Le mot « travail » recouvre des réalités très différentes...

par rosemar
lundi 1er mai 2023

 

André Comte-Sponville, invité sur les Matins de France Culture a évoqué sa brève carrière dans l'enseignement : il dit qu'il a pris sa retraite très tôt à 46 ans !

 

Et il précise : "Je n'ai pas touché ma retraite à 46 ans, je la touche depuis que j'ai 62 ans... J'ai arrêté d'enseigner à 46 ans grâce au succès d'un de mes livres, Le petit traité des grandes vertus, je n'avais plus besoin de salaire pendant plusieurs années, bref, j'ai arrêté d'enseigner dès que je l'ai pu. Et donc, je serai très mal placé de faire la leçon à ceux qui veulent arrêter de travailler dès qu'ils peuvent et qui préfèrent s'arrêter à 62 ans plutôt qu'à 64 ans..."

 

Et il rajoute :

"L'économiste Galbraith écrit dans un de ses livres qu'on utilise le même mot "travail", "work" en anglais pour désigner des activités tellement passionnantes qu'on les ferait, à la limite, bénévolement et pour désigner des activités tellement fastidieuses, fatigantes, désagréables que l'on fait parce qu'on y est contraint pour gagner sa vie.

Et Galbraith concluait en disant qu'utiliser le même mot pour désigner des activités tellement différentes, c'est déjà un signe évident d'escroquerie.

 

Eh bien moi, j'ai fait deux "travail" dans ma vie : il y avait l'enseignement et la correction des copies, c'est lourd, je le faisais bien, sérieusement, mais c'est lourd, et puis il y avait écrire des livres qui était moins un métier qu'une vocation... Et dès que j'ai pu arrêter mon métier d'enseignant à 46 ans pour écrire davantage, bien sûr, je l'ai fait.

Et donc cela veut dire qu'il y a travail et travail.

 

Bien sûr, pour nous, écrire, faire de la recherche, c'est notre passion, donc on souhaite le faire si on peut jusqu'à la mort.

Mais on ne peut pas appliquer le même genre de discours à des métiers qui sont faits essentiellement parce qu'il faut bien gagner sa vie, et qui sont souvent des métiers fatigants, peu gratifiants et souvent, qui plus est, mal payés..."

 

Eh oui le mot travail recouvre des réalités très différentes : maçon, plombier, couvreur, chauffeur, aide-ménagère, aide soignante, infirmière, enseignant, banquier, informaticien, PDG etc.

Salaires, pénibilité, conditions de travail, horaires ne sont pas les mêmes..

C'est pourquoi une même réforme des retraites qui s'applique à ces différents métiers paraît totalement inadéquate, inadaptée...

André Comte-Sponville a pu s'arrêter d'enseigner à 46 ans, un privilège exorbitant... et s'il l'a fait, c'est qu'il trouvait le métier difficile, rempli de contraintes et d'aléas. Il a pu se consacrer à l'écriture, à la recherche, et s'est ainsi épanoui.

Et de nombreux métiers ne permettent pas cet épanouissement...

Notre époque réduit l'homme à une machine bonne à travailler et à produire... il faudrait redonner du sens au travail.

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2023/04/le-mot-travail-recouvre-des-realites-tres-differentes.html

 

Vidéo : à 3 minutes, 20 secondes :

 


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