Le fléau de notre époque, c’est l’avènement de la modération et le culte du tout relatif

par Marchetti Marius
samedi 6 juin 2015

Le problème de notre époque n'est pas qu'elle est remplie d'extrêmiste. Car qu'est-ce qu'un extrêmiste ? Un extrêmiste, c'est un individu qui n'accepte pas les demi-mesures, c'est quelqu'un qui suit des principes moraux en faisant tout pour limiter et annihiler les contradictions internes à sa philosophie.

Nous ne pouvons donc qu’affirmer que le fléau de notre époque, n’est pas le fait des extrêmistes, qui sont de moins en moins nombreux à notre époque (au sens de la signification ci-dessus), mais des modérés, des relativistes qui n’acceptent aucun principe selon la doctrine que « tout est relatif ». « Ce qui mène le monde à son inexorable défaillance, c’est sa perpétuelle habitude à se complaire de l’assertion suivante : »tout est relatif ; la vérité n’existe pas et nous devons donc faire preuve de Pragmatisme." Qui a donc conduit les gens à une attitude anti-dogme, anti-idéologie ? Les idéologues même :

« Les »idéologies« , c’est-à-dire des ensembles de principes, sont devenues généralement aussi antipathiques aux peuples qu’elles l’ont toujours été aux aspirants dictateurs, notamment à Napoléon Ier et à Karl Marx, les deux hommes qui ont donné à ce mot son sens péjoratif moderne. Si je ne me trompe, cette attitude à la mode, de mépris pour l’ »idéologie« et pour tous les principes généraux et mots en »isme« , est caractéristique des socialistes déçus ; ayant été forcés d’abandonner leur propre idéologie à cause de ses contradictions internes, ils en ont conclu que toutes les idéologies doivent être erronées et que pour être rationnel il faut s’en passer. » Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté

Ou du moins, certains d’entre eux, comme Marx, qui, affaibli par la découverte de contradiction interne à sa propre idéologie en a déduit que toutes les idéologies souffraient de défaillance, et qu’il fallait ainsi donc suivre le chemin du relativisme. Ma foi, il semble que ce chemin a été pris, depuis plusieurs décennies déjà, non seulement en France, mais également aux États-Unis. Ayn Rand en parle à plusieurs reprises dans son « Capitalism : The Unknown Ideal », et notamment lorsqu’elle parle des mouvements étudiants à l’Université de Berkeley dans les années 60. Mentionnant ces faits, elle cite plusieurs élèves, et le constat est effarant. Les réponses peuvent se résumer ainsi : À quoi bon se renseigner sur les idées, les théories, les idéologies, puisque la vérité n’est pas la vérité, et qu’il n’existe pas de lien entre une idée et la réalité ? La philosophie n’a pas de valeur, et l’homme ne peut exprimer de jugement de valeur. On aurait presque l’impression que Ayn Rand nous cite un des passages de son roman Atlas Shrugged ! De nos jours, qui ne pense pas et n’affirme pas que l’homme est un mouton et un pur produit de la Société ? Pas grand monde.

Le résultat de cette absence de philosophie, de cette négation de l’importance des idées, fait de l’homme contemporain un homme sans tête. Et la situation la plus dramatique est encore pire pour l’étudiant. Car lorsqu’il pose une question, la seule réponse qu’il obtient en général ... est qu’il n’y en a point, et que cela n’est que pure abstraction. On prétend à notre époque qu’il n’y a pas de noir ou de blanc en philosophie. Pour Ayn Rand, c’est une preuve de faiblesse que de dire cela :

« Quand un homme déclare : »il n’y a de blanc ou de noir [en morale]« , il fait une confession psychologique, et ce que cela signifie est : »Je ne suis pas disposé à être entièrement bon - et s’il te plaît, ne me considère pas comme entièrement mauvais.« » Ayn Rand

Mais, si les idées, la réflexion, la vérité n’existent pas, comment quelqu’un arrive-t-il à affirmer cela ? Soit le fait de dire que l’homme est un mouton est un argument réfléchi, mu par l’observation des faits, donc le produit d’une réflexion et donc l’homme en soumettant cet argument réfléchi se contredit (car le produit de sa réflexion tendrait à dire que l’homme est un mouton, sauf celui qui émet cet argument ; cf éthique de l’argumentation de Hans Hermann Hoppe), soit il ne se base sur rien, et nous montre que la désuétude a conquis notre espèce.

Ceci est, d’une certaine manière, une nouvelle forme de fascisme. On part aujourd’hui du postulat qu’un débat sans idée serait plus rationnel. Les relativistes, les pragmatiques, les nihilistes, ont ainsi séparé les sciences sociales de toute forme de philosophie et de jugements de valeurs. Ils ont expliqué que les hommes sont formés par leur histoire ou la société dans laquelle il vît. Ils ont fait voté des lois qui n’avait pour autre but que de détruire l’exercice des Droits Naturels. Ils ont mis en place la loi non-objective, qui « est l’arme de l’asservissement humain la plus efficace ». L’homme n’est pas mouton, ils l’ont fait mouton. Ils ont détruit, à coup de non-arguments (qui en étaient) la place des idées, des philosophies et des valeurs morales, et ils se sont étonnés de voir le matérialisme croître à ce point. Ils ont détruit l’esprit, et se sont étonnés de voir les hommes subjugués par la matière. Le fléau de notre monde, ce ne sont pas les idéologies, mais l’anti-idéologie idéologique.

« Le résultat pratique de la philosophie moderne est l’économie mixte d’aujourd’hui avec son nihilisme moral , son pragmatisme gamme-du-moment , son idéologie anti-idéologie , et son recours véritablement honteux de la notion de » gouvernement par consensus « . [...] Une fois qu’un pays a accepté l’effacement de principes moraux, des droits individuels, de l’objectivité, de la justice, de la raison, il est soumis à la règle de la force brutale légalisée. » Ayn Rand, Capitalism : The Unknown Ideal


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