux puisque nous avons plus besoin de tous travailler, nous pouvons réorganiser notre existence pour devenir au fil des ans, en nourrissant notre cerveau de Savoirs, le commencement du successeur de l'homo sapiens qu'évoquent Monod et Morin.

Cela avant que les hommes au cerveau préhistorique n'utilisent la science comme l'explique Allégre pour façonner un humain à la mesure de leurs avidités, serviles, taisant, productif et mange tout.

Il l'appelleront l'homme parfait, car ajustable à leur comptabilisation.


Et comme rien n’est jamais simple je conclurai avec ce propos de Victor Hugo « l’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement, l’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir ».

Il nous reste donc à l’éclairer.

 


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