Le « costard » de votre majesté est avancé ! Fabliau. /2

par Nicole Cheverney
mercredi 21 juin 2023

Suivant l'humeur de l'Oli, la Garchie leur offrait le repas, ça rentrait dans les frais généreux. Mais des repas d’un chic , mes amis ! On était loin du petit ragoûgnasse de la belle-mère Pipo et de la tartiflette de la mère Popu.

- Oh ! Messieurs mes Kamarades travailleurs, leur répliquait le printanier monarque du royaume d’Oligarchie, travailleurs, z'en faîtes pas, c'est populo qui paye !

- Populo ?

- Contribuables, si vous préférez ! Enfin ! Voyons !

Ce roi-là il serait très bien passé en couverture de Play Boy, avec son dentier étincelant de matière synthétique, forcément ! Sa petite raie sur le côté de premier communiant, bien peigné, bien gominé, le dentier débordant… C'était la première fois que nos deux compères se trouvaient nez à nez avec l'Oligarque qu’ils n’avaient croisé qu'une fois dans leur vie. Depuis leur ascension vertigineuse, ils étaient reçus par un autre oligarque, le ministre du Travail qui n'arrêtait pas de proclamer : il faut faire des économies, faut faire des économies ! Des Zéconomies ! zÉconomies ! C'est l'austérité !

Mais pas pour tout le monde !

- Ah ! Zéconomies votre sainte éminence toute grise ! Chais pas si Populo sera d'accord !

- Mais, c'est à vous de les calmer, les blaireaux !

C'est tout de même impressionnant, un monarque, vu de près ! Surtout celui-là.

Dring ! Dring, kkkraaaaa ! Çà, c'est la sonnette du prolo ! Mais chez le roi Moije, on a droit à la jolie musique de Westminster ! Ding, ding, ding, dong, Dong, dong, ding ding ! C'est plus... Hurff ! Smart !

De Blair à Cameron et à Bojo, depuis la vieille Thatcher, les Anglais eurent droit à tous les portraits éloquents de la gente oligarque rosbeefienne, tous taillés sur le même modèle, à croire qu'ils s'étaient reproduits spécialement pour l'emploi ; il n'y avait pas d'autre alternative... Et notre fringant et sémillant monarque jeune premier du cinéma électoral et du cirque de l'Urne, ne rêvait que de se donner l’air british telles les carnes britanniques. Il avait bénéficié des bienfaits de Jupiter qui ne pouvait rien lui refuser, secondé par la fée bleue qui s’était penchée sur son petit berceau de bébé-oligarque.

James le Majordome, le Français qui avaient pris nom anglais pour les mêmes raisons que sonnait la sonnette darling, darling- street accourt pour ouvrir à nos deux amis. Il ne marche pas, il vole, il glisse, James, sur le parquet qui brille comme une patinoire, pour accueillir nos deux camarades Popu et Pipo. Question habillement, nos deux cow boys sont passés d'abord chez le supermarché du coin pour le veston poids plume, bien froissé aux entournures et le col blanc entrouvert sans cravate chez Popu, et une chaîne d'argent autour du cou, chez Pipo. La décontraction du travailleur ne pouvant rivaliser avec celle du golfeur, il fallait faire des efforts, ils furent faits.

- Ah oui ! Celui qui faisait du scooter incogenito avec des petits croissants chauds !

- Mais non ! On dit Incognito ! Oh !

Sur ces entrefaites, sort sa Majesté qui vient accueillir nos deux amis. Grand sourire et serrage de main vif et chaleureux, la lippe plutôt réjouie et l’œil pétillant de malice, la raie bien nette et le cheveux lissé, se disant qu'il va dans quelques instants, avec le savoir-faire qu'on lui connaît, les retourner comme deux crêpes ces deux syndicalistes de choc, à la tête de syndicos depuis longtemps « partenaires » de ministres en poste, et non plus flingueurs de ministres ! Diantre ! On n'est pas chez les sauvages ! Alors, discutailler des détails d'une loi, le roi Moije se dit qu'il ne lui faudra pas longtemps pour qu'une loi fut-elle inique, devienne à leurs yeux, unique, donc nécessairement indispensable au bien-être du peuple, même une loi aussi pourrie !

Les deux syndicalistes de choc, déjà éblouis par la vêture de James, devant l'éblouissant costume Prince of Walles du monarque n'ont plus qu'une idée en tête, parler costumes et lui demander l'adresse du grand faiseur. Le play boy et son baratin leur en font oublier par sa capacité de détournement des questions essentielles en question subsidiaires, ce pourquoi ils étaient venus : parler de la Loi des retraites ! Nos deux combattants de la dernière heure, ne pensent plus qu'à parler costards, chemises et pantalons, vraiment se disent-ils, pourquoi lui et pas nous ? My taylor is rich disent les Anglais. Alors ça turlupine nos deux syndicalistes, car depuis un moment, évitant pour des raisons de partenariat évidente avec le roi Moije, et pour ne pas le froisser, ils préfèrent aller froisser l'étoffe de son costume, dans un dernier geste de familiarité grivoise dont le président leur accorde la privauté, il y a des gestes nécessaires et vitaux pour la nation. Et pour sa tranquillité, et celle de ses amis, il laisse Pipo chatouiller le Prince of Walles, tout en souplesse. Et vous savez quoi ? Prince of Walles aime les papouilles !

Popu le rougeaud s'exécute, il se lance :


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