Le contexte international de l’invasion de l’Ukraine

par Jean Dugenêt
mardi 26 avril 2022

Les États-Unis sont devenus la première puissance économique mondiale à la suite de la Première Guerre mondiale grâce à leur rôle financier pendant cette guerre et à leur modèle de capitalisme industriel plus productif avec notamment les productions « à la chaine ». Les USA ont pris ainsi la place occupée auparavant par les grandes puissances européennes. Celles-ci, avec principalement l’Angleterre, tiraient leurs richesses de leurs vastes empires coloniaux. A partir de la libération, les USA, vainqueurs avec la Russie de la guerre, vont considérablement accentuer leur domination sur l’économie mondiale. Ils deviennent la puissance dominatrice incontestée. En 1945, les USA produisent la moitié du charbon, les deux tiers du pétrole et plus de la moitié de l’électricité du monde. Ils vont aussi s’équiper en armement avec le plus gros budget militaire du monde. Ils vont s’imposer sur tous les autres continents avec des méthodes variées. En Europe, ce sera le plan Marshall, puis la CECA et la CEE suivie de l’UE… Ils imposent maintenant leur volonté aux 27 pays de l’UE. Ils s’imposent militairement avec l’OTAN qui faisait face jusqu’en 1989 aux armées du pacte de Varsovie.

Le rôle de l’ONU

Dès la libération, l’ONU vient remplacer la SDN (Société Des Nations) qui avait été créée à l’issue de la première guerre mondiale en 1919 pour « promouvoir la coopération internationale et obtenir la paix et la sécurité ». Au printemps 1945, les représentants de 50 pays se sont rencontrés lors de la Conférence de San Francisco. Ils ont élaboré la Charte des Nations Unies. Le 24 octobre 1945, celle-ci est signée puis ratifiée par 51 États désignés comme Membres Fondateurs. L’Organisation des Nations Unies est ainsi officiellement créée.

L’ONU, tout comme la SDN, émane des Etats qui sortent vainqueurs d’une guerre mondiale. Ils cherchent à mettre en place une organisation qui est censée permettre de négocier et d’arbitrer d’éventuels conflits pour éviter qu’ils dégénèrent à nouveau dans une guerre. L’ONU se présente naturellement comme une organisation parfaitement neutre par rapport aux politiques diverses qui peuvent être menées par chaque pays. Mais, en fait, l’ONU privilégie le maintien de la configuration déjà en place c’est-à-dire un monde dominé par l’économie capitaliste. L’ONU reconnaît des Etats mais, en fait, elle reconnait surtout les représentants des Etats. En cas de révolution elle répugne toujours à reconnaître la nouvelle autorité d’un pays et elle nie l’existence des Etats dont les grandes puissances ne veulent pas. Actuellement, l’ONU ne reconnait ni la République Arabe Sahraouie Démocratique ni la Palestine. L’ONU comme la SDN est par nature conservatrice et elle se plie souvent aux volontés du plus fort en s’adaptant d’ailleurs aux évolutions de la situation internationale. Ainsi, la SDN a cautionné la poursuite de la colonisation entre les deux guerres avec la fin de la conquête du continent africain. Ensuite, l’ONU a cautionné la répression armée des mouvements de libération nationale dans les colonies notamment lors de la guerre d’Algérie et aussi avec la répression du colonialisme Portugais vis-à-vis des tentatives d’émancipation dans ses colonies. De multiples interventions américaines ont été justifiées officiellement par la défense des valeurs de la démocratie libérale, en particulier le droit de la personne. L’idéologie anticommuniste a toujours prévalu : toute remise en cause du système libéral était présentée comme le résultat d’un complot… Dans ces cas, le droit international était à peine évoqué. Finalement, la configuration des rapports de forces permet aux États puissants tantôt d’utiliser la règle de droit, tantôt de la violer sans risque sérieux de subir des sanctions. Ainsi la Cour internationale de Justice ne s’est pas prononcée dans l’affaire du Nicaragua sandiniste. Dans d’autres cas, les directives de l’ONU ne sont pas appliquées et aucune sanction n’est prise. La réglementation du recours à la force est ainsi enfreinte par ceux-là mêmes qui l’avaient préconisée et instituée. En droit, les règles continuent de s’appliquer à tous mais, en fait, elles ne s’appliquent qu’à certains États. Il y a là une contradiction entre l’image de neutralité que veut donner l’ONU et la réalité. L’ONU reste une organisation réactionnaire.

D’ailleurs, c’est le Conseil de sécurité qui détient le pouvoir d'autoriser une action militaire contre un État voyou. Mais, ce Conseil de sécurité compte cinq membres permanents, chacun d'entre eux disposant d'un droit de veto, ce qui signifie que les cinq pays concernés (les États-Unis, la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne et la France) sont ainsi à l’abri de toute censure autorisant une action militaire par les Nations unies. Seuls les pays « faibles » peuvent être sanctionnés.

Il est assez pitoyable de voir des militants qui se réclament du mouvement ouvrier se référer aux « règles de droit international » sans aucun recul par rapport aux dîtes « règles ».

L’éclatement du bloc de l’Est

Pendant toute la guerre froide les deux puissances (USA et URSS) vivaient sur le délicat équilibre de la menace d’attaques nucléaires venant des deux côtés. L’équilibre semble fragilisé par la chute du mur de Berlin en 1989 puis la dislocation de l’URSS en 1991. Le capitalisme sort vainqueur de ce bouleversement sans que les puissances capitalistes aient eu à combattre. La bureaucratie parasitaire s’est en grande partie autodétruite. Elle était devenue la principale force restaurationniste puisqu’elle cherchait à asseoir ses privilèges sur la propriété privée. Gorbatchev fut le représentant de cette large frange de la bureaucratie russe. Il cherchait à orienter la politique de l’URSS vers le « libéralisme » en espérant le faire progressivement mais en craignant de perdre le contrôle du processus. En même temps les masses populaires, tout en contestant la bureaucratie par leur aspiration à davantage de justice sociale, combattaient aussi ce système par leurs aspirations à avoir davantage de libertés. La bureaucratie ne pouvait pas maintenir son pouvoir en le démocratisant car les intérêts du peuple étaient incompatibles avec ce pouvoir de privilégiés. Le cumul de ses forces a fait s’effondrer le pouvoir de la vieille bureaucratie stalinienne. La chute du mur de Berlin reste le symbole fort du désir des peuples de l’Est d’accéder à plus de liberté. Ce sont donc deux forces sociales qui se sont combinées et qui ont toutes les deux contribué à mettre un terme à la domination de type stalinien à la fois sur l’Europe de l’Est et sur l’URSS. La volonté populaire d’avoir plus de liberté se combinait à la volonté d’une large frange de la bureaucratie de conforter ses privilèges par l’accès à la propriété privée des moyens de production. Dès l’effondrement du bloc de l’Est une quantité d’anciens apparatchiks ont cherché à devenir les nouveaux capitalistes en s’accaparant à bas coût les biens de l’Etat. Pendant les années noires (de 1991 à 2000), l’ancien Etat « soviétique » s’est décomposé et de véritables gangs se sont constitués pour s’accaparer et se disputer les dépouilles du vieil Etat. Des anciens bureaucrates de l’appareil stalinien vont émerger dans cette lutte de gangsters. Ce sont en effet les chefs de gangs divers qui ont finalement décidé de se mettre d’accord entre eux pour le partage des richesses. Leur accord ressemble à celui des parrains de la mafia. L’un d’eux a fini par émerger au-dessus des autres en devenant président de la Russie. Il s’appelle Poutine.

Engagements de la Russie envers l’Ukraine

Lorsque l'Union Soviétique disparaît le 31 décembre 1991, quatre anciennes Républiques Socialistes Soviétiques devenues indépendantes possèdent sur leur sol des armes nucléaires : la Russie, qui en détient le plus grand nombre, mais aussi la Biélorussie, le Kazakhstan et l'Ukraine. Cette situation préoccupe les États-Unis et les autres grandes puissances qui veulent à tout prix éviter une extension du nombre de pays détenteurs de l'arme nucléaire. Ils veulent limiter la possession de l’arme nucléaire à la Russie et l’interdire aux trois autres pays. Des négociations sont entamées et un premier accord est signé à Lisbonne le 23 mai 1992 (traité START). Il est ensuite revu et l’accord définitif est signé le 5 décembre 1995. Trois mémorandums sont signés respectivement pour la Biélorussie, l’Ukraine et le Kazakhstan. Sur chacun d’eux figurent les signatures des russes (Boris Eltsine), des américains (Bill Clinton) mais aussi du Royaume Uni (John Major). L’Ukraine ratifie alors le TNP (Traité de Non-Prolifération de l’arme nucléaire) que la Biélorussie et le Kazakhstan avaient déjà ratifié (Signature de Leonid Kuchma). Ce traité est fréquemment appelé le Mémorandum de Budapest puisqu’il a été élaboré, pour l’essentiel, les 5 et 6 décembre 1994 lors d’un sommet de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) à Budapest. Cet accord garantit que l'indépendance et la souveraineté de l’Ukraine dans ses frontières actuelles sera respectée. Boris Eltsine prend donc alors l’engagement :

« de respecter l'indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l'Ukraine. (…) de s'abstenir de recourir à la menace ou à l'emploi de la force contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de l'Ukraine (…) de s'abstenir de toute coercition économique visant à subordonner à leur propre intérêt l'exercice par l'Ukraine des droits inhérents à sa souveraineté et de s'assurer ainsi des avantages de toute nature. » (Mémorandum de Budapest).

Lorsque le traité START (protocole de Lisbonne de 1992) expire, les États-Unis et la Russie publient une déclaration commune le 4 décembre 2009 qui confirme que les garanties de sécurité figurant dans les mémorandums de Budapest signés avec l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan demeurent valables au-delà de cette date.

« Le respect par ces États de leurs obligations au titre du protocole au traité START du 23 mai 1992 (Protocole de Lisbonne) et leur adhésion au TNP (Traité de Non-Prolifération) en tant qu'États non dotés d'armes nucléaires ont renforcé leur sécurité, ce qui s'est traduit, entre autres, dans les mémorandums de Budapest du 5 décembre 1994. À cet égard, les États-Unis d'Amérique et la Fédération de Russie confirment que les assurances consignées dans les mémorandums de Budapest resteront en vigueur après le 4 décembre 2009. »

En 2009 les deux grandes puissances ont donc clairement réaffirmé leur engagement « de respecter l'indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l'Ukraine ».

L’élargissement de l’OTAN et les prétendues promesses

Les évènements de 1991 ne concernent pas seulement la Russie et les autres anciennes républiques soviétiques. Ils concernent aussi les pays de l’Europe de l’Est et par conséquent la question de l’élargissement de l’OTAN c’est-à-dire le processus d'inclusion de nouveaux États dans l'alliance politique et militaire fondée en 1949 par les douze États signataires du traité de l’Atlantique nord. Rappelons que les internationalistes ont toujours été farouchement opposés à ce traité qui subordonne les intérêts des pays de l’Europe de l’Ouest à ceux des USA sur toutes les questions d’ordre militaire. C’est en cela que nous y sommes opposés et nous n’avons nullement besoin de faire état de promesses qui n’auraient pas été tenues. Nous n’avons pas davantage besoin de nous référer aux « règles de droit internationales ». Cependant, hormis les révolutionnaires tous les politiciens défenseurs ou adversaires de Poutine se réfèrent à ces règles de diplomatie internationale et, à l’image de Poutine lui-même, beaucoup essaient de montrer qu’il y aurait eu dans l’élargissement de l’OTAN une trahison d’anciennes promesses.

Il faut donc rappeler que, en principe, les pays de l’Europe de l’Est ont toujours été des pays indépendants. Nous savons bien qu’en réalité ce n’était pas le cas. Ces pays étaient censés être librement membres du Pacte de Varsovie qui était le vis-à-vis de l’OTAN. En fait, nous savons tous que ces pays étaient soumis au diktat de la bureaucratie stalinienne de Russie qui a mâté des rebellions en Allemagne de l’Est, en Pologne, en Hongrie et en Tchécoslovaquie. Cependant, quand ces pays ont décidé, après 1991, d’adhérer à l’OTAN comme ils avaient adhéré au Pacte de Varsovie auparavant, il n’y avait aucunement lieu de parler de traitrise ou de parole non tenue. Ce sont des pays indépendants qui ont le droit de choisir leurs partenaires. Nous ne voyons pas au nom de quoi ceux qui n’avaient jamais contesté leur adhésion au Pacte de Varsovie pendant la guerre froide contesteraient leur adhésion à l’OTAN après la guerre froide. Est-ce que des « règles de droit international » autoriseraient qui que ce soit à s’immiscer dans la politique de ces états ? Les internationalistes sont loin d’être satisfaits de voir ainsi se renforcer la puissance de l’OTAN mais ils ne se réfèrent pas pour cela à des notions de « droit international ».

Poutine critique une prétendue action agressive des USA laissant entendre que ce serait l’OTAN qui aurait été à l’initiative de l’élargissement. Il n’y a rien de plus faux ! L’initiative venait des pays demandeurs et la principale opposition à l’adhésion de nouveaux Etats n’est pas venue de l’URSS mais plutôt de l’OTAN elle-même c’est-à-dire des américains, des anglais, des allemands, des français...

Le principe de l’élargissement à l’Est ne fut reconnu par les seize qu’au sommet de l’OTAN de janvier 1994 après que l’administration de Clinton ait bien voulu y souscrire. Certains pays, dont la France, ne voyaient alors pas d’un bon œil l’ouverture du processus. L’élection de Jacques Chirac (1995) et l’insistance allemande eurent néanmoins raison des réticences françaises. Finalement, une invitation formelle adressée à la Pologne, à la Hongrie et à la République tchèque fut émise en 1997, après la réélection en Russie de Boris Eltsine, que Bill Clinton ne voulait pas gêner.

L’OTAN de l’après-guerre froide n’a jamais été prête à s’élargir à n’importe quel prix. Au début les candidats ne devaient remplir que trois conditions :

A partir de 1995, les candidats devaient répondre à cinq critères supplémentaires :

De plus, même si ce n’était pas une condition explicite, les pays candidats devaient en fait être également prêts à rejoindre la structure militaire intégrée. Les américains ne voulaient pas que d’autres pays fassent comme la France qui s’était retirée des structures du commandement militaire intégré de l’Alliance en 1966. On se souvient que De Gaulle avait alors exigé le démantèlement des bases de l’OTAN situées sur le territoire français. Dorénavant, le processus se veut en outre conditionnel et graduel. Depuis 1999, les candidats entament un dialogue intensifié avec l’OTAN puis peuvent se voir proposer le « Plan d’action pour l’adhésion », qui lui-même est susceptible de se conclure par l’adhésion.

Alors que l’OTAN n’a fait que rendre plus difficile l’adhésion de nouveaux pays en instituant des conditions d’admission plus restrictives, Poutine a plus tard accusé les dirigeants occidentaux d’avoir trahi une prétendue promesse. L’OTAN a seulement répondu, avec beaucoup de réticences, à une demande pressante qui venait de ces pays issus de l’Europe de l’Est et de l’ancienne URSS. Ils voulaient tous adhérer au plus vite à l’UE et à l’OTAN. Les internationalistes sont loin de s’en réjouir car ils combattent ces institutions mais il faut examiner la réalité des faits pour comprendre en quoi les discours de Poutine sont mensongers. Il veut seulement trouver une justification à ses agressions. Il veut reconstruire l’empire des tsars et de Staline. Nous sommes à nouveau dans cette situation avec des dirigeants de l’Ukraine qui sont eux aussi demandeurs pour adhérer à L’UE et à l’OTAN.

Evidemment, Poutine pour évoquer de prétendues promesses est dans l’incapacité de citer la moindre phrase, de dire où et quand de telles promesses auraient été faites. Mais, il ne manque pas d’aplomb. Il affirme (Ecouter sur cette vidéo à 0mn48s) :

« Il est de notoriété publique qu’on nous a promis que l’infrastructure du bloc de l’OTAN ne s’étendrait pas d’un pouce vers l’est. Tout le monde le sait. »

Si vous ne savez pas exposer une preuve (notamment en mathématiques) : dîtes « Il est trivial que…  ». Si vous n’avez rien pour prouver ce que vous affirmez dîtes : « Il est évident que…  » ou « Il est de notoriété publique que … »

Poutine continue sur sa lancée en s’enfermant dans le mensonge :

« Aujourd’hui, nous voyons où se trouve l’OTAN : en Pologne, en Roumanie et dans les États baltes. Ils ont dit une chose mais en ont fait une autre. Comme on dit, ils nous ont bien eus. Ils ont simplement triché. C’est ce qui s’est passé, voilà tout. »

Il n’y a eu aucune tricherie. Tout ce discours, sans réel fondement, vise à justifier l’invasion de l’Ukraine.

Poutine a aussi lancé ces accusations le 18 mars 2014, au moment où il s’est emparé de la Crimée :

« Ils nous ont menti à plusieurs reprises, ils ont pris des décisions dans notre dos, ils nous ont mis devant le fait accompli. Cela s’est produit avec l’expansion de l’OTAN vers l’Est, ainsi qu’avec le déploiement d’infrastructures militaires à nos frontières ».

Le comble c’est qu’à l’occasion, Poutine a bel et bien renié un engagement signé noir sur blanc. Il est bien le seul à ne pas respecter un engagement.

Voyons plus précisément à quel point il est aberrant d’évoquer de prétendues promesses faites par les leaders américains, britanniques, français ou allemands à Mikhaïl Gorbatchev vers 1990. Rappelons qu’à cette époque, Gorbatchev essayait d’orienter la politique de l’URSS vers une politique libérale sans savoir exactement comment il y allait. Dans les multiples discussions qu’il a pu avoir à ce moment avec les hommes politiques occidentaux, il est probable que les questions du Pacte de Varsovie et de l’OTAN aient été abordées sans que personne ne sache précisément ce qui allait advenir mais chacun exprimant des souhaits sur cette question. Il ne pouvait donc s’agir que de simples discussions si ce n’est de bavardages. Bien évidemment aucun accord sur la question n’a été signé à cette époque et il n’y a donc eu aucune promesse quoi qu’en disent Poutine et ses admirateurs. Il n’est guère possible qu’il en soit autrement si on veut bien se replonger dans le contexte de l’époque. Comment de quelconques promesses auraient pu être faites pour un avenir aussi incertain ? Personne ne pouvait prévoir ce qui se passerait en 1991. Mais, Poutine veut faire comme s’il y avait eu une promesse. Il considère donc que ce n’est qu’une erreur de détail s’il n’y a pas eu d’accord signé. Interrogé en 2015 par le réalisateur américain Oliver Stone, Poutine avait affirmé :

« Rien n’avait été couché sur le papier. Ce fut une erreur de Gorbatchev. En politique, tout doit être écrit, même si une garantie sur papier est aussi souvent violée. Gorbatchev a seulement discuté avec eux et a considéré que cette parole était suffisante. »

Les événements de 1991 ont surpris tout le monde : la chute de l’Union soviétique provoque en neuf mois l’émergence de quinze nouveaux pays souverains. Les frontières soviétiques ne sont plus les mêmes : en vertu du droit international, elles ne correspondent plus à l’URSS, mais à celles de la seule Fédération de Russie. Bien évidemment, aucune promesse n’avait été faite concernant des pays comme la Pologne, la République tchèque et la Hongrie. Cela a été confirmé par Mikhaïl Gorbatchev lui-même. Interrogé par Russia Beyond en 2014, un média d’Etat financé par le gouvernement russe, sur ce qui l’a poussé à ne pas demander aux Américains de signer un traité, le dernier dirigeant de l’URSS avait répondu :

« L’élargissement de l’OTAN n’a pas du tout été un sujet de discussion, et n’a pas émergé pendant cette période. Un autre enjeu que nous avons mis sur la table a été de garantir que les infrastructures militaires de l’OTAN n’avanceraient pas et que des forces armées additionnelles ne seraient pas déployées sur le territoire de ce qui était alors la RDA. L’affirmation de Baker a été faite dans ce contexte… Tout ce qui a pu être fait et tout ce qui devait être fait pour concrétiser cette obligation politique a été fait. Et respecté. »

Gorbatchev avait donc seulement évoqué, à propos de l’OTAN, l’avenir de l’Allemagne de l’Est. Mais Poutine se croit mieux placé que Gorbatchev pour parler de ce qui avait été dit.

Depuis la chute de l’URSS et du bloc de l’Est, voici les 14 pays qui sont venus élargir l’OTAN vers l’Est (Nous ne comptons pas l’Allemagne dont la partie ouest était déjà dans l’OTAN) :

Octobre 1990 – Du fait de la réunification de l'Allemagne, la partie orientale du pays est intégrée à l'OTAN.

12 mars 1999 – Adhésion de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque.

29 mars 2004 – Adhésion de la Bulgarie, de l'Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie.

1er avril 2009 – Adhésion de l’Albanie et de la Croatie.

5 juin 2017 – Adhésion du Monténégro.

27 mars 2020 – Adhésion de la République de Macédoine du Nord.

Cela porte actuellement à 30 le nombre des pays membres. À sa création en 1949, l’Alliance comptait douze membres fondateurs : Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni. Elle ajouta, entre le 18 février 1952 et le 6 mai 1955, trois autres pays à ses membres, la Grèce, la Turquie, et l’Allemagne, et un quatrième le 30 mai 1982, l’Espagne.

Remarquons en examinant cette carte, que l’OTAN n’a installé qu’une base militaire dans les pays concernés par l’élargissement (en Pologne). L’OTAN a aussi placé deux installations défensives en Roumanie et en Pologne. Il s’agit « d’éléments du dispositif antimissile américain ».

L’élargissement de l’OTAN est une conséquence de la victoire sans combat du capitalisme en 1989-91. Lorsque le bloc de l’Est s’est effondré de nouveaux marchés se sont ouverts avec la fin de l’économie planifiée sur cette vaste zone. Cela a donné, pour un temps, une bouffée d’oxygène au capitalisme qui en avait bien besoin pour repousser une nouvelle crise. Cela a permis aussi à la première puissance mondiale d’étendre sa puissance militaire vers l’Est. Ce fut là un autre aspect de cette victoire contre-révolutionnaire. La montée en puissance, en Russie, d’une nouvelle force impérialiste en est encore un autre aspect. Cette victoire du capitalisme ne s’est pas faite selon les souhaits de Gorbatchev qui voulait une entente entre les USA et l’URSS. Cela aurait probablement abouti à la suppression pure et simple de l’OTAN. Mais dès sa naissance, avec Eltsine, le caractère impérialiste de la Russie capitaliste s’est affirmé avec le conflit en Tchétchénie et il s’est amplifié avec Poutine. En face, le Complexe Militaro-Industriel des USA trouvait dans cette fracture entre les deux puissances la justification de son gigantesque budget. L’ensemble de ces forces réactionnaires a façonné la forme qu’a prise cette victoire sans combat du capitalisme. Nous allons voir maintenant successivement comment ont évolué ces deux puissances impérialistes.

Les USA, plus grande puissance contre-révolutionnaire

Revenons aux USA. En tant que puissance dominatrice, les Etats-Unis deviennent, à partir de la Libération, les champions de la lutte contre-révolutionnaire pour le compte du capitalisme mondial. La lutte des classes ne connait pas de répit et partout les travailleurs pour se défendre sont amenés à se mobiliser et à ébranler dans de multiples pays les bourgeoisies nationales. Régulièrement, les USA interviennent pour briser des révolutions et installer des dictateurs. Ce fut le cas notamment avec Augusto Pinochet au Chili, Jorge Rafael Videla en Argentine, Soeharto en Indonésie, Hosni Moubarak en Egypte… Mais les USA connaissent aussi des échecs en Chine (1949), à Cuba (1959), au Vietnam (1975), en Iran (1979), en Egypte avec la démission de Moubarak (2011), en Afghanistan (2021). Ils imposent des blocus économiques aux pays qui exproprient le capital mais, à l’évidence, ils ne font pas ce qu’ils veulent.

La situation internationale évolue et les stratégies de domination des USA aussi. Actuellement la Chine vient menacer la domination économique des USA en se gardant d’adopter une attitude agressive. La politique des dirigeants des USA doit s’adapter à la situation dans divers autres pays mais aussi en fonction de la politique intérieure américaine. Ainsi, les protestations contre la guerre du Vietnam aux USA ont été un facteur important de la défaite américaine. Les attentats du 11 septembre 2001 ont grandement contribué à la mise en œuvre de la politique agressive de la « global war ». Au gré de ces évènements différentes factions de la bourgeoisie américaine l’emportent plus ou moins mais le lobby de l’armement (Complexe Militaro-Insdustriel) domine dans les grandes décisions. C’est en application de cette politique de la « global war » que les USA ont lancé la grosse cavalerie de l’invasion de l’Afghanistan à la fin de 2001 puis de l’Irak le 20 mars 2003 avec par la suite les événements en Lybie…

Mais, les USA opèrent un tournant à partir de l’élection d’Obama en 2009. La politique menée en Afghanistan et en Irak est un échec en ce sens qu’il s’avère impossible, dans ces pays, de mettre en place un gouvernement qui serait reconnu et respecté par la population tout en étant aux bottes des américains. Les forces américaines n’ont donc pas réussi à s’imposer dans cette région autour de l’Iran. La révolution iranienne, confisquée par les ayatollahs, reste leur principal ennemi dans cette région tandis qu’ils doivent défendre l’enclave israélienne qu’ils ont contribué à mettre en place pour favoriser ensuite son peuplement par des juifs venus de divers pays. Les dirigeants américains doivent, pour continuer leur politique, faire face aux exigences de la politique intérieure. Les occupations militaires sont maintenant impopulaires en Amérique. Obama avait promis de supprimer le sinistre camp de Guantanamo mais il n’a pas réussi à le faire. Les photos qui montrent les exactions des américains dans la prison d’Abou Ghraib sont insupportables... Les dirigeants américains vivent sous la menace constante qu’un nouveau scandale éclate à propos du comportement de la soldatesque au proche orient. De plus, cette politique est ruineuse. La seule occupation de l’Afghanistan coûte environ 1/2 milliard de dollars par jour. Les USA entrent donc dans une politique de désengagement sur cette région. Pendant tout le printemps arabe, ils évitent d’intervenir directement. Quand le conflit éclate en Syrie, ils n’ont nullement l’intention d’envahir ce pays contrairement à ce que beaucoup ont imaginé. La priorité est que la révolution Syrienne soit écrasée quels que soient les moyens utilisés. Les américains se sont d’ailleurs parfaitement entendus avec El-Assad et Poutine lorsqu’en 2017, ils se sont tous partagé le sale travail. Les américains bombardaient Raqqa quand Poutine venait de raser Alep. Quand les bombardements des américains ont commencé, le ministre de la Réconciliation nationale du régime syrien, Ali Haidar, a déclaré que selon lui les attaques des Etats-Unis allaient dans le bon sens.

« En ce qui concerne les attaques en Syrie, je pense que ce qui s’est passé jusqu’à présent est un processus qui va dans la bonne direction, puisque le gouvernement syrien en est informé et qu’elles ne visent pas les installations militaires syriennes ni les civils. » (voir Internacional europa press) Il a également confirmé « que le gouvernement syrien avait été mis au courant et qu’il avait été assuré que les installations militaires syriennes ne seraient pas attaquées, ni les cibles civiles ».

C’est ainsi que Poutine entre sur la scène internationale.

La montée en puissance de Poutine et de l’impérialisme russe

Poutine a d’abord assis son autorité en Russie. Il a fait fortune, comme les autres oligarques, en profitant de l’éparpillement des immenses richesses qui étaient auparavant sous le contrôle de l’Etat. Comme d’autres gangsters, il s’en est accaparé une partie pendant les « années noires » (1991 – 2000). Il s’est imposé ensuite comme homme politique puis comme dictateur à la tête de la Russie. Il a d’abord été premier ministre de Eltsine avant de devenir Président. Puis, il a fait sauter toutes les dernières règles démocratiques qui lui interdisaient de rester au pouvoir. Il a ensuite guerroyé en Tchétchénie et en Géorgie. Il s’est alors aussi imposé comme un chef militaire et nous avons vu qu’il ambitionne de reconquérir la Grande-Russie. Il le dit clairement dans les 15 premières minutes de son discours du 21 février 2022. J’ai analysé cela en détail dans mon article intitulé « La politique impérialiste de Poutine ». Le conflit Syrien lui donne l’occasion de s’imposer sur la scène internationale puisqu’il prête main forte à Bachar el Assad et lui donne la possibilité d’écraser la révolution syrienne. Il détruit littéralement la Ghouta (banlieue de Damas) et la ville d’Alep en reproduisant la stratégie qu’il avait adopté pour détruire Grozny en Tchétchénie. Il devient ainsi à la fois allié et concurrent des USA dans la lutte contre-révolutionnaire. Poutine et les USA élaborent ensemble, et en parfaite harmonie, une stratégie pour éliminer l’Etat Islamique devenu trop encombrant après qu’ils aient tous ensemble contribué à le mettre en place dans leur stratégie pour écraser la révolution syrienne.

La population civile paie au plus fort cette stratégie d’anéantissement tandis que les derniers dirigeants de l’Etat Islamique quittent Raqqa tranquillement installés dans des cars et des camions.

Poutine est candidat pour écraser les rebellions et les révolutions au moment où les USA se trouvent en difficulté pour le faire puisqu’ils sont désormais en plein désengagement. Il confirme, en janvier 2022, au Kazakhstan ses talents de contre-révolutionnaire sous l’œil impassible des USA. Quelques diplomates américains donnent des conseils et des mises en garde pour éviter que les troupes engagées soient contraintes de rester sur le terrain. Poutine s’engage donc dans la brèche béante laissée par les américains en plein désengagement. L’échec de la politique américaine précédente est particulièrement évident avec leur départ précipité d’Afghanistan en août 2021. L’armée américaine a été ridiculisée. Cela montre que les dirigeants américains ne savent pas se défaire de leur précédente politique d’invasion. Ils ne savent toujours pas comment abandonner totalement leur occupation sur le secteur Irak-Syrie. Ceux qui expliquaient quelques temps auparavant que les USA envisageaient d’envahir la Syrie n'ont assurément rien compris à la situation et ont été bien démunis pour expliquer la déroute américaine en Afghanistan. En fait, ils étaient en pleine collaboration pour achever la contre-révolution en Syrie.

Désormais, il est clair que Poutine et les dirigeants américains sont à la tête de deux puissances impérialistes en concurrence. Poutine se montre particulièrement agressif mais les dirigeants américains font leur possible pour continuer à dominer le monde.

La crise du capitalisme et la perspective révolutionnaire

La crise ukrainienne s’inscrit dans une crise plus générale du capitalisme qui est à bout de souffle. La recherche perpétuelle du profit réclame l’ouverture de nouveaux marchés qui ne sont pas extensibles à l’infini. Le capitalisme ne survit qu’en engendrant de plus en plus de malheurs par la destruction de forces productives. La crise au Proche-Orient (Irak, Afghan, Syrie...) avec en plus la Libye a coûté des sommes faramineuses aux USA c’est-à-dire, en dernier ressort, du travail humain, pour aboutir à de monstrueuses catastrophes humanitaires. C’est cela la réalité du capitalisme actuel. L’alternative « Socialisme ou Barbarie » devient de plus en plus évidente au moment où nous sommes menacés à la fois par la guerre nucléaire et par des épidémies incontrôlables dans le cadre du capitalisme. Il n’y a d’issue positive possible que dans le combat internationaliste pour le socialisme. Les forces qu’il faut mobiliser dans ce conflit sont les oppositions à Poutine en Russie qui apparaissent de plus en plus clairement autant que les oppositions aux dirigeants des USA/OTAN dans tous les pays y compris en Amérique. La mobilisation du peuple ukrainien qui veut se défendre dans l’unité au-delà des divergences interne est aussi un signe positif. L’armement de la population et son auto-organisation sont déjà ressentis comme des dangers par tous les puissants. Le gaulliste Asselineau nous fait part à ce sujet de l’angoisse de tous les contre-révolutionnaires (Ecouter à 2mn40s sur cette vidéo) :

 « Il n’y a rien de plus dangereux que d’armer une population qui ne sait pas manier les armes et de donner ça alors même que le pouvoir central d’un pays est en pleine déliquescence ».

Il a entièrement raison mais ce que les réactionnaires considèrent comme un danger est une source d’espoir pour les révolutionnaires. Il est possible que la classe ouvrière en Ukraine devienne incontrôlable par tous les appareils politiques et que les travailleurs prennent en main leur destinée, qu’ils fassent émerger leur propre pouvoir. Bref ! Une révolution ukrainienne est envisageable. Il faut œuvrer dans ce sens en Ukraine, en Russie et dans tous les pays. La mobilisation des organisations ouvrières et démocratiques, dans tous les pays du monde, tant en solidarité contre l’agression de Poutine que sur les revendications propres à chaque peuple porte en elle l’espoir d’une montée révolutionnaire dans le monde. Il revient aux militants du mouvement ouvrier de participer à la mobilisation en solidarité avec le peuple ukrainien et il revient à l’avant-garde d’œuvrer pour favoriser cette mobilisation.

L’AGIMO participe ainsi à la mobilisation internationale d’organisations politiques et aussi à la mobilisation européenne d’organisations syndicales. Au moment où nous écrivons ces lignes, le Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes prépare un convoi syndical vers l’Ukraine. Ce réseau rend compte de la mobilisation mondiale des organisations ouvrières. Il n’est pas possible de faire état ici de toutes ces initiatives (voir les 32 articles publiés à ce sujet par le réseau) Je vous invite cependant à lire la déclaration commune de syndicats ukrainiens. Toutes ces initiatives venant des internationalistes du monde entier sont complètement ignorées par les grands médias réactionnaires autant que par tous les poutinistes. Ces derniers n’oseraient jamais énoncer devant les ukrainiens les ignominies qu’ils n’hésitent pas à répéter en France. Seuls les internationalistes peuvent tenir le même discours en France, en Ukraine, en Russie, en Syrie et dans tous les pays du monde pour la bonne raison qu’ils sont les seuls à envisager de construire une organisation internationale de révolutionnaires.

Où va Poutine ?

Cela fait deux mois que la guerre fait rage en Ukraine. A l’évidence « l’opération militaire spéciale » de Poutine ne se déroule pas exactement selon le plan prévu. Il n’était pas prévu qu’elle dure aussi longtemps. Il est de plus en plus évident que Poutine ment. Il n’avait pas prévu que tant de généraux se feraient descendre. Il n’avait pas prévu que le Moskva sombrerait. Il n’avait pas prévu que ses armées se replieraient après avoir encerclé Kiev. Il invente de prétendues promesses pour tenter de justifier son agression mais il oublie le Mémorandum de Budapest signé par l’URSS qui était un engagement à « respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine ». Il oublie aussi la déclaration commune du 4 décembre 2009 qui confirmait cet engagement des grandes puissances (URSS et Etats-Unis). Pourtant il se souvient de ce qui s’est passé cette année-là. Il venait d’être président pendant 8 ans et la constitution lui interdisait d’être à nouveau candidat à la présidence. Il avait donc placé à la présidence son commis (Medvedev) qui était auparavant l’équivalent de son premier ministre. Medvedev, à peine élu président de la république, avait alors nommé Poutine président du gouvernement. Elle n’est pas belle la vie au paradis de la démocratie ! Depuis, Poutine a simplement modifié la constitution.

Mais les poutinolâtres ne sont pas pour autant à cours d’arguments. Ils répètent à satiété, et avec délectation, les élucubrations de leur déesse nommée Néant (ce n’est pas moi qui l’invente). Elle affirme avec aplomb que les ukrainiens n'auraient pas respecté les accords de Minsk. En général, elle parle d’ailleurs de l’accord de Minsk comme s’il n’y en avait eu qu’un. Il s’agissait pour l’essentiel d’accords de cessez-le-feu. C’est donc le premier qui a fait exploser un pétard qui a rompu l’accord. Avec toute la propagande de guerre des deux camps, il est bien malin celui qui peut affirmer avec certitude de quel côté le premier coup de feu a été tiré. Mais rien ne la rebute. Elle ne s’embarrasse pas des multiples interrogations que peuvent susciter ces accords. Il est difficile d’affirmer leur nature exacte : accords de cessez-le-feu, armistice, accords de paix… Il est souvent question de protocoles plus que d’accords puisqu’il s’agissait de définir les étapes pour aboutir à une paix. Non seulement il est quasiment impossible de dire qui les a rompus mais nous ne savons guère qui était réellement tenu de les respecter. J’invite ceux qui veulent sérieusement s’intéresser à la question à consulter notamment sur le site « Jean Jaurès » l’article intitulé « Tout ce qu’il faut savoir sur les accords de Minsk en 22 questions  ». Rappelons que ces accords prévoyaient une réforme constitutionnelle en Ukraine avec des élections à Donetsk et Lougansk. Il était prévu ces régions restent sous pavillon ukrainien. En reconnaissant leur indépendance, il est évident que Poutine a mis un terme à l’application des accords de Minsk. Mais il est inutile d’expliquer cela à un poutinolâtre. Laissons à leurs certitudes ceux qui, enfermés dans leur idéologie, ne se posent aucune question.

Tous les jours de nouvelles atrocités de cette guerre sont révélées dans la presse mais, submergés par la propagande de guerre des deux camps, nous ne pouvons pas déceler toute la vérité à ce sujet. Cependant une certitude demeure : Poutine est le responsable de toutes ces atrocités et il est responsable de la mort de chaque soldat russe ou ukrainien ainsi que de la mort des civils. Sans sa décision insensée d’envahir l’Ukraine cela n’existerait pas. Car il est bien l’unique responsable. Il faudrait pour le montrer écrire tout un article sur le fonctionnement politique de la Russie. La Douma a probablement autant de pouvoir que le parlement européen. Poutine réunit parfois 59 oligarques-ministres autour de sa grande table où ils sont 20 dans chaque longueur et 10 dans chaque largeur. Il les réunit aussi maintenant dans une grande pièce où les oligarques siègent à une extrémité et lui à l’autre. Ces oligarques sont les seuls qui comptent à ses yeux. C’est un peu comme si en France, Bernard Arnault était le président de la république et réunissait de temps en temps les 59 autres plus gros milliardaires. C’est là que chacun se trouverait investi de son secteur et de quelques consignes. Ce système est finalement moins hypocrite que le nôtre. Chez nous aussi ce sont les milliardaires qui décident mais ils mettent en place des pantins qui jouent la comédie pour prendre les décisions qui leur sont soufflées dans l’oreille. Cependant, soyons bien certains qu’en Russie les autres oligarques sont prêts à dévorer Poutine… L’avenir est incertain : celui de l’Ukraine, celui de la Russie et celui de Poutine.

 


Lire l'article complet, et les commentaires