Le FN reprend-il de la vigueur ?

par La Rose Blanche
mercredi 24 mars 2010

Tous les commentateurs s’accorde à dire que le FN revient en force. Au regard des chiffres, rien est moins sûr !

Analysons les résultats depuis les présidentielles 2002.
D’abord au vu des résultats, il est vrai qu’on ne peut comparer que ce qui est comparable, chaque élection à ses spécificités par rapport à son importance, ses enjeux, son mode de scrutin.
Entre les présidentielles de 2002 (point culminant du vote frontiste) et 2007, le FN perd quasi 1 million de voix soit 20 % on voit tout de suite 2 facteurs :

- la perte du 2nd tour 2002 qui "casse le mythe" : le FN ne sera jamais un parti présidentiel (en tout cas pour le moment) en gros « s’il ne peut pas gagner l’élection présidentielle pourquoi voter pour lui ? »

- la captation des électeurs FN par Nicolas Sarkozy, en réussissant à se rémunérer sur le capital de la lepénisation des esprits par le maniement des thèmes de l’insécurité, de l’agitation policière et de la lutte contre l’immigration subie.
S’en suit la confirmation du transfert des voix du FN vers Sarkozy pour ces 2 raisons ci-avant :
Perte de 1 ,75 millions de voix entre les législatives de 2002 et 2007 soit 61 %, dû aussi à l’effet de levier de la proximité entre élections présidentielles et élections législatives au bénéfice du camp vainqueur des présidentielles.
Perte de 600 000 voix aux européennes entre 2004 et 2009 soit 35 %, plutôt un retour à la tendance avec une aggravation, Sarkozy spéculant toujours sur le travail d’imprégnation culturel du FN.
Pour ces élections régionales, au 1er tour, perte de 1,34 millions entre 2004 et 2010 soit 37 %
Et au 2nd tour, avec 1,945 millions de voix en 2010 il est difficile de comparer avec les 3.2 millions de voix en 2004 car en 2004 le FN se maintenait dans 16 cas au 2nd tour et 12 en 2010. Cependant on peut noter une baisse de 22 % dans les régions de 2010 allant de -1% à -51 %. L’effet « famille Le Pen » n’est pas notoire, il permet juste de limiter la « casse » (-5% pour Le Pen père et -15% pour Le Pen fille), sachant que les Le Pen n’étaient pas tête de liste en 2004.
En nombre de sièges, le FN se maintient avec 118 sièges.
Au vu de ces résultats, on ne peut pas parler de résurrection du FN. Il profite de l’augmentation de l’abstention (34 % en 2004 contre 49 % en 2010) qui surcote ses résultats et augmente ses pourcentages, ce qui trompe les commentateurs. Le FN continu à subir une baisse en nombre de voix à élections similaires mais dans la séquence politique 2007 - 2010 on peut noter qu’il stoppe son hémorragie (rapport 2.11 entre européennes et régionales en 2004 et 2.06 en 2010).
Avec le débat tronqué sur l’Identité Nationale, la chasse aux sans-papier et la course aux expulsions, le gouvernement n’a pas favorisé le FN mais a certainement fixé les esprits lepenisés sur l’UMP, radicalisant ainsi l’électorat UMP. La part refusant cette radicalisation s’est abstenue ou pour les moins conscientisés a pu revenir à gauche.

En conclusion, ce n’est pas un retour du FN mais il montre qu’il bouge encore. Par contre la Lepénisation des esprits progresse culturellement, puisque le gouvernement s’appuie dessus. Il ne reste plus qu’au FN d’attendre en embuscade le moment historique où l’électorat préférera l’original à la copie…

Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Front_national_(parti_fran%C3%A7ais)
http://elections.interieur.gouv.fr/FE.html
 

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