Le Discours confus de l’Emir du Qatar

par Dr. salem alketbi
samedi 5 août 2017

Les discours politiques en général dépendent en grande partie de plusieurs facteurs importants, dont le premier est le contenu du discours. Les politiciens ne peuvent se contenter de répéter la même rhétorique politique des déclarations précédentes à chaque nouveau discours, mais doivent faire face à de nouvelles choses. Le deuxième facteur est la personnalité du président ou du leader politique et sa capacité à attirer et à convaincre le public de la crédibilité et de l’importance de son discours. Le troisième facteur est le timing, qui joue un rôle essentiel pour accorder des qualités supplémentaires au discours politique.

Le discours récent de l'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad, manquait de tous les éléments précédemment énoncés. Son discours était dépourvu de tout sujet important et n'a apporté rien de nouveau, ce qui soulève des questions sur son but et ses justifications. Des observateurs objectifs supposent que ce discours a la qualité de l'incitation politique et médiatique. Ce type de discours exige des leaders et des politiciens qui ont un charisme pour attirer le public et détourner leur attention du contenu du discours, qu'il s'agisse d'un discours nouveau ou ancien. La méthode de transmission d'un discours politique dans de tels cas est distincte et a des caractéristiques spécifiques en matière de performance et de style. L'émir ne possède pas le charisme pour pousser le public du Qatar, sans parler du monde arabe, à l'écouter passionnément, ni possède une façon attrayante de parler, ce qui a conduit à cette situation misérable où l'Emir semble lire un bulletin d’actualités et pas un discours politique.

Le contenu du discours nécessite plus d'un commentaire car il reflète une faiblesse politique et rhétorique de la part de son auteur. Le discours porte les caractéristiques du stratège Azmi Bishara, dans lequel le leadership qatari a mis toute sa confiance, même s'il le conduit au péril.

Le discours n'incluait rien de nouveau dans les politiques internes et externes du Qatar ou dans sa vision des problèmes, et n’a pas proposé de nouveaux traitements pour les crises que la politique qatarie a causées à son peuple. L'émir essayait seulement de remonter le moral de son peuple, mais il n'est plus capable de nourrir le moral d'un peuple qui souffre réellement des politiques imprudentes de son leadership et de son intransigeance face au Golfe et aux pays arabes.

L'émir du Qatar n'a pas expliqué le secret de son insistance à parler de la souveraineté du Qatar et à la relier aux exigences des pays du blocus. En même temps, il a accepté de signer un accord de sécurité avec les États-Unis et d'accepter sa supervision sur les institutions souveraines qataries par la présence de fonctionnaires américains qui vont surveiller le bureau du procureur général pour la mise en œuvre des engagements de cet accord.

Le discours aurait dû traiter les nouveaux développements, dont le plus important est l'accord signé par le Qatar avec les États-Unis et les soldats turcs qui viennent sur le territoire qatari pour protéger le trône de l'Emir au cas où son peuple serait en colère. Ce n'était pas le cas, comme l'Emir a continué à discuter de points connus et à envoyer des messages étranges tels que l'image de son père et de sa mère et à remercier son père pour tenter de gagner la sympathie des Qatariens, sachant que le temps n'est pas pratique pour parler du père de l'émir, qui a pris une grande partie du temps du discours.

L'Emir du Qatar n’a utilisé un vocabulaire politique spécifique que pour faire preuve de sympathie, reflétant une véritable crise de confiance dans la relation entre le gouvernement qatari et le peuple. La longue introduction que le prince a entamée a commencé à ressembler à une tentative d’acquérir une confiance populaire qui était douteuse et secouée par le boycott, auquel les dirigeants qatariens ne consacrent pas le sérieux et l'engagement politique qu’il faut. La manière dont l'émir a prononcé le discours a été une lecture rapide et réticente, reflétant la position du leadership qatari, son manque de confiance en soi, comme en témoignent l’évocation du père de l'émir pour restaurer la communication et retrouver son soutien populaire.

Le troisième facteur dans le discours politique est lié au timing, ce qui ne signifie pas que le moment du discours n'exige pas l'émergence de l'émir. Au contraire, son pays connaît une véritable crise qui nécessite un discours hebdomadaire pour annoncer ce qui s'est passé et les mesures prises par les dirigeants. La question n'est pas sur le timing du discours, mais il est étrange que ce discours soit publié et annoncé intensivement dans les médias qataris, ce qui suggère que quelque chose de nouveau s'est produit. Le peuple qatarien a découvert que l'émir n'apportait rien de nouveau et a simplement gaspillé beaucoup de temps à parler des exploits de son père et des idées et des titres sans chiffres ni données qui confirment la taille des effets du boycott sur le pays et les mesures prises pour régler ou réduire ces effets.

 


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