Le Choc Halimi ! La photo polémique
par Bob34
jeudi 21 mai 2009
Peut-on supporter cela ? Une photo en Une du magazine Choc montre Ilan Halimi ligoté, un pistolet sur la tempe. Cette photo paraît en plein procès du "gang des barbares", en Une du magazine Choc publié Vendredi. Cette parution suscite de nombreuses interrogations et débats : autour de la presse à sensation, de la liberté de la presse, de l’utilité de telles images pour les lecteurs, mais aussi de l’effet médiatique d’un retrait du magazine des kiosques demandé par le parquet… des questions soulevées en plein procès du « gang des barbares ».
Le parquet a demandé le retrait des kiosques. Action exceptionnelle : le parquet s’associe à la demande de la famille d’Ilan Halimi de retirer des kiosques le magazine Choc. La dernière action similaire a eu lieu en 1997 pour l’affiche du film "Larry Flint" de Milos Forman.
Cette photo figurerait dans le dossier d’instruction des membres du "gang des barbares" composé de Youssouf Fofana et de 26 autres jeunes qui sont soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement et la mort d’Ilan Halimi.
Paul Payan, rédacteur en chef du magazine a déclaré que c’est "la première photo envoyée à la famille avec demande de rançon", quelques jours après l’enlèvement du jeune homme.
Le garçon avait été enlevé le 20 janvier 2006, croyant avoir rendez-vous avec une jeune femme, qui servait en réalité d’appât. Il a été séquestré et torturé dans une cité de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine. Ilan Halimi était décédé pendant son transfert à l’hôpital après avoir été retrouvé le 13 février.
Pour l’avocat de la famille Halimi, Me Francis Szpiner : "La famille ressent cette photo comme quelque chose de particulièrement intolérable", "La liberté de la presse à une limite".
A l’inverse Me Claire Chaillou, qui défend la société éditrice de Choc, SCPE, a évoqué la diffusion de cette photo, sans qu’il y ait de poursuites, dans une émission de M6, en octobre 2006.
Est-ce un débat pour la liberté de la presse ou pour la dignité humaine ?
La représentante du ministère public Mme Caby a reconnu que la diffusion sur M6 avait échappé au parquet mais que cette "divulgation préalable ne donne pas un droit postérieur à la diffusion" et "ne fait pas disparaître le caractère attentatoire à la dignité humaine".
Le débat glisse vers l’utilité de la publication d’une telle photo.
Me Claire Chaillou met en avant que "la publication de cette photo a une utilité" car le lectorat du magazine Choc, constitué principalement par des jeunes de 18-25 ans seront ainsi "informés et (...) touchés essentiellement par l’image". Cette photo permettrait de sensibiliser les jeunes gens. Elle évoque par ailleurs que le retrait des kiosques est une "mesure d’une exceptionnelle gravité" et peut amplifier le bruit médiatique, effet inverse de celui recherché par le Parquet.
Les questions que soulève le retrait du magazine des kiosques sont nombreuses et complexes et méritent quoi qu’il en soit le débat.