Le combat des bolcheviks

par Jean Dugenêt
samedi 23 juillet 2022

Il nous faut reprendre et continuer le combat engagé par Marx et Engels et dont les bolcheviks ont été les glorieux continuateurs. Lénine, de retour de son exil en Suisse, à peine arrivé en Russie, clame haut et fort que c'est la révolution socialiste mondiale qui est en marche et non pas seulement la révolution russe.

Lénine arrive le 3 avril 1917, à la gare de Pétrograd. Il est acclamé par la foule et fait un bref discours

Aujourd’hui, les noms de Lénine et Trotsky font encore trembler les bourgeois qui n’ont de cesse de les salir. Ceux qui, pour le compte des milliardaires, exercent le lucratif métier de calomnier toutes les révolutions s’en donnent à cœur joie à l’instar de Stéphane Courtois. Les bolcheviks seraient pour eux des dictateurs. Ils assimilent les bolcheviks avec la dictature mise en place par Staline. Mais cela n’a rien à voir. Pour établir sa dictature, Staline a exterminé les bolcheviks. Des huit membres du premier bureau politique du parti bolchevik seuls Lénine et Staline sont morts de « mort naturelle ». Tous les autres ont été exécutés par Staline (Kamenev, Krestinski, Zinoviev, Boubnov) ou assassiné, comme Trotsky, ou encore mort en prison, comme Sokolnikov. Des vingt-six membres du comité central de 1917, on ne dénombre que trois survivants après les purges staliniennes (Alexandra Kollontai, Matveï Konstantinovitch Mouranov et Elena Stassova). Voir la photo .

Parmi les membres des premiers gouvernements bolchéviks (photo suivante au début de 1918), seules les deux femmes ont survécu à la terreur stalinienne. Sur la photo Alexandra Kollonkaï est à gauche de Lénine et Elena Stassova est à sa gauche.

Je précise que le premier gouvernement (Sovnarkom) a été formé en novembre 1917 et comprenait 17 commissaires (ministres), chacun avec un portefeuille ou un domaine de responsabilité différent. Les commissaires, tous bolcheviks, ont été choisis par le comité central du parti et approuvés par le deuxième congrès des soviets. Sept membres de la faction SR de gauche ont ensuite été admis au gouvernement comme ministres. Ils ne sont restés que quelques mois avant de démissionner en signe de protestation après la Traité de Brest-Litovsk.

Seule une poignée des bolchéviks de la révolution de 1917 a survécu aux purges de Staline. Je ne dénombre que neuf survivants. Pour être précis voici leurs noms :

Que ceux qui en connaissent d’autres n’hésitent pas à me le faire savoir ! Précisons d’ailleurs que, parmi ceux qui ont échappé aux grandes purges staliniennes, il n’est pas certain que tous auraient survécus à Staline. Celui-ci a en effet poursuivi ses répressions politiques jusqu’à sa mort le 5 mars 1953. L’affaire du « complot des blouses blanches » battait son plein au moment de son décès. Ils ne sont que six à avoir survécu à Staline.

Sur le même thème, Pierre Broué a écrit  : « Sur les millions de détenus libérés des camps de concentration après la mort de Staline, (...) les trotskystes survivants peuvent se compter sur les doigts d'une seule main ? ». Notons que les trotskystes dont parle Broué n’étaient pas nécessairement tous des anciens de la révolution d’octobre.

Parmi les 9 bolcheviks de la révolution d’octobre 1917 survivants aux massacres de Staline quelques-uns sont devenus des hitléro-staliniens à l’instar de Molotov dont le nom reste associé au fameux pacte Hitler-Staline qu’il a négocié avec Ribbentrop. Les spécialistes auront sans doute compris qu’il me plait de les qualifier d’hitléro-staliniens car les purges de Staline ont été justifiées en France par le PCF qui expliquait qu’il s’agissait d’éliminer des « traitres hitléro-trotskystes ». Or, avec le recul du temps, il est évident qu’il n’y a jamais eu d’hitléro-trotskystes mais il y a bel et bien eu des hitléro-staliniens à commencer par Staline et Molotov.

Les bolcheviks massacrés par Staline n’avaient rien de commun avec "la dictature". Ils étaient épris de liberté et ils voulaient la paix. A peine au pouvoir, ils ont signé un compromis avec les allemands (traité de Brest-Litovsk) qui a permis aux russes, au prix de lourdes concessions, d’être les premiers à sortir de l’infâme guerre de 1914-18. Ils se sont battus pour abattre la dictature du tsar et pas pour en créer une autre. Ils ont combattu toutes les puissances capitalistes d’Europe qui avaient envoyé leurs ouvriers s’entretuer en 1914. Les grandes puissances capitalistes n’ont pas pu mobiliser suffisamment de forces pour liquider cette révolution. Ils ont été limités par la résistance des prolétariats de toute l’Europe qui ouvraient de multiples mouvements révolutionnaires. Les bolchéviks ont gagné la « guerre civile » qui était en fait une guerre contre toutes les puissances capitalistes en s’appuyant sur la résistance des travailleurs de toute l’Europe. En ce sens la révolution d’Octobre fut une victoire du prolétariat de toute l’Europe. Cette révolution était la hantise des capitalistes. Les exploiteurs d’Europe étaient les premiers à vouloir exterminer les bolcheviks mais, finalement, ce ne sont pas eux qui l’ont fait. C’est Staline qui s’en est chargé plus tard pour mettre en place sa dictature. Il a mené une contre-révolution préventive contre ceux qui n’auraient jamais accepté sa dictature.

La haine à l’égard des bolcheviks et de la révolution d’octobre est la pure expression de la conscience de classe des capitalistes. De tout temps, depuis les révoltes des esclaves spartakistes jusqu’à nos jours, les exploiteurs n’ont cessé d’exprimer leur haine, égale à leur hantise, contre les exploités qui se révoltent. C’est pourquoi ils calomnient toutes les révolutions et tous les révolutionnaires. Leurs discours sont toujours les mêmes : « laissez-nous jouir de votre plus-value ! Transpirez pour nous ! On veut vous faire crever au boulot (Tiens ! Si on faisait une réforme des retraites...). Soyez soumis et dociles. Si vous vous révoltez, il y aura plein de morts. Ce sera atroce et ce sera de votre faute. C’est vous qui aurez commencé. Vous l’aurez bien cherché... »

Il faut bien qu’ils placent les bolcheviks et la révolution russe dans leurs immondes calomnies habituelles. Classiquement les réactionnaires dressent un tableau mensonger de la guerre civile. L’armée rouge aurait agressé de gentilles armées blanches (comme des colombes), pacifiques et chrétiennes pour leur faire subir les pires atrocités. La réalité est bien différente. Au cours de cette guerre civile, les armées blanches ont laissé libre court à leur haine des révolutions et des révolutionnaires. Kornilov avait dit dès décembre 1917  : "même si nous devons brûler la moitié de la Russie et tuer les trois quarts de sa population pour la sauver, nous le ferons".

De fait, les armées blanches ont semé la terreur :

"Les « Blancs », tout comme les unités nationalistes ukrainiennes de Semion Petlioura, réquisitionnèrent aussi sans ménagement, recrutèrent de force, commirent de nombreux massacres de civils. Leurs plus terribles exactions furent dirigées contre la population juive d'Ukraine et de Biélorussie, victime des plus grands massacres (100 000 à 200 000 morts) perpétrés contre cette communauté avant l'Holocauste."

Cf. "La société et la guerre dans les espaces russe et soviétique, 1914-1946 - Nicolas Werth" p. 199

Jean-Jacques Marie, dans : "la Guerre des Russes blancs. L’échec d’une restauration inavouée (1917-1920), Paris, Tallandier, 2017", nous livre quelques citations :

"Ainsi que l’écrit le jeune Sidorine, « Tous les bolcheviks que nous prenions les armes à la main étaient fusillés sur place : un par un, par dizaines, par centaines. C’était une guerre d’extermination. » (p. 95)".

Dans un autre livre de Jean-Jacques Marie intitulé  : "L'antisémitisme en Russie, de Catherine II à Poutine", on trouve cette description des exactions des cosaques blancs lesquels amalgamaient dans une égale haine les juifs et les communistes :

"Dans la chasse aux juifs, les cosaques blancs se signalent par leur extrême cruauté. Certains cosaques organisent "la soupe communiste" : il jette dans une immense cuve d’eau bouillante dressée sur la place centrale du village des communistes juifs, puis contraignent leurs camarades capturés à manger les corps ainsi bouillis. Quiconque refuse est à son tour jeté dans la cuve. Certaines victimes de ce cannibalisme en perdent la parole et la raison. En septembre 1919, à Fastov, bourgade commerciale au sud-ouest de Kiev où vivent près de 10 000 juifs, déjà victimes d’une demi-douzaine de pogromes, une brigade de Cosaque de Terek se déchaîne. Ils rossent les juifs, déshabilles hommes, femmes et enfants et les contraignent à crier : "Mort aux youpins, sauve la Russie", violent les femmes à la chaîne, éventrent les femmes enceintes, puis les sabrent à la volée, leur coupe les membres et le nez, les pendent, puis livrent leurs cadavres aux chiens et aux porcs ; ils contraignent des juifs à incendier leurs maisons puis les repoussent dans les flammes ; des familles entières sont brûlées vives sur un bûcher formé de meubles entassés. Il y a plus de 1 000 morts dont une centaine de brûlés vifs.

A Tchernobyl, les Cosaques enferment tous les juifs de la ville dans la synagogue et y mettent le feu. A Tcherkass, ils violent toutes les fillettes dont beaucoup sont retrouvées mortes un couteau ou un sabre enfoncé dans le vagin. En décembre 1919, dans la brigade de Podole, les cosaques torturent, mutilent des dizaines de juifs et jettent leurs cadavres aux chiens et aux porcs, pendant qu'au milieu de la bourgade, les officiers sablent le champagne... »

Ces quelques citations ne suffisent pas à effacer la somme de calomnies qu'ont déversées tous les réactionnaires contre les bolcheviks car ceux-ci ont surtout eu à leurs yeux le grand tort d’avoir gagné la guerre civile et donc de ne pas leur avoir laissé le loisir de massacrer autant qu'ils l'auraient voulu.

 

Sur la première photo, on voit Lénine et Trotsky sur la place Rouge de Moscou en novembre 1919


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