Le ministère de la Culture m’a tué...

par Emile Mourey
samedi 11 décembre 2010

Jamais un peuple n’a été autant trompé sur les origines antiques de son histoire que le peuple français ! Rarement un gouvernement n’a utilisé aussi bien la langue de bois pour éviter de répondre franchement à une question qui lui était posée. En 1999, après l’intervention de plusieurs représentants de la nation que j’avais alertés sur l’erreur de localisation de Bibracte, madame Trautmann, ministre, déclarait que la question de l’éventuelle mise en cause du bien-fondé de cette localisation n’était pas un sujet de débat. En 2001, madame Tasca, ministre, récidivait. En 2003, de nouveau saisi par M. Perben, garde des sceaux, M. Aillagon, ministre, demandait à son directeur du patrimoine d’étudier sérieusement la question.

Spécialiste de l’âge du fer et directeur du centre archéologique européen du mont Beuvray, Vincent Guichard, dans une interview accordée à France Culture le 11/02/95, a déclaré qu’il ne fallait pas recommencer pour Gergovie la polémique d’Alésia. On ne peut pas être plus clair pour dire qu’on refuse tout débat, que cela soit pour Bibracte ou pour Gergovie. Mes adversaires se servent de la polémique d’Alésia pour faire un amalgame. Ils mélangent le tout et ils le font volontairement. Dans le Progrès de Lyon du 18/4/99, le journaliste Jean-Philippe Mestre écrit au sujet de M.Christian Goudineau, professeur au Collège de France : « Il les écarte (mes arguments) avec le bouclier de la science et l’armure de l’institution, sans se donner la peine de les réfuter. »

Ce qui n’empêche pas ce dernier de se déchainer dans la presse à l’égard de ceux qui, aujourd’hui encore, chevauchent sur des chimères dépenaillées (numéro hors série de l’Archéologue 1998), ni Vincent Guichard d’ironiser sur les savantes interprétations qui sont évidemment les miennes http://www.gergovie.arafa.fr/.

Que voulez-vous faire dans ces conditions face à une technostructure dont les membres, où qu’ils soient, se tiennent la barbichette à un point qu’il est difficile d’imaginer, où les promotions, les publications, et j’en passe, ne se font qu’à condition d’être dans la ligne tracée, où les éditions et journalistes spécialistes sont tributaires des informations qu’on leur donne ? Que voulez-vous faire quand les comités de lecture des maisons d’édition, éditeurs de revues diverses, journalistes indépendants, sont incapables de juger par eux-mêmes, tellement le niveau de culture et d’instruction a baissé dans notre pays ?

Non ! Je ne suis pas d’une nature polémique mais c’est le ministère de la Culture qui m’y contraint. Quand j’ai écrit à ce ministère - que ses services relisent mes lettres - c’est pour l’alerter, pour l’informer et pas pour autre chose. N’est-ce pas le devoir de tout citoyen et contribuable d’agir ainsi quand il s’agit de l’intérêt du pays ? Bien sûr, il y a la voie démocratique de base qui consiste à s’adresser à son député. Encore faut-il que les ministres répondent à ces députés sans langue de bois. Car, dans ce cas précis, les ministres interrogés ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas été alertés mais qu’ont-ils fait ? Et leurs services et collaborateurs qu’ont-ils fait, eux aussi ?

Ce ministère de la Culture n’a rien fait sinon que de m’envoyer dans les cordes.

Lettre du 27/10/2000 de M. Michel Duffour, secrétaire d’Etat à la Culture :

Je cite : ... Il ne paraît pas utile que le ministère de la culture et de la communication entretienne une polémique avec une personne, qui comme beaucoup de passionnés de son espèce, se place dans la posture de l’homme seul face au poids de la « science officielle  ».

Autrement dit : je suis un cinglé.

Lettre du 18 février 2003 de Dominique Vinciguerra, Ministère de la Culture, le chef de cabinet.

Je cite : ...Je note tout d’abord que dans l’abandon courrier que vous avez adressé depuis plus de dix ans aux autorités gouvernementales successives, vous n’avez produit le moindre élément d’une documentation susceptible d’inciter un ou des archéologues à entreprendre des recherches de terrain pour vérifier (confirmer ou infirmer) ce qui ne peut que demeurer hypothèse.

Et les livres que je vous ai envoyés ? Et les explications, les arguments que je vous ai exposés dans mes lettres comme vous le reconnaissez implicitement en rappelant mon abondant courrier ?

C’est pourquoi le ministère de la culture et de la communication s’en tient aux publications scientifiques issues des travaux de terrain qu’ont dirigés en particulier MM. Vincent Guichard ou Michel Reddé. C’est pourquoi vous a été adressé le bilan de onze années de recherche (1984-1995) à l’oppidum de Bibracte publié dans la revue Gallia.

Un bilan de fouilles qui, comme le reconnaissent les deux ministres précitées Trautmann et Tasca dans leurs réponses au journal officiel, n’avait pas pour objet de traiter de la localisation du site... de qui se moque-t-on ?

Vous contestez la pertinence et l’intérêt des travaux de recherche archéologique menés sur ce site comme vous contestez la qualité de la lecture de César par de nombreux traducteurs et auteurs.

En effet. Où sont les merveilleux objets de l’art celtique qu’on s’attendait à trouver dans les fouilles de ce mont Beuvray ? Où est la preuve qu’on attendait pour confirmer l’hypothèse qu’il s’agissait bien du site de Bibracte ? Pourquoi dans le bilan précité, est-il maintenant dit que les fouilles n’ont plus pour objet que de comprendre l’architecture des bâtiments et l’environnement, pollens et autres, alors qu’on attendait autre chose ? Quant à la lecture de César, pourquoi ne faites-vous pas appel à des latinistes confirmés pour vérifier mes dires plutôt que de vous fier à des archéologues qui n’y connaissent rien en la matière ?

C’est là votre liberté de citoyen mais il ne faut pas attendre de l’autorité ministérielle une consécration officielle et scientifique de thèses qui n’ont pas été soumises à une validation scientifique.

Je n’ai jamais demandé cela. Qu’on relise ma réponse !

A M. Vinciguerra, le 20/2/2003 ...Je reçois, ce jour, une lettre en date du 18 février, sans numéro d’enregistrement, qui, je pense, a dû échapper à votre attention. En effet, comme il l’a écrit dans sa lettre citée en référence, M. Aillagon s’est engagé à informer, lui-même, M. Perben de la suite réservée au dossier cité en objet. C’est donc par ce canal que j’attends la réponse aux questions que j’ai soulevées.
Cette lettre du 18 février a été rédigée par un membre du personnel de la Sous-direction de l’archéologie au style administratif facilement reconnaissable.
Il n’est pas exact d’affirmer que je n’ai jamais fourni de documentation susceptible de… alors que mes ouvrages figurent à la bibliothèque de ce service depuis 1993 (cf. DP/B2/PGM/CG du 4/3/93) et que ma traduction des textes antiques peut facilement être vérifiée par des professeurs de l’Education nationale.
Quant au bilan des fouilles 84-95, Madame Trautmann reconnaît qu’il ne s’y trouve qu’une unique allusion concernant la question de la localisation de la ville de Bibracte (JO du 19/04/99, pp 2337) et Madame Tasca précise que ces recherches archéologiques ont été opérées à partir de questionnements d’ordre historique d’où la question de la localisation de Bibracte était absente (JO du 2/07/2001, page 3835).
Dans ces conditions, je ne peux qu’attirer l’attention de M. Aillagon sur la léthargie du Conseil National de la Recherche archéologique qui ne lui a pas encore présenté un dossier objectif de la question.
Enfin, dire que je demande à l’autorité ministérielle une consécration officielle et scientifique de mes thèses est un pur mensonge. Je n’ai jamais eu la prétention de dicter sa conduite à un ministre de la République.
Veuillez agréer, cher Monsieur, l’expression de mes meilleurs sentiments.

Copie à M. le Ministre de la Culture


 

 


Lire l'article complet, et les commentaires