Le Dilemme des Rapatriés en Provenance de Syrie

par Dr. salem alketbi
mardi 12 février 2019

Après avoir tourné les pages du Jihad afghan et du retrait de l'ancienne Union soviétique d'Afghanistan en 1989, un problème complexe s'est posé concernant le sort de milliers de personnes retournant de ce conflit après avoir été engagées dans des guerres et des conflits sur des fronts non traditionnels. Ces personnes ont été appelées « Les Arabes afghans. » Et comme l'ignorance et le manque de coopération internationale ont été de mise face à ce problème, nombre d'entre eux ont déjà joué un rôle clé dans la naissance de nombreuses organisations terroristes dans le monde arabe. La plupart ont été impliqués sous le drapeau d’Al-Qaïda en Afghanistan, alors que d’autres ont exercé le terrorisme à différents niveaux.

Ce phénomène est maintenant au premier plan de la fin du conflit en Syrie, et de nombreux pays occidentaux pensent quant au sort de leurs ressortissants qui se sont rendus en Syrie pour participer au conflit sous le drapeau de Daech et Al-Qaïda et d'autres organisations moins importantes et moins efficaces. Les Etats-Unis ont recommandé aux pays occidentaux, conduits par la France, d’accueillir leurs citoyens qui ont rejoint les rangs des combats en Syrie et ont été arrêtés par les forces kurdes.

On sait que le nombre de combattants occidentaux dans les rangs des organisations terroristes en Syrie varie selon les estimations des services de renseignement et de sécurité occidentaux, mais le reste de ceux-ci correspond au moins aux estimations moyennes de quelques centaines de combattants. Le problème ne réside pas seulement dans le nombre, mais dans le sujet lui-même, parce que l’extrémisme, est tel un germe, peut être transmis dans une propagation similaire à une mosaïque terrible d’un individu à des dizaines et des centaines d’individus, en particulier sous l’influence des médias sociaux et de la facilité de communication et de transfert des idées.

Les pays européens qui ont fait l'objet d'attaques terroristes au cours des dernières années sont les plus inquiets du sort des rapatriés en provenance de Syrie. La Belgique, la Grande-Bretagne et la France sont en tête ici vu l'arrestation par les Kurdes d'environ 130 djihadistes portant les nationalités de ces trois pays européens.

La France a déclaré qu'elle envisageait « toutes les options » pour éviter l'évasion et la dispersion de ces personnes, sans exclure leur retour. La vérité est que la vision française paraît logique car des expériences antérieures indiquent que le pire scénario pour faire face à cette menace est d'abandonner d’y réfléchir et d’abandonner ces citoyens à leur sort, où ils pourraient être le noyau d'organisations terroristes plus dangereuses ciblant leurs pays d’origine.

La vérité aussi est qu’il s’agit là d’un problème pour l’ensemble de la communauté internationale, car les organisations terroristes ne représentent pas une menace pour un pays en particulier, mais constituent une menace mondiale qui exige le plus grand degré de coopération internationale pour la combattre.

Les pays occidentaux, pour la plupart, traitent ces terroristes par le biais de programmes « d'intégration » ou d'autres mesures visant à éviter leur retour au terrorisme, mais le danger réside dans la difficulté de surveiller leur comportement et ce, 24 heures sur 24.

Il est naturel que l’idée du retour des terroristes dans leur pays s’oppose aux différents courants politiques dans leurs pays. Toute personne qui a goûté à l’amertume du terrorisme et qui a été brûlée par son feu doit être prudente face au traitement de ses éléments et de ses auteurs, mais la fuite des terroristes retenus par les forces kurdes ou leur libération est le pire scénario pour ces pays, et les autres pays ne devraient pas porter la responsabilité de traiter avec ces terroristes.

Depuis quelque temps, nous avons écrit pour mettre en garde contre le dilemme des rapatriés en provenance de Syrie, mais il semble que les pays concernés ne se soient pas préparés à ce scénario et aient apparemment parié sur la possibilité de leur assassinat ou de leur arrestation en Syrie, mais la réalité et les expériences passées confirment que certains de ces éléments resteront en vie et libres et leurs pays devront être prêts à trouver une issue à ce problème.

Si le problème concerne des ressortissants occidentaux, le sort des citoyens de certains pays arabes impliqués dans le terrorisme en Syrie est également discutable. Des milliers d’Arabes sont allés se battre au sein des organisations terroristes en Syrie et il est difficile de reproduire le scénario des Afghans arabes., ou d’ignorer le sort de ceux qui en restent ou encore de les laisser en Syrie constituant une menace par leur poursuite attendue de poursuivre leur activité clandestine ou leur latence pendant un certain temps pour reprendre l’activité de l'organisation Daech dans certaines régions de la Syrie !

À mon avis, un consensus international devrait exister sur la création d'un tribunal international placé sous les auspices des Nations Unies pour traiter des terroristes de différentes nationalités impliqués en Syrie, ainsi que sur l'établissement de prisons spéciales dotées de fonds internationaux dans certains pays ou régions. C’est une responsabilité internationale partagée qui implique donc de traiter de tous les éléments de la crise, y compris du sort des terroristes actuellement détenus ou persécutés sur le territoire syrien.


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