Le nénufar dans l’abime

par rahsaan
vendredi 5 février 2016

Arrêtons de pleurer sur le sort des nénufars. A croire que certains respirent trop d'ognons ! Aïeaïeaïe, disent déjà les amoureux des voyelles !

Mais les accents circonflexes ne vont pas disparaitre et la langue française ne va pas rendre l'ame de sitôt. Il ne faut pas s'entêter à figer la langue et croire qu'on l'a étêtée, juste parce que cela nous embête de changer nos habitudes. Ce n'est pas la fin des topinambaulx ! Admettons que ces règles nous enquiquinent inutilement et qu'elles ne sont pas pour rien dans l'hétérogénéité du niveau de français de nos concitoyens... D'autant que nous ne sommes pas en dictature : sachez juste que désormais, vous avez le choix entre nénufar ou nénuphar. Autrement dit, l'un ou l'autre s'écrit, ou s'écrivent.

Certains parlent comme s'il était vital que l'on maintînt des règles qui nous embêtent, alors qu'on les a souvent vu changer par nos grammairiens, et qu'on les a même déjà vues évoluer tout seules. Mais on ne va pas à l'abime pour autant ! Tss-tss, si certains aiment les complications artificielles, quelle que soit leur nature et quelque difficiles qu'elles aient pu paraître (pour paraphraser Mérimée), libre à eux d'écrire des phrases très très complexes ! Mais, comme diraient les Québécois, je ne vois pas l'intérêt d'aller s'autopeluredebananiser de la sorte !

Vraiment, pourquoi voudriez-vous que nous déconstitutionnalisassions ces tentatives de changements et que nous empêchions notre langue de vivre ? Surtout que bien des usages que nous autoentretînmes complaisamment sont dûs à des erreurs (comme ce nénufar écrit avec un "ph" dans le dictionnaire de 1935, et qui lui confère -mais à tort- une noble ascendance hellénique).

Ou alors, si vraiment l'éphéméréité de nos règles vous empêche de dormir, et si la vastitude des exceptions vous enthousiasme, écrivez carrément au quai Conti pour leur dire en substance : "Messieurs les Immortels, lâches, traîtres et bélîtres tout autant que vous êtes, nous souhaiterions que vous n'assassinassiez plus la langue de Molière !"


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