Le gars dans sa cahute

par diverna
jeudi 26 juillet 2012

Divagation à partir d'un fait de société. La France présente une organisation du travail considérée comme protectrice. Il y a de curieux trous dans cette trame qui révèlent les avancées du modèle libéral.

18H30 ce mercredi et encore quelle chaleur. Dans ma bagnole la clim (pas très bonne sur ma C3) fonctionne au max. Je viens faire le plein et j'ai choisi le super marché qui a des tarifs intéressants. J'arrive pour payer et je constate que dans sa petite cahute le gars est décomposé par la chaleur qu'il a dû supporter toute l'après midi et je me repars avec une interrogation. Nos grandes surfaces et supermarchés, après avoir balayé le commerce de proximité ont développé des stations services avec des prix d'appel qui ont sonné le glas de bien des stations service. Même dans la plus petite de ces stations service celui à qui vous allez payer est dans une structure bien isolée ; je fais un aparté pour les stations autoroute où se développent les "postes avancés" mais nettement mieux protégés que ce qu'on voit dans les grandes surfaces. Les grandes surfaces (et chaînes de super marchés) sont un peu le fer de lance de l'économie très compétitive sur notre territoire, à tel point que les étrangers sont souvent surpris par le gigantisme de nos hypermarché et les cas de pression sur les producteurs (de fruits et légumes, par exemple) pour avoir des prix cassés sont légions. Bref, un monde qui semble avoir tous les droits.

On pourra trouver mon élucubration éxagérée à partir d'un malheureuse cahute mais il y a aussi les horaires d'ouverture et le cas des dimanches. Ces points de ventes supposés être à l'écoute du consommateur nous ont donné des habitudes qui enferment toute une population qui n'a pas le choix dans des boulots qui tuent la vie. Nous avons un modèle social que nous avons déjà bradé à l'aune de petites économies (la différence entre le prix du SP98 entre grandes surfaces et station indépendante) et de facilités d'horaires : les courses à 20H00 ou le dimanche, vers midi). Autrement dit, il y a un modèle social pour les fonctionnaires, les employés d'assurance et de banques et il y a ceux qui font tourner la boutique à fond les manettes et toujours à la recherche du profit maximum, de telle sorte que des structures style autoutières ne sont pas mises en place et que le gars peut bien crever de chaud ; s'il n'est pas content, avec 3 millions de chômeurs il y aura toujours un autre gugusse pour prendre sa place.

Cette faille, ce décalage, dans la société française me paraît illustrer ce par quoi notre économie s'est trouvée engagée dans une direction en contradiction avec le modèle , avec les principes affichés ; le ver était dans le fruit. Le marché commun était en accord avec le type de société conforme aux valeurs françaises, celles de la sécurité sociale. On ne peut pas échanger sur un pied d'égalité avec des pays qui pratiquent à plus grande échelle que nous la recherche du profit maximum sur le dos de salariés travaillant dans des conditions précaires. Je vois dans l'illusion que notre société vivait bien avec une frange hyper-compétitrice la faute originelle qui a laissé croire que l'Europe des marchés qu'on a substitué au Marché commun serait un peu comme en France. Le mot d'ordre étant : "favorable au consommateur" . Sauf que nous ne sommes pas que des consommateurs et que notre société comporte des pans incompatibles à terme avec une telle recherche du profit maximum.

En dehors du fait que je m'étonne qu'aucun inspecteur du travail ne soit jamais passé en journée chaude devant l'une de ces cahutes, je veux faire voir que nous creusons notre malheur (pas vraiment notre tombe) futur en acceptant ces situations et, par là, ce que les eurocrates organisent. Parmi les options face à la faillite qui galope, il y a le changement de type de société et le refus du "tout marché". Si l'Europe ne peut pas servir à réguler les entrées de produits venus de l'extérieur alors il n'y a rien de bon dans cette Europe. Des échanges avec l'extérieurs sont nécessaires, ne serait-ce que pour l'énergie (pétrole, gaz etc...) mais si nous ne mettons pas un frein à l'entrée de tous les produits bas de gamme qui fusillent notre économie, il faut être clair : il n'est pas possible de maintenir une protection sociale, un modèle français et tout ce qu'on nous présente comme notre spécificité sociale n'est qu'un poids qui explique le déséquilibre avec les pays dits émergents. L'Europe des marché c'est le gars dans sa cahute.


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