Le chaos européen et la démonisation de l’islam

par Thomas Roussot
mercredi 13 janvier 2016

Tableau de Kiefer Anselm

 

La démonisation de l’islam, propagée par de nombreux médias et politiques de la société française, incarne un marqueur politique, celui de potentiel préambule à la désintégration progressive des libertés individuelles et collectives dans ce pays, charriant en sous-main la volonté de lui imposer une réforme moderniste artificielle (quitte à inventer des imams de plateaux télévisés) sous la pression de violences perpétrées par des activistes directement financés par nos alliés économiques comme l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, ou encore les Émirats, processus de mise en scène terrorisante qui démontre à foison cette technique de gouvernance par le chaos ayant fait ses preuves certes précaires mais efficientes à court terme de l’autre côté de l’Atlantique, sous les mandats de Georges Bush notamment. Toujours trouver un diable à désigner pour diviser, régner, et éluder les sujets sociaux de fond que nos élites politiques s’avèrent bien incapables de solutionner.

Qui a instauré durablement le chaos en Irak ? De 1991 à 2003, ce pays a été mis sous tutelle au nom de la communauté internationale. Trois guerres du Golfe s’y sont déroulées menées par le camp occidental, sous couvert de lutte contre des armes de destruction massives parfaitement inventées, provoquant des millions de morts. Qui a instauré le chaos en Syrie ? Qui a instauré le chaos en Libye ? En Afghanistan ? 

 

Qui la France bombarde aux quatre coins du globe depuis plus d’une décennie ? 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_opérations_militaires_impliquant_la_France_depuis_2000

Avant de se déclarer victimes, autant observer nos théâtres d’intervention unilatéraux.

 

Chaos qui a provoqué ces flux de migrants non moins chaotiques provoquant encore peurs légitimes et replis identitaires logiquement instinctifs.

 Nos manuels scolaires associent désormais de façon systématique cette religion à la violence, passant sous silence son apport civilisationnel s’étendant sur des siècles, et abreuvant toujours nos sciences et notre histoire. L’hétérogénéité de cette tradition religieuse est passée sous le boisseau, vulgarisée sommairement, pour en faire un épouvantail facilement agitable par tous les assoiffés du pouvoir, qu’il soit local ou national, médiatique ou mondain. Progressivement, l’on tente d’instiller l’idée que l’islam est incompatible avec le système européen dit démocratique occidental (dont l’actualité montre pourtant toute l’étendue totalitaire sous-jacente). En découle l’idée de camps de rééducation idéologique.

 Dans quel but ? Instaurer un ordre de moins en moins démocratique légitimé par le désordre ainsi induit. Un Patriot Act à la française, dont les ferments sont déjà en place, devant répondre à cette désorganisation apparente : La Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) entretient depuis des années une coopération active avec la NSA et le GCHQ, pratiquant une surveillance accrue des données numériques via un mémorandum signé en 2011  pour l'échange de millions de métadonnées. Plus de 90 millions de métadonnées ont été remis à la NSA par des agences françaises de renseignement.

 

Oui, le chaos est bien installé sur le continent européen, et ce sont aussi des européens qui l’ont provoqué.

 

 

Références :

John Galbraith, La paix indésirable ? De l'utilité des guerres, Éditions Calmann-Lévy, 1968, »

Collectif. Gouverner par le chaos. Max Milo éditions. 


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