Le CRIF s’en mêle et... s’entremêle

par Henri Diacono
vendredi 27 avril 2012

Le Conseil représentatif des Institutions Juives vient d’entrer dans la danse de la campagne électorale et présidentielle, quelque peu aux ras des pâquerettes depuis plusieurs jours, côté du sortant. Et pour se faire, le Président de cet honorable Conseil, c'est-à-dire le non moins honorable Richard Prasquier n’y est pas allé de main morte. Du moins, pas en France, mais plus loin, en Israël où, selon Le Figaro en date du 26 avril, il aurait publié une Tribune dans le quotidien israélien Haaretz.

Le dit Président honorable « s’inquiète d’une éventuelle victoire de François Hollande à la Présidentielle ». Rien que "çà" ! Ce sont ses propres mots. Aussitôt après, dans les lignes qui suivent, tout en précisant que les deux candidats sont des « amis d’Israël », il enfonce maladroitement le clou.

La question centrale pour la communauté juive, si François Hollande est élu, est l’influence que pourraient avoir certains leaders socialistes qui n’apprécient pas la politique d’Israël. Au delà des socialistes, mais toujours dans le camp d’Hollande, se trouvent également des partis de gauche et les Verts”, écrit-il. Ben voyons ! Attendez, la suite vaut son pesant de goujateries. Lisez donc :

 “Ces derniers affichent une forte hostilité envers Israël et sont en pointe de toute manifestation, déclaration ou pétition contre ce pays. Les seulement 11% de Jean-Luc Mélenchon, leader charismatique du nouveau Parti communiste, pourraient réduire leur influence sur la politique extérieure de la France, mais je m’attends à une hausse des manifestations antisionistes de la gauche et des communistes”, dixit Prasquier via Haaretz et…Le Figaro qui roule pour qui vous savez.

Et ce n’est pas fini. La cerise sur le gâteau électorale de ce cher monsieur est pour les musulmans et le Front National pour l’influence duquel il écrit « Son haut score n’aura pas d’influence sur la politique vis-à-vis des juifs de France. C’est la communauté musulmane et les problèmes d’immigration qui étaient au cœur de la campagne [du FN].” Les juifs de France peuvent dormir tranquilles. Le Front National de la fille du père que vous connaissez bien, sera de meilleure compagnie pour Israël que certains socialistes (pas tous), frontistes de gauche et va savoir pourquoi Eva Joly et ses écologistes ! Comme mauvais jeton on ne fait pas mieux, ne trouvez-vous pas ?

Mais je vous le demande, s’agit-il d’une élection française, je dis bien française ou israélienne ? S’agit-il d’élire un Président français ou d’un israélien-Président comme on dit ici, dans notre pays (ainsi qu’ailleurs) « juif-français » et « français-catholique ou français-musulman », la religion semblant, pour eux, avoir priorité sur la nationalité.

S’apercevant que ses déclarations faites dans un pays étranger au nom des français de confession juive, pourraient avoir de sérieuses répercussions négatives sur cette communauté, notre Richard Prasquier a très vite publié sur le site du Conseil Représentatif des Institutions Juives, dans l’après-midi du 26 avril, un communiqué dans lequel il s’entremêle les pinceaux après avoir « affirmé une fois encore que François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient des amis ». A vous de juger la teneur de ce texte pour le moins embarrassé :

« J’ai attiré l’attention sur les positions de certains partenaires traditionnels du PS qui se sont trouvés jusqu’à maintenant au premier rang des manifestations les plus hostiles envers Israël, jouant un rôle dans une stigmatisation unilatérale de ce pays dont le caractère systématique et injuste nous choque profondément. J’ai aussi indiqué que dans l’esprit des institutions de la République c’est le Président de la République qui joue le rôle prééminent en matière de politique étrangère. » Puis, « En ce qui concerne le Front National, j’ai écrit qu’il n’est pas susceptible d’entrer dans une quelconque combinaison gouvernementale, quel que soit le résultat du vote. J’avais publiquement exprimé le fait que l’histoire de ce parti et ses positions allaient à l’encontre des valeurs de tolérance et de respect dans lesquels se sont épanouis les Juifs en France. Le vote du 22 avril, au cours duquel il a obtenu son plus haut score historique, n’a pas changé mon opinion sur le Front National. »

Il me faudra demander à mes amis – et j’en ai pas mal qui sont de confession israélite – ce qu’ils pensent d’un tel imbroglio qui risque de leur faire encore plus de tort que de bien dans un pays dont ils ont la nationalité pleine et entière. Pour moi qui suis à la fois juif, chrétien, musulman et plus profondément, athée, le leur dirai qu’à leur place je demanderai la démission du poste que ce monsieur occupe dans un « Conseil » qui, tout compte fait, n’a pas lieu d’être.


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