Le jeu dangereux des spin doctors : le risque de l’embrasement sociétal

par Jean Pasquier
lundi 14 octobre 2019

À quoi jouent les nouveaux maîtres de la pensée commune ? Un temps dépassé par la bête sociale façonnée en partie par leurs soins, les bien nommés gilets jaunes, ils ont repris la main en instrumentalisant, au risque d'un embrasement de notre pays, le débat sur les sujets sociétaux : GPA, féminicides, Islam... Mais à quel prix ?

Se battre pour l'égalité salariale ou l'égalité face à l'adoption n'est pas un sot combat. En effet, les critiques envers ces causes pleuvent allègrement, du fait qu'elles mettent un voile sur d'autres combats prioritaires aux yeux de certains. La démarche ici sera d'expliquer que ces causes sont instrumentalisées pour accroître la zizanie au sein de notre société, et laisser le champ libre aux dominants.

 

Les luttes sociétales : louables mais trop facilement malléables ?

La scène où ce conseiller municipal RN opportuniste s'en prend à une parente d'élève voilée est d'une violence difficile à supporter pour le commun des mortels, tout comme le voile peut être considéré comme une violence vis-à-vis des femmes lorsqu'il est imposé. C'est du pain béni pour nos éditocrates avides de temps du cerveau disponible souhaitant provoquer la discorde.

Qui est la victime dans l'affaire ? Le rural voyant son village se vider de ses activités, l'usine historique de la région être délocalisée, ses services publics disparaitrent petit à petit, l'accès limité à l'éducation et le bombardement médiatique incessant le manipulant à petit feu. Cet immigré dont la famille est en France depuis une ou deux générations, laissée pour compte par la république, se raccrochant à sa foi du fait que la société ne lui accorde aucune place si ce n'est celle du bouc émissaire . Aucun des deux à vrai dire. Ces deux populations opprimées que l'on oppose pour provoquer un tintamarre afin de rendre opaques les malversations financières, les fraudes fiscales à grande échelle, le dépeçage des acquis sociaux de nos aïeux fonctionne du tonnerre. 

 

Une main tendue vers les féministes intersectionnelles

Le patriarcat est toujours en vigueur en France, mais dans une forme véritablement aseptisée si l'on compare au reste du monde. Il est toujours difficile d'entendre, alors que l'on a intérieurement souffert de discrimination, que notre lutte est secondaire et arrange les maîtres de ce monde par rapport au flou qu'elle crée. Il faut s'évertuer à bannir la binarité dans ce débat.

Les femmes ont récemment acquis le droit de travailler, d'avoir un compte, d'être indépendante, de voter et de jouir sans entraves au même titre que les hommes. Dans le milieu professionnel du tertiaire, elles s'en sortent à merveille si ce n'est mieux que les hommes, maîtrisant les coeurs des métiers de service. Il y a une véritable demande d'équité face à la paie, et pour l'avoir vécu, je comprends cette attente. Ce secteur laisse bien moins de place à la force physique que le primaire et le secondaire et la testostérone ne sont plus tant un atout que cela. De plus, Il faut savoir rester mesuré et ne pas dire un mot plus haut que l'autre. La sournoiserie et la perfidie étaient essentiels pour grimper les échelons. Toutefois, lors de la négociation pour la rémunération, il faudra savoir faire preuve d'aplomb pour ne pas se faire manger tout cru par le supérieur hiérarchique, et c'est bien souvent que les femmes perdent à ce jeu-là. Néanmoins, quand un agriculteur gagnant un peu plus du RSA, étant endetté jusqu'au cou pour acheter et entretenir ses machines, voyant sa santé se dégrader de jour en jour suite à sa proximité avec les pesticides, tendent ce genre de revendications, son appui à la cause est, comment dire, inconcevable.

Faire preuve de disctinction et savoir prendre la hauteur

En plus de mettre en avant ces luttes sociétales, les massmédias les instrumentalisent en partageant les opinions les plus bêtes et arrêtées. Il va être facile de mettre en avant un "beauf macho" décrédibilisant le camp adverse comme montrer Mme Schiappa comme le porte-étendard de la cause féministe n'apporte en aucun cas de l'eau au moulin de la cause de tant de femmes.

Le débat n'est pas libre, l'opinion est orientée par nos éditocrates pour diviser l'ensemble des opprimés et les monter les uns contre les autres. Il faut que chacun arrête l'extrémisme et l'hystérie dans ses propos et pratique la politique de la main tendue vers l'autre. Les alliés déclarés ne le sont pas toujours et profitent de la zizanie pour sortir leur épingle du jeu et triompher en tant qu'individu, ou jouent le rôle d'agent double.

Ces causes sont louables et chacun des camps à des arguments qui se tiennent. Néanmoins, l'hystérisation du débat et le rôle partial du médiateur rendent l'ensemble des échanges stériles, n'ayant plus que pour but de gagner du temps. La disparité des luttes et la désunion de l'ensemble des parties prenantes nuit aux avancées sociales.


Lire l'article complet, et les commentaires