Le monde qatarisé (suite et fin)

par Réflexions du Miroir
jeudi 15 décembre 2022

Je ne pensais pas écrire la suite de mon billet précédent sur Agoravox.

Je me suis ravisé. 

Je reprends le billet là où je l'ai laissé.

Au documentaire "Qatar une dynastie à la conquête du monde".

Documentaire que j'ai résumé et analysé avant de commencer une fiction futuriste.

Ce documentaire explique comment depuis maintenant trois décennies, le Qatar, ce petit royaume désertique, veut étendre son pouvoir financier sur le monde et pas uniquement à cause de ce Mondial de foot. Il y a trois décennies qui le précèdent. 

"C'est un pays qui aurait pu ne pas exister avec une monarchie absolue des al- Thami héréditaire et autoritaire, basée sur la charia de Zene et qui aurait pu rester la plus pauvre de la planète sans sa découverte du gazUne monarchie qui avec une population de 300.000 habitants, s'est lancée à la conquête de la planète avec des ambitions pour revendiquer de propager ses propres méthodes idéologiques paradoxales et à apparence schizophrènes situées entre deux puissances musulmanes que sont l'Iran d'obédience shiite, l'Arabie saoudite d'obédience sunnite et tiraillée aussi entre l'ouverture à l'Occident et le conservatisme religieux bédouin.".

Résumé : Dans le passé, les caravanes de chameaux et bédoins traversaient le désert. Aujourd'hui, dans l'espace temps d'une seule génération, les chameaux ont été convertis en 4X4 pour conduire les bédouins à la chasse à cour aux pigeons à l'aide de faucons utilisés comme dans le passé de manière artisanale. Cette compétition est gratifiée par des prix fabuleux offerts par la famille royale. Montants de prix qui sont utilisés dans des temples de la consommation du luxe. Etat à majorité de fonctionnaires, sous perfusion dans lequel tous les services sont gratuits sans avoir d'obligation de travailler pour se les offrir mais peut-être celle de remercier le souverain pour ses largesses d'esprit financier. La polygamie est parfaitement autorisée avec de nombreux enfants dans ce genre de famille anciennement tribales et patriarcales. Etre qatari est un privilège qui ne se partage partiellement que par le Kafala représenté par un tuteur qatari qui doit signer sur l'honneur de ne pas critiquer l'autocratie des souverains. Pour moderniser les processus engagés, une femme de la famille, étudiante dans les écoles occidentales, fait office d'intermédiaire avec l'Occident en créant des clubs sportifs féminins. Tout est bon pour faire semblant. Le voile pour les femmes n'est pas obligatoire, mais faire du sport en short est presque une révolution. Pour les matchs avec l'étranger, des supporters sont engagés à l'étranger pour faire le plus de bruit. Paris attire comme une confiture existentielle d'une mondialisation voulue pour atteindre une consécration planétaire. La jalousie des voisins s'est radicalisée. Le Printemps arabe a fait peur, mais cette peur s'est calmée par la redistribution des richesses et l'autocensure pratiquée par la force médiatique d'Algésiras digne de CNN. La Coupe du Monde a été un succès pour un investissement de 200 milliards d'euros, 150 fois plus que toutes les autres Coupe du Monde dans la folie des grandeurs. Des promesses ont été faites d'améliorer les conditions des travailleurs selon des normes occidentales, mais c'est encore loin d'y répondre dans les détails. Les jalousies ont entraîné des piratages informatiques, un blocus et de fausses déclarations contre les intérêts qatari pour les déstabiliser. Les Qatari sont devenus condamnés à ne pas dépasser leur frontières pour ne pas être pris en otage par leur voisin d'Arabie Saoudite ou MBS a pris pouvoir en veut en découdre avec le Qatar avec la bénédiction de Donald Trump qui ne supportait pas le régime des mollahs d'Iran quand il était président. Par réponse pragmatique, la population qatari s'est unie derrière leur dirigeant monarchique. Les critiques contre le Qatar sont attaquées sous forme de contre-attaques bien huilées sans autodérision. La présidence américaine de Joe Biden et la reprise de l'Afghanistan par les Talibans qui avaient pris leur base de retranchement à Doha, ont renversé les alliances, ont intéressé les Etats Unis pour se retirer de la guerre à Kaboul et y envoyer leurs ressortissants et réfugiés qui ont participé à l'idéologie occidentale avant le retour de Talibans.

Le Mondial touche donc à sa fin. Pas de surprise. Tout a été sous contrôle. Tout s'y est déroulé à la perfection en fonction de ses principes de base d'opacité du Qatar qui avait organisé ce Mondial pour des VIP étrangers qui connaissaient les prix et les impératifs. Aucune manifestation après chacun des matchs. Pas consommation d'alcool à proximité des stades alors que, dans le pays respectif des équipes, presque tous les matchs ont créé des troubles dans la liesse ou l'abattement des supporters imbibés parfois d'alcool. Le boycottage a été oublié comme un fétu de paille, éteint dans l'esprit des supporters occidentaux. Les travailleurs étrangers à la construction des stades ont construit ce mirage temporaire dans le désert. Ils seront renvoyés chez eux sine die sans les félicitations traditionnelles même si ce fut payé avec un salaire double de ce qu'ils auraient pu gagner dans leur pays respectif. Pour le souvenir, un mur d'ingratitude contient les photos de chacun d'eux, laissant au passant l'impression que les photos représentent ceux qui sont morts sur le chantier par insolation ou arrêt cardiaqueLes ONG avec leurs statistiques n'ont pas fait le poids face à l'avidité que sous-entend le sport de compétition chez les fanatiques du sport de haut niveau".

Que dire de plus après ce résumé ?  

Le meilleur des mondes a-t-il été sauvé par la force de l'argent du Qatar ?
Le pouvoir et le sexe ont toujours mené le monde dans le monde du vivant mais l'homme a inventé en plus, les croyances idéologiques et l'argent pour contredire le vivant.

Nous sommes entrés de plein pied dans des idéologies qui s'opposent. Démocratie et Droits de l'Homme contre argent et pouvoir. 
Le rapport de force international se trouve dans les grandes métropoles.
Bruxelles qui compte 184 nationalités et 104 langues différentes en son sein, ne connaît pas vraiment de véritable intégration. Des ghettos se sont formés dans des quartiers. Les différences de langue sont une cause primaire de ségrégation. Rien d'anormal donc que quand nous allons en vacances, que des groupes de même nationalité et de même langue se forment. La neutralité du laïc est le hic à la recherche de comment le catégoriser. On lui choisi un drapeau blanc en fin de cortège.

En Belgique, les salaires bruts semblent plus élevés que dans les pays limitrophes mais les salaires nets sont plus bas. La différence se retrouve dans les taxes.
On est condamné à travailler plus pour gagner moins.
Ou, peut-être, travailler mieux que les autres pour conserver un semblant de situation équitable pour demain avec, en plus, une conscience professionnelle retrouvée.
Le paradigme du numérique est dur et sans amis, réglé par une comptabilité mettant en regard un débit et un crédit en balance avec des reports sur les années suivantes quand ils ne s'égalisent pas. Il est calquée sur la méritocratie jusqu'au sommet des hiérarchies.
Les CEO des sociétés privées sont redevables et jugés tous les ans par leurs actionnaires. S'il déraille, il saute.
Ce qui suit risque de devenir de l'humour noir et de la parodie dans un Oasis d'imagination où on est ce qu'on pensait être en dévalué..
La Chine a ouvert cette voie depuis des dizaines d'années par une autocratie étatique.
Quelques techniques qatari n'ont pas tout changer dans le monde mais pourraient le faire si on réfléchit.

En extrapolant quelque peu les potentiels, entre amis et amis de nos amis, des trafic d'influence engendre en échos de praticiens et qu'en échos réprobateurs des soupçons de blanchiment d'argent, de corruption, de projets religieux pharaoniques se produisent. 


Enquêtes, investigations, interpellations, perquisitions et démissions en échos ont soit réalisées et soit en route, sorties par des lanceurs d'alerte au sujet de l'éthique, des tics et pucesIl a fallu seulement trois jours d'une enquête anti-corruption inouïe. Cela jette évidemment l'opprobre sur toute une classe politique qui n'est déjà pas en odeur de sainteté vis-à-vis de la société civile. Mais les partis sont sauvés.
Il y a évidemment une responsabilité engagée, mais question "culpabilité" la réponse n'est pas si évidente puisque le "système" permet des déviances et des largesses. Les magouilles existent à tous les niveaux même si c'est à plus faible impact par la recherche du profit plus minimal que maximal.
Les voyages de luxe des parlementaires belges ne sont pas seuls réunis au goût du jour, sous le voile de mirages désertiques.
Aujourd'hui, heureusement, les nouveaux lanceurs d'alerte se retrouvent aussi dans la dérision des humoristes que je reprenais dans mon billet Le Point sur la vie belle.
Les lobbies sont très forts pour appâter et corrompre les âmes les plus sensibilisées à l'argent.

En 2001, le scandale d'Enron avait généré une chasse aux sorcières en obligeant tous les membres de sociétés américaines à signer sur l'honneur de ne pas accepter de cadeaux de valeur en échange de ventes illicites sous peine de prison. Elles ont été prises comme coupables si elles avaient été en relation commerciales avec des sociétés commerciales jugées délivrant des biens et des servives à destination du terrorisme.   

Dans nos pays, les salaires de chacun font partie des secrets les plus endurcis avec l'opacité qui l'accompagne. 
Je me souviens encore d'une époque dans les années 70, pendant laquelle j'ai participé à l'élaboration d'un programme général de calcul des salaires avec une société extérieure. Pour ce faire, j'avais accès à tous les salaires de la subsidiaire. Motus et bouche cousue sous peine d'être éjecté dès la première révélation ou indiscrétion. Le directeur du personnel prenait son propre salaire pour valider le résultat des tests. Le package avait coûté 6 millions de FB (150.000 euros). Il a très peu servi puisqu'il fallait réajuster les barèmes et les moyens de calculer les salaires tous les ans. L'organisme "La Famille" a pris la relève puisqu'elle avait ce travail pour plusieurs sociétés. 
La résolution du Droit humain équitable est une forme représentée par la branche où nous sommes perchée, sciée facilement plus on se rapproche de l'arbre.
Les "affaires" ne sont que des points d'arrêt qui réveillent les consciences avant une remise en grâce et un retour en douce lors d'une nouvelle "affaire".

En 2019, j'écrivais Comment a-t-on pu en arriver là ? 

Ce mercredi, la plume de Thomas Gunzig y ajoutait une couche dans une expérience 

  .

Lundi, j'écoutais avec attention le journaliste Jean-Baptiste Malet interviewé sur LN24 pour son livre "La Capitale de l'Humanité".

Le titre "Quand Bruxelles a failli devenir la capitale de l'humanité

  .
Le contexte se situe à ce qu'on a appelé "la Belle Époque" des années avant guerre de 14-18 et pas à celui d'aujourd'hui. Le libéralisme et la globalisation des échanges internationaux permettaient alors des utopies technocratiques qui, par palier, pouvaient mener au collectivisme et la solidarité qui est devenu un maître mot pour sortir des crises.
Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Le cerveau est passé par l'entre jambes et a lancé des #MeToo partout et pour n'importe quel sujet. Il a été transformé en argent facile sans travail sous forme de €, de $ ou de £.
Mais il n'y a plus d'argent dans les caisses des Etats et le pessimisme est de rigueur.

Nous n'avons ni gaz ni pétrole dans nos sous-sols donc pas d'argent à mettre sur la table par cette provenance mais il reste les idées qui germent parfois sous forme d'utopies avant de se réaliser ou de s'abandonner en fonction d'un moment précis de conjoncture qui ne peut être ni en avance ni en retard.
La Belgique et sa capitale sont des entités mini-mini à l'échelle mondiale. Tout comme le Qatar aujourd'hui.
Les fictions sur le futur font réfléchir à postériori, sur la scène publique et deviennent dystopiques. 

J'ai essayé d'écrire une fiction bien courte avec ce titre.

La dynastie Qatar avait conquis le monde.

Juillet 2030, le Mondial du foot va avoir lieu dans les jours qui suivent.
Ce Mondial et les JO alternent toujours les festivités et les divertissements des peuples. Mais un malaise latent du système a obligé de manière impérieuse de rationaliser. 
Les règles du foot n'ont pas changé radicalement le Mondial de 2026.
Celui de 2030 a sensiblement aménagé les règles de ce sport. Le but n'est plus vraiment de faire des goals mais de savoir comment il reste possible de les faire. Par certains aspects, il ressemble très fort au rugby. On ne court plus après une balle pour la passer à son coéquipier mieux placé face au goal. On gagne la balle au forcing. Plus de gardien de but. Il faut viser deux piquets très rapprochés l'un de l'autre. Ceux qui gagneront sont les équipes qui marqueront le plus de touches entre les piquets ou en touchant l'un d'eux. Si c'est le piquet lui-même qui est touché, puisque cela demande plus de précision cela vaut deux points pour "qatariser" les difficultés sans le corser pour autant. Ce ne sont plus des nations qui sont représentées sur la pelouse du match mais des idéologies. Depuis longtemps, les joueurs ne faisaient plus partie des pays qu'ils représentaient. Deux commentateurs par match sont chargés de régler ses phases en fonction de leur obédience et de leur culture propre relative à celle-ci. Le racisme n'existe plus. Toutes les couleurs de peau se mélangent dans ce sport du moment qu'ils ont obtenu la licence nécessaire. Lors des défilés des sportifs en début et fins des compétions, ce sont des drapeaux soit déistes soit laïcs ou même mécréants qui, avec un drapeau blanc, se subdivisent entre hommes, femmes ou l'arc-en-ciel des LGBTQI+.
Les déistes, eux, se subdivisent en chrétiens, en islamistes, en bouddhistes ou naturalistes. Les joueurs ont suivi des études de frères très poussées en stratégie pour obtenir le statut de joueur. Les uns les ont suivies dans des écoles coraniques, des collèges ou des écoles laïques constituées d'athénées et de lycées. Tous les commentateurs parlent en anglais, mais certains font un signe de croix que les joueurs s'empressent de répliquer. D'autres, formé par un muezzin, invoquent Allah que les joueurs embraient par une salât répétée, la tête penchée sur la pelouse.  
Pour régler le problème de poids, les joueurs seront tous au minimum végétariens ou végétalistes avec une nourriture halal ou haram.  
On pense déjà à faire intervenir des équipes de droite et de gauche politiques. Nous sommes arrivés dans une méritocratie. Tout y est transparent et connu de tous. Tout est barémisé avec les limites inférieures et supérieures par catégorie qui obligeront une éducation permanente réévaluée à termes échus dont il faudra quitter le statut en cas de dépassement.  
L'agent n'a plus vraiment court. Il correspond à une espèce de revenu universel gagné dans des actions de donnant-donnant et dont les gains sont constitués de transactions virtuelles sans valeur vénale mais avec l'aspect de "bons pour au nom de xxx" avec un avatar comme effigie suffit pour obtenir des biens et des services. Plus de pièces, plus de billets. Ce sont des points gagnés inscrits sur des registres nationaux et répercutés sur les sites internet personnels. 
L'esprit de famille règne en maître. Presque tout se règle par la voie du népotisme héréditaire de père (-mère) en fils (-fille), de fils (-fille) en petits-fils (-fille) dans un système "Epaulé et jeté". Toutes les familles se (re)connaissent par leur avatar comme emblème générique.  
Certains appellent cette nouvelle manière de la "pop culture".  
Il n'y a rien de dystopique à y voir. C'est même tout le contraire puisque cette nouvelle société humaine est idéologiquement rassemblée en correspondance avec leur idéologie et leur obédience.

Allusion


Lire l'article complet, et les commentaires