Le Grand Imam d’Al-Azhar ... Imam de la Tolérance

par Dr. salem alketbi
mardi 29 janvier 2019

Le Grand Imam Ahmed Al-Tayeb, Cheikh d'Al Azhar, président du Conseil des Sages Musulmans, a récemment lancé un débat animé sur les médias sociaux égyptiens au sujet de la décision du conseil de discipline de l'université Al Azhar de renvoyer une étudiante pour un comportement jugé « incompatible avec l'éthique et les traditions de l'université et de la société. » L'intervention du Grand Cheikh d'Al-Azhar a eu lieu pour mettre fin à la sédition provoquée par certains par le biais des médias sociaux, qui sont devenus un champ de bataille pour toutes choses sans aucune norme définissant ce qui est juste et vrai de ce qui ne l’est pas, en particulier en ce qui concerne la religion et les aspects moraux et éthiques des sociétés arabes et islamiques.

Je ne traite pas dans cet article de la décision du Conseil supérieur de discipline de l'Université Al-Azhar, en tant que décision administrative basée sur des critères spécifiques qu’il n’y a pas lieu à discuter, et parce que la décision visait manifestement davantage la dissuasion que porter atteinte à l'avenir de l'étudiante. Et j’affirme que si le Conseil supérieur de discipline avait pris  décision moins sévère, il aurait également fait l'objet d'une féroce campagne de diffamation par les soi-disant religieux qui se sont érigés en tant que protecteurs de la foi !

L’intervention du Grand Cheikh d’Al Azhar a appelé le Conseil de discipline à tenir compte du jeune âge de l’étudiante et de son avenir avant de prononcer la peine de renvoi définitif, et à assumer le devoir de conseil et d’orientation avant de recourir à l’imposition de sanctions. C’est bien là une sage position digne de Son Eminence le Grand Imam et représente la meilleure réponse à tous ceux qui mettent en doute Al-Azhar et ses orientations.

En effet, de telles questions sont le type de questions modernistes imposées par les développements du monde virtuel et des technologies de communication. Elles posent donc les bases permettant de traiter des questions similaires pouvant émerger ultérieurement, afin que ce genre de décisions ne soient pas exploitées comme prétexte pour lancer une attaque contre la religion islamique et l'accuser d'extrémisme.

Le principe de base est que les choses ne peuvent pas être laissées sans normes, sans quoi les sociétés vivront dans le chaos et la turbulence morale, d’autant plus que nous parlons d’une université parmi les plus anciennes dans le monde islamique, dotée de règles qui préservent son prestige et établissent sa crédibilité scientifique et religieuse. Ce principe de base est traduit en un ensemble de normes mises en œuvre dans leur intégralité grâce à une profonde compréhension du contexte entourant toute violation de ces règles et cadres moraux. Laisser les choses sans normes transformera les communautés en un champ de bataille, de conflits et de sédition à un moment où certains se sont proclamés protecteurs de la religion, tandis que d’autres se sont proclamés protecteurs des libertés et leaders de leur temps en matière de renouveau de jurisprudence et de religion !

En effet, les médias, dont certains ont porté de sévères accusations contre l’Université d’Al Azhar, sont les mêmes médias qui ont émis des accusations contre la jeune fille avant la décision de l’université de la renvoyer de façon permanente. Il suffit d’indiquer que l’incident a été défini dans les médias comme « la jeune fille de l’étreinte », ce qui signifie que la jeune fille a été punie par la diffamation médiatique avant toute décision administrative, malheureusement avec des conséquences plus sévères sur les plans social et psychologique , affectant la jeune fille de manière plus profonde que la décision du conseil de discipline. Cette diffamation médiatique grossière peut avoir fortement contribué à faire pression sur le Conseil de discipline pour qu'il prenne une décision en réponse à la colère de la société, une colère à laquelle les médias sont supposés avoir joué un rôle !

Les médias ont émis l'accusation et l'avaient promue lorsqu’ils ont résumé le récit avec les mots « la jeune fille de l’étreinte », puis ils sont revenus accuser le Conseil de discipline, de dureté et de cruauté, lorsqu'il a pris la décision de renvoyer la jeune fille définitivement !

Le Grand Imam d’Al-Azhar, l'Imam de la Tolérance, a bien agi en intervenant rapidement pour nous donner une leçon de mise en œuvre des règles et des procédures qui servent au mieux l'intérêt de l'être humain, sans nuire à personne, tout en préservant les valeurs et l'éthique de la société. Et c’est l’essence même de la modération dans notre vraie religion, comme c’est l’essence même de la valeur de la tolérance à laquelle nous appelons tous cette année, qui est devenue l’Année de la Tolérance aux Émirats arabes unis.

Ceux qui ne réalisent pas la valeur de l'intervention de Son Eminence devraient suivre les hashtags qui prévalaient au moment de l'incident, que certains ont exploité pour promouvoir des valeurs étranges et appeler à la pratique de cet acte sur des places publiques et dans différentes universités, au mépris des valeurs sociales et de l'éthique !

Merci, Grand Imam d’Al Azhar, d’avoir consolidé l’un des principes les plus importants de la religion islamique, la religion de la tolérance et de la modération, et de défendre les intérêts de la société et d’éviter un nouveau fascisme dont nos sociétés arabes et islamiques n’ont absolument rien à faire.

La leçon que nous tirons tous de cet incident éphémère est que les médias cessent de rivaliser avec les médias sociaux et de se précipiter pour accélérer le rythme des crises et de la mobilisation sociale, et qu’ils devraient jouer leur rôle éclairant, qui harmonise le rythme des sociétés à la lumière de la prise de conscience collective des valeurs et de l'éthique découlant de la Religion, et des traditions et coutumes.


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