Le décret Crémieux et la fin du principe d’égalité en France

par Gérard Luçon
mercredi 30 juillet 2014

3 jours déjà que je cherche un titre sur un sujet particulièrement délicat, à savoir qu’est ce qui fait que notre pays, qui est un de ceux qui a le plus défendu et protégé les juifs depuis plus de 200 ans, continue à être suspecté par cette communauté d’être anti-juif, en amalgamant volontairement divers concepts et idées, par exemple en qualifiant d’antisémite toute personne antisioniste. Par ailleurs je voulais aussi comprendre comment la classe politique française, dans sa grande majorité, manque totalement de recul, incapable de traiter de la même manière et avec le même respect les diverses communautés composant la nation française.

Mais avant d’aborder le vif du sujet je me dois de raconter comment j’ai été amené à rédiger cet article. En vacances en Roumanie et me promenant dans Bucarest, Boulevard Magheru, je suis entré dans une bibliothèque, à la recherche de documents sur l’histoire de ce pays. Rapidement je suis tombé sur un livre bien en évidence sur un présentoir, dont le titre m’a provoqué : « Chestionea Evreiasca » (la question juive) de Mihai Eminescu, ce grand poète surnommé « Le Lucifer de la poésie roumaine » (Luceafarul poeziei românesti). Connaissant assez bien la période de l’entre-deux-guerres en France ainsi que celle de la 2ème guerre mondiale, un tel titre m’a au premier abord choqué ! Je savais que Karl Marx avait écrit dessus dans les années 1850 et que l’extrême droite française l’avait traitée comme un problème à réduire plus que comme un sujet à comprendre, dès 1940.

M’intéressant au contenu je découvre que ce livre est une compilation des articles écrits par Mihai Eminescu sur les problèmes d’intégration rencontrés par la communauté juive en Roumanie au milieu du XIXème siècle, et qu’il traite également de ce sujet dans les pays limitrophes et ceux plus lointains, comme la France. Bref un livre d’histoire comparative pour 4,5 euros, j’achète !

Je vais découvrir au fil des pages des situations surprenantes, gênantes, scandaleuses, compréhensibles, différentes selon chaque pays.

Que ce soit en Roumanie, en Prusse, en Russie, en Pologne, en Autriche, en Ukraine, en Hongrie, au XIXème siècle les Etats se méfient des juifs, de leurs coutumes, de leurs traditions, de leur fonctionnement social. Déjà bien avant cette époque (au XVIème siècle) les juifs de Prague devaient porter l’étoile jaune et rester confinés dans un ghetto, à noter un remarquable travail sur l’histoire des signes distinctifs imposés aux juifs depuis plus de 2 millénaires (http://www.alainamiel.com/signedistinctifs/signesdistb.html ).

Au XIXème siècle donc le Tsar de Russie décide de se débarrasser des juifs en les poussant vers l’occident, notamment la Moldavie roumaine, chaque pays prenant tour à tour des mesures « conservatoires » comme résidence surveillée dans des ghettos, interdiction de libre circulation, interdiction de se marier avec des non juifs, interdiction d’accéder aux fonctions électives, interdiction de changer de nom de famille, interdiction de pratiquer l’usure, obligation de laisser-passer pour se rendre d’un endroit dans un autre, bref tout y passe, chaque pays y va de ses mesures discriminatoires. Juste comme exemple, en Roumanie certains départements et certaines villes sont totalement interdits aux juifs (c’est le cas de Cîmpulung, 1ère capitale de la Roumanie –alors sous le nom de Tara Romanesc- dans le département de Muscel).

Au XIXème siècle la France se fait remarquer par un contre courant puissant dont l’apogée n’est pas le fameux « j’accuse » de Emile Zola, mais un décret, un simple décret dont la découverte me laisse pantois. En 1870 avec le décret Crémieux, la République française a abandonné sa devise « liberté, égalité, fraternité » pour favoriser essentiellement et de manière totalement discriminatoire les seuls individus de religion juive. Bien sûr la devise n’a pas changé, cette phrase « les hommes naissent libres et égaux en droit » reste toujours d’actualité mais seulement sur le papier ; comme disait Coluche : « libres et égaux en droit oui, pas en fait ! ». Nous en avons alors fini avec le principe d’égalité.

Concrètement ce décret dit ceci : « les israélites indigènes des départements de l’Algérie sont déclarés citoyens français ». Les autres, qu’ils soient catholiques, protestants, orthodoxes, bouddhistes, musulmans, athées, animistes, ne sont pas concernés !!! (voir le document joint en format pdf et les commentaires en fin de document concernant les abrogations et remises en circuit de ce décret, impressionnant de voir que le gouvernement de Vichy a jugé ce décret discriminatoire et que c’est le comité français de libération nationale qui va, très discrètement, le rétablir).

A noter que Adolphe Crémieux était juif et s’appelait en réalité Isaac Moise. C’est peut-être pour éviter ce type de décision favorisant une religion et une origine au détriment des autres que des pays (Prusse, Autriche par exemple) avaient interdit aux juifs de changer de nom et d’être éligibles ?

A noter que je n’ai eu connaissance de ce décret que parce que j’ai lu un livre d’Eminescu qui n’est pas paru en France et n’est pas traduit en français, que ce décret na toujours pas été abrogé bien qu’il soit désormais a priori caduc, faute de colonies.

A noter que la compassion réclamée en permanence par les juifs suite aux massacres dont ils ont été victimes devrait être plus orientée vers les pays qui ont activement participé à ces massacres, je pense par exemple à la Pologne, 240.000 soldats morts et 3,5 millions de juifs assassinés pour un total de 5,5 millions de civils morts ; manifestement cette armée polonaise qui veut maintenant aller guerroyer en Russie n’a pas servi à protéger sa population ! Paradoxalement la Hongrie, alliée de l’Allemagne, a eu plus de morts militaires que de civils. En France pour un nombre de militaires morts similaire à celui de la Pologne, nous avons eu 350.000 morts civils, dont 70.000 juifs.

A noter que l’existence de ce décret, le fait qu’il soit si peu connu, et cette compassion obligatoire liée à une tentative de culpabilisation permanente me laissent à penser que rien n’est un fait du hasard, et que ce tout relève d’une manipulation très bien orchestrée permettant l’existence de passe-droits comme l’a permis ce décret Crémieux, comme le fait que l’organisation paramilitaire nommée LDJ soit toujours autorisée en France, que le CRIJF dispose dans certaines villes comme Strasbourg de locaux gratuits (source http://www.alterinfo.net/Gracieusement-LE-CRIF-ET-L-AMBASSADE-D-ISRAEL-EXONERES-DE-FRAIS-DE-LOCATION-PAR-LA-VILLE-DE-STRASBOURG_a103666.html ), etc...

A noter enfin que je ne remets pas en cause les camps de concentration, les chiffres des uns et des autres, l’existence de la solution finale… qui sont de tristes et navrantes réalités du passé. Je demande simplement que l’Etat français vote des lois qui respectent notre devise, à savoir « liberté, égalité, fraternité »… et que les politiciens français annulent tous les passe-droits qu’ils ont attribué à divers groupes constitués ainsi que ceux qu’ils se sont attribués (emploi des femmes, enfants, petits enfants, cousins.. ; retraites surévaluées ; double emploi ; droit à l’absentéisme sans perte financière ; mandats multiples ; etc …).

Décret Cremieux

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