Le défi nord-coréen et le parisianisme anti-américain stupide...

par Daniel RIOT
mardi 10 octobre 2006

L’essai nucléaire nord-coréen était annoncé... « Mein Kampf » n’est qu’un exemple : c’est le propre des dictateurs d’annoncer ce qu’ils comptent faire. Et ce qu’ils font effectivement... Le plus terrible, c’est le sentiment d’impuissance que ce type d’événement engendre.... Qui ne condamne pas ? Même Pékin, l’allié privilégié de Pyongyang, affiche tristesse et colère. Pas seulement pour des questions de susceptibilité : les Chinois auraient été prévenus une heure avant...

Cet essai nucléaire nord-coréen a d’abord des motivations intérieures : ce régime « plus que stalinien » aurait dû imploser depuis longtemps. Mais... le couvercle de la cocotte-minute est bien verrouillé. Pas de jet de vapeur toléré... Le régime va en tirer un profit optimal : le nationalisme se nourrit de la fausse fierté nationale exacerbée...

Cet essai provocateur est aussi programmé pour des raisons extérieures. Joli calendrier : neuvième anniversaire de l’arrivée de Kim Jong-il au pouvoir, tournée du nouveau premier ministre japonais à Pékin et à Séoul... et nomination du Sud-Coréen M. Ban à la place de M. Annan à l’ONU. Bienvenue, Mister Ban ! Le Conseil de sécurité peut se réunir et condamner. Mais que peut-il faire ?

Négocier ? Cet essai marque l’échec des négociations Décider de sanctions ? Mais lesquelles ? La Corée du Nord vit déjà en autarcie. Seuls les Chinois pourraient couper les robinets du pétrole, mais pourquoi le feraient-ils ?

Une intervention militaire ? Mais où, comment et par qui ? Une nouvelle guerre de Corée ? Les Coréens du Sud, les Japonais et les Chinois sont les premiers à la refuser. Et Bush a déjà trop collectionné les bêtises, y compris à ses frontières mexicaines. Il existe des gens sérieux, à la Maison Blanche (mais oui) au Département d’Etat et au Pentagone...

Alors ? Alors rien.... Impuissance. Ce n’est pas le « cas coréen » qui inquiète le plus... C’est la mort du traité de non-prolifération des armes nucléaires... Quoi qu’on en dise, ce traité a jusqu’à présent permis de limiter, de contenir la dynamique de prolifération. Si le TNP n’existait pas, nous n’aurions pas huit Etats dotés de l’arme nucléaire, mais vingt ou trente. C’est ce qui nous attend. Pas seulement en Iran...

Déjà les professionnels de l’anti-américanisme militants critiquent Washington. Dans son éditorial de ce soir, Le Monde écrit : « Cette dangereuse "diplomatie au bord du gouffre" de Pyongyang est aussi un "fruit amer" de la politique menée à l’égard de ce pays depuis l’arrivée au pouvoir de George Bush. Et il convie à s’interroger sur le bien-fondé d’une politique théoriquement destinée à dissuader le régime de se doter de l’arme atomique, et qui a eu un effet contraire ». C’est fou ce réflexe qui consiste à rendre les Américains responsables de tout en les dénonçant pour tout... Qui disait que l’anti-américanisme était une forme d’infantilisme ?

Le Monde argumente, en plus : « En 1994, Pyongyang et Washington avaient passé un accord, sans doute imparfait, sur le gel du programme de production de plutonium nord-coréen en échange de la fourniture de centrales à eau légère et de garanties de sécurité. En provoquant, en octobre 2002, une nouvelle crise nucléaire, arguant d’un programme clandestin d’enrichissement d’uranium nord-coréen, Washington a fait sauter les seuls "verrous" aux ambitions de Pyongyang : le gel, sous la surveillance de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, de son programme à base de plutonium, prévu dans l’accord de 1994. Washington a déclaré celui-ci caduc et Pyongyang est sorti du traité de non-prolifération et a repris sa production de plutonium ». Quel raisonnement déraisonnable... C’est la Corée du Nord qui défie la « Communauté internationale » (qui n’existe pas ) et c’est Bush le « criminel »... Non. Redevenons un peu sérieux, Messieurs du Monde... Bush a plein de défauts que je déteste, mais je ne peux supporter ce type de fausse analyse. Un peu d’honnêteté intellectuelle, s’il vous plaît.

L’éditorialiste de ce bon journal ose poursuivre : « Paradoxalement, la quête d’une force de dissuasion de la part de la Corée du Nord est aussi un appel au dialogue avec les Etats-Unis afin d’obtenir des garanties de sécurité en échange de l’arrêt de son programme nucléaire. Les pourparlers à six - Chine, deux Corées, Etats-Unis, Japon, Russie - auraient pu être une enceinte de dialogue. Mais ils se sont enlisés. L’accord de principe, intervenu en septembre 2005 à l’issue de la quatrième session, a été suivi d’une offensive américaine contre les "menées criminelles" du régime, assortie de sanctions financières qui ont étranglé le pays. Et Pyongyang a alors refusé de revenir à la table de négociation. » Ah ! bon... C’est Bush qui a pressé sur le « bouton » nord-coréen. Désolé, Messieurs les penseurs du Monde : vous déconnez !

Je me retrouve, heureusement, d’accord avec l’éditorialiste du Monde sur un constat : « La bombe nord-coréenne constitue désormais un risque majeur, non seulement pour la région, mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale. Le monde doit compter avec une neuvième puissance nucléaire. Les risques de prolifération et, plus gravement, de transmission de technologies nucléaires à des organisations terroristes ne peuvent qu’en être accrus. Quant aux autres candidats à l’arme nucléaire, ils ne peuvent qu’être encouragés à poursuivre leurs programmes. » Cà, c’est un constat de bon sens... à la portée de n’importe quel citoyen un peu éveillé qui ne lit pas forcément Le Monde... Beuve-Méry, reviens ! Ils sont devenus fous...

Question stupide : qu’en pensent « Sarkogène » et « Ségozarky » ? La politique mondiale, c’est dur... De Villepin doit avoir raison, parfois. La diplomatie reste un art.


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