Le christianisme en tant qu’éveil à la spiritualité

par Emile Mourey
jeudi 29 décembre 2011

Le christianisme est semblable à un arc de triomphe que les hommes auraient élevé après avoir dressé une structure en bois pour le soutenir. En effet, me direz-vous, comment une voûte pourrait-elle être assemblée si on ne l'appuie pas sur un support ? Or, la caractéristique de cet arc de triomphe est qu'il n'est pas fait de pierres mais d'immatérialité. Les incroyants disent : nous ne voyons là que poutres tordues, pourries et mangées par les vers. Les autres voient bien l'ensemble mais s'interrogent sur le comment s'est faite cette construction.

Puisqu'il faut commencer par le début, vint dans le désert Jean le Baptiseur, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des pêchés (évangile de Marc, I, 4). Invention ? Absolument pas ! Information confirmée par l'historien juif Flavius Josèphe :... Jean surnommé Baptiste, homme de bien qui exhortait les Juifs à pratiquer la vertu, à exercer la justice et à recevoir le baptême après s'être rendu agréable à Dieu, en ne se contentant pas de ne point commettre quelques péchés mais en joignant la pureté du corps à celle de l'âme.

Qui était donc ce Jean ? Luc le dit fils d'Elisabeth et du prêtre Zacharie. Il a repris textuellement ce que Jacques a écrit dans son protévangile en l'an - 4, à la mort d'Hérode le Grand. C'est là qu'il aurait fallu comprendre que le texte de Jacques devait être lu à deux niveaux, l'un littéral et poétique, l'autre, caché mais historiquement véritable. Dans son sens caché, Zacharie désigne les prêtres qu'Hérode a fait assassiner, dans le temple (?), tout juste avant sa mort... Hérode ou son entourage. Elisabeth pourrait être la population pieuse de Judée qui fréquentait le temple. Dans ces conditions, Jean ne peut désigner que les quarante jeunes gens condamnés au bûcher en plus de ceux qui furent livrés au bourreau (ces jeunes gens avaient eu l'audace d'enlever l'aigle d'or qu'Hérode avait fait installer au fronton du temple). Il s'agit là d'une très très grosse affaire que Flavius Josèphe n'a pas manqué de relater http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/herode-et-le-pseudo-massacre-des-24909.

Or, dans son protévangile, Jacques dit qu'Elisabeth s'est réfugiée dans le désert (de Judée) avec Jean, ce qui pourrait signifier que les veuves auraient été recueillies avec leur progéniture dans des communautés esséniennes dont on sait qu'elles étaient installées dans cette région de la mer Morte.

Plusieurs années se passent jusqu'à l'an 28 qui voit Jean se manifester - normal, les fils des Jean ont grandi et sont devenus Jean. Dans son évangile, Marc dit qu'Hérode Antipas le craignait mais qu'il le protégeait, le sachant homme juste et saint. Après l’avoir entendu, il ne savait que penser. Cependant, il l’écoutait avec plaisir (Mc 6, 20).

Quelle était cette idée de Jean-Baptiste qui intriguait Hérode Antipas ? 

Cette idée, je l'ai longuement développée dans mes articles http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/histoire-du-christ-acte-i-jean-dit-59067 Elle paraîtra peut-être risquée au lecteur qui lit ces lignes mais pour Jean, c'était une idée très certainement raisonnée. On pourrait la résumer ainsi, du point de départ au point d'arrivée.

Partant de l'idée des Anciens que Yahvé était présent et qu'il agissait même dans le peuple d'Israël, les fils n'étaient-ils pas en droit d'espérer, s'ils se conduisaient bien, que descende parmi eux, au minimum son esprit, au mieux son fils ? Dans tous les cas, ils ne pouvaient qu'y gagner un nouvel Israël.

L'évangile de Jean que j'attribue à Jean-Baptiste et à sa communauté essénienne du désert de judée est un immense effort communautaire pour faire descendre le logos dans leur chair, et c'est bien ce que dit le prologue de cet évangile, que le Logos est descendu dans la chair du monde.

Le seul contre-temps est que le pouvoir romain a préféré décimer la communauté par le glaive plutôt que de la crucifier, et cela pour faire mentir la prophétie de la fin de l'évangile de Jean. C'est la fameuse scène où l'on amène à Hérodiade la tête de Jean-Baptiste.

C'est la communauté de l'évangile de Marc qui relèvera le gant et qui accomplira le sacrifice comme prévu mais sans que Dieu intervienne pour sauver son Fils de la croix.

Luc fera une synthèse et Mathieu concluera par un crucifiement qu'atteste l'historien Flavius Josèphe en l'an 48. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/histoire-du-christ-acte-ii-de-marc-63314

Enfin, pour ceux qui n'auraient pas encore compris, qu'ils lisent l'épître aux Hébreux qui accompagne ce dernier évangile. http://www.bibracte.com/ma_lecture_de_la_bible/l_epitre_aux_hebreux_est_un_texte_essenien.html

Discussion. http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/histoire-du-christ-acte-iii-paul-64368

Oui, je sais. On va encore m'opposer toute la science officielle, les multiples études, les montagnes de livres et la foule des experts. Je n'ai pourtant rien inventé. J'ai seulement lu ce qu'avait écrit M. Trestmontant dans son Christ hébreu, notamment où il démontre l'authenticité des textes qui nous sont parvenus. J'ai continué dans son sillage mais en allant un peu plus loin... du point de départ qu'est le prophétie d'Isaïe jusqu'au point d'arrivée de Jésus toujours présent et vivant dans l'Eglise.

Car enfin, soyons clair ! Quelle était la situation au tournant de notre ère ? Au pied de Bibracte que je situe à Mont-Saint-Vincent, une fresque judaïque nous prophétise la naissance d'un sauveur, nouveau David, entre le boeuf et l'âne, un messie guerrier qui descend du ciel entre l'ange Gabriel et Marie http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nous-esau-edom-eduens-de-bourgogne-106261. Cette fresque aurait dû s'inspirer du Protévangile de Jacques si elle avait été réalisée après sa diffusion dans la diaspora. Comme elle ne l'est pas et qu'elle annonce un Cléopas alors que Jacques annonce un Jésus, cela signifie qu'elle est antérieure. Cela signifie qu'en annonçant ensuite son Jésus, les Esséniens de Jacques ont voulu, en Palestine, reprendre la main sur ceux de la diaspora. Cela signifie enfin que les membres du conseil essénien, bien qu'hésitant à juste raison (Pierre) se sont trouvés poussés, et même débordés, par le mouvement populaire et notamment par la communauté des Jean. Cela signifie qu'ils ont été contraint de canaliser le mouvement et même d'en prendre la tête... jusqu'à mourir sur la croix, accomplissant ainsi la prophétie de Jean-Baptiste.

Conclusion suite à mon interprétation.

Il y a ceux qui vont, ou qui ont déjà retiré, la structure en bois que j'ai imaginée dans mon préambule. Qu'on se rassure ! Notre arc de triomphe spirituel n'a aucune raison de s'écrouler. Il y a tellement d'artistes, de peintres, de sculpteurs, de bâtisseurs, de poètes, de penseurs et d'écrivains qui l'ont cimenté de spiritualité qu'il peut encore, pour ainsi dire, nourrir encore longtemps l'esprit du monde (je pense, par exemple, au Messie de Haendel qu'on ne chante pas seulement dans notre vieux continent).

Mais il y a ceux qui, en plus, aiment l'Histoire et qui peuvent, à juste raison, se passionner pour ce tournant qui a changé son cours.

Enfin, faudrait-il pour une simple question d'interprétation de texte, cesser d'honorer le souvenir de tous ceux qui ont perdu prématurément la vie dans cette aventure tragique, depuis les huit cents esséniens crucifiés de Bethsaïde - leurs femmes à leurs pieds - jusqu'aux innombrables martyrs de la guerre de Jérusalem et jusqu'à ceux qui ont suivi parce qu'ils n'ont pas voulu renier leur foi ?

J'ai écrit les deux tomes de mon Histoire du Christ de 1984 à 1988 sous le pseudonyme de Jean. Ils ont été publiés en 1996 puis sont tombés dans l'oubli. La Bibliothèque nationale les a classés dans la rubrique des ouvrages ésotériques !!! Mon Dieu, mon Dieu, que c'est dur que d'essayer de faire boire des ânes qui ne le veulent pas !

Contact : http://www.bibracte.com


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