Le fameux retour de balancier réac

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vendredi 14 avril 2017

Depuis trente ans que je m'intéresse à la politique, j'entends régulièrement ce refrain lancinant. Il y aurait un frémissement politique, un retour de balancier idéologique en faveur de la droite, en faveur d'un catholicisme étant assuré d'être beaucoup moins décomplexé aussi parfois, où l'on se qualifie soi-même de « réac » selon les codes réthoriques de la gauche. Dernièrement je l'ai entendu de la bouche d'un jeune homme plein de bonnes volontés travaillant comme gestionnaire de portefeuilles boursiers. Il ne voyait pas la dichotomie entre ses tâches quotidiennes le mettant au cœur, à l'origine d'un système amoral par essence, et ses idées supposées.

Il évoqua de jeunes ecclésiastiques tellement dynamiques, tellement ardents qui porteraient des fruits plus que les anciens. Je n'en doute pas mais c'est toujours au cœur du même milieu car ces jeunes prêtres en viennent tous et ils ont beaucoup de mal à de rares exceptions à s'adresser à des croyants moins fortunés matériellement. Ils ne le font pas sciemment mais ne peuvent pas ontologiquement faire de l'apostolat réel envers des couches de la société déchristianisées. Ils ont beau accuser la télévision, les réseaux sociaux, l'internet, les profs, taper sur cette profession surtout ceux du public est leur divertissement favori, cela n'enlève rien à ce questionnement.

Bien entendu ce que j'écris ci-dessous ne concerne pas l'ensemble des personnes de ce milieu. Je ne me hasarderai pas à généraliser abusivement, mais je pense que leur plus grande part est cependant concerné.

A moins que ce ne soit des idées très superficielles au fond ou un genre d'alibi pour se dédouaner d'être aussi grégaire que les autres, et aussi libéraux libertaires que les autres. Ou alors c'est juste une manière pour de « bons » garçons et de « gentilles » filles très dociles pour se donner un semblant de personnalité, sans pour autant renoncer à l'éducation bourgeois donnée par Papamaman.

On a beau être rebelles dans l'âme on n'en est pas moins de bons enfants de ses géniteurs...

En effet j'ai beau écouter les discours politiques réputés enflammés, j'ai beau lire les articles, écouter les uns, les autres, les éditorialistes politiquement incorrects, je perçois encore énormément de timidité et de réserve et aussi un discours la plupart du temps peu cohérent avec la vie professionnelle ou personnelle de ceux l'ayant adopté ainsi que je l'ai dit plus haut. Enfin, qu'il ne vienne que d'un milieu extrêmement favorisé, endogame voire consanguin : on se fréquente avec les autres représentants de la politique de droite comme de gauche depuis des années, on est allé dans les mêmes écoles, on a fréquenté les mêmes milieux, voire les mêmes femmes.

On se range peu à peu ou d'un coup ensuite. Les enfants font du scoutisme dans la « troupe » qu'il faut, pas n'importe laquelle, la famille part en « session famille » dans une communauté religieuse dite « nouvelle » ou non. Et puis une fois rentrés au bercail, les grands et beaux discours sur-affectifs sont oubliés définitivement une fois le grand rassemblement lacrymal quitté.

La plupart de ces thuriféraires du « retour de balancier réac » n'ont en fait qu'une seule angoisse, qu'un seul souci : leur argent, leur patrimoine exclusivement matériel. Le culturel c'est un truc de « bobos », l'excuse on l'a trouvé déjà depuis plusieurs années, elle sert pour tout. Le « patrimonial » historique ou national c'est bon pour le vieil oncle de famille qui radote ses lieux communs antédiluviens en bavotant dans son consommé. On le pardonne, on pourrait en hériter. La motivation profonde du vote c'est le maintien des privilèges de la bourgeoisie en général, celle qui a pris le pouvoir il y a peu plus de deux siècle, qui le conserve même après avoir feint d'abandonner son hypocrisie foncière en « 68 ».

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

 

Amaury – Grandgil

 

illustration empruntée ici


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