Le mépris face à la désespérance !

par CHALOT
lundi 20 mars 2017

A chaque fois que je vais au tribunal d’instance pour accompagner une famille poursuivie par un bailleur, je suis impressionné par le climat qui y règne.

Il y a tous ces « justiciables », des « petites gens » calés dans leurs sièges attendant le couperet et ces avocats pour presque tous au service des bailleurs.

Très peu, trop peu de locataires menacés d’expulsion ont pris un avocat.

Ils pourraient demander l’aide juridictionnelle mais peu vont jusque-là.

Ils ont un logement, des dettes qui s’accumulent, une peur au ventre et beaucoup, découragés, répondent à la convocation sans même d’ailleurs préparer un dossier.

Vendredi dernier, je suis allé à la demande d’une mère de famille.

Cette femme, mère de trois enfants, vivant avec son compagnon a quitté son logement avec sa famille, suite à l’ordonnance d’un juge.

Aujourd’hui, ayant déposé un dossier de surendettement recevable, elle était poursuivie par son ancien bailleur privé qui contestait l’effacement de dettes proposé par la commission de la Banque de France.

Normalement tout était « nickel » puisqu’elle avait quitté l’ancien logement avant même d’être expulsée et qu’elle avait trouvé un logement social dont elle et son compagnon réglaient les quittances régulièrement….

C’était un nouveau départ pour cette famille, les deux conjoints cherchant du travail pour enfin avoir une vue plus dégagée sur la vie.

Scandalisé, j’ai failli ouvrir ma bouche - ce qui m’est interdit comme membre du public - quand l’avocate de la partie adverse osa dire que cette femme aurait fait un troisième enfant juste pour se tirer d’affaire.

Quelle honte ! oser porter un jugement de valeur sur le choix intime d’un couple.

Non, madame, ce n’est pas parce que cette famille est pauvre que le couple fait des gosses pour les allocations familiales !

Ce couple, madame l’avocate, élève avec amour et sérieux leurs enfants comme le font beaucoup d’autres malgré leur situation financière !

J’ai senti que le juge n’appréciait pas trop le commentaire « méprisant » de l’avocate.

Nous allons suivre l’affaire, attendre le jugement ….

De nombreuses familles en difficultés regardent avec inquiétude les jours défiler avant cette date fatidique de la reprise des expulsions locatives.

Cette famille a un toit et repart de bon pied mais combien d’autres n’osent même pas s’adresser à des associations pour obtenir des conseils et une aide ?

Les expulsions cela n’arrive pas qu’aux autres.

C’est cela la réalité : les locataires expulsés sont des victimes d’un accident de la vie ou de difficultés financières liées au chômage ou à une séparation… Ce ne sont pas des mauvais payeurs.

N’oublions pas qu’une expulsion coûte énormément à la famille, bien entendu et à la collectivité publique… beaucoup plus cher que les moyens qui pourraient être mis en place pour accompagner en amont les familles en difficulté.

Nous essayons modestement dans l’agglomération melunaise d’informer et d’aider les familles

En mettant en place une permanence et un téléphone.

Jean-François Chalot

 


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