LE NOM DE DIEU
par Jacobin
samedi 30 juillet 2016
Adresses aux mécréants, athées, crétins et ignares : Ho, les gars, Dieu... Allah... c'est le même.
Pourquoi, en 2016, après 14 siècles d’islam, 20 de christianisme et 40 de judaïsme, entend-on encore parler de Dieu quand il s’agit des chrétiens et d’Allah quand il s’agit des musulmans ? A la limite, qu’un musulman dise Allah, pourquoi pas. Mais si sa langue maternelle n’est pas l’Arabe, pourquoi dire « Allah » plutôt que Dieu ? Et pourquoi un journaliste ou un politicien parle-t-il d’Allah quand il parle du Dieu des musulmans. C’est à croire que tous ces gens-là pensent qu’il s’agit de deux dieux différents.
C’est insupportable d’entendre des ignares laisser entendre à longueur de lignes, de micros ou de caméras que le Dieu des chrétiens et qu’Allah seraient des dieux différents. Passe de la part de mécréants ou autres athées. Mais quand même… de la part de gens qui se prétendent croyants, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, c’est incroyable. A l’heure où l’on recommence à égorger les autres au nom d’une religion, il devient urgent de faire un minimum de théologie.
Pour être tout à fait clair, quand on est croyant du Livre, juif, chrétien, musulman, témoins de Jéhovah : Il n’y a qu’un seul Dieu que Dieu. Et c’est le même.
Ce dieu, celui d’Abraham, avait pour particularité qu’il interdisait formellement qu’on lui donne un nom. Alors les premiers Hébreux l’ont appelé Yahvé. Ce n’est pas un nom propre, c’est un terme qui signifie « je suis ». Du genre, « qui es tu ? », « je suis qui je suis ». Ni plus ni moins. En transformant phonétiquement, ça donne Jéhovah. Après on peut l’appeler Eternel, Elohim ou tout ce qu’on veut, il s’agit toujours du même Dieu, celui des Juifs. Ce dieu-là a offert dix lois fondamentales à ses ouailles. Les dix commandements, le décalogue. Dix lois qui valent aussi bien pour les Juifs que pour les Chrétiens, que les Musulmans ou Témoins de Jéhovah. Dieu a donné ces lois de sainteté si difficiles à toutes respecter littéralement, qu’il devait être sûr d’occuper l’humanité pour quelques centaines de millénaires. Moïse, devant faire face à une population abêtie par quatre siècles d’esclavage, dut développer, selon la circonstance, ses dix lois initiales par tout un tas de prescriptions, d’interdits et d’obligations pour commencer à baliser le long et pénible chemin vers la sainteté. Ils furent consignés dans la Torah, le Pentateuque, les cinq premiers livre de la Bible, de l’Ancien Testament pour les Chrétiens. Par la suite, d’autres prophètes et d’autres sages y sont allés de leurs précisions, suivant les temps et les lieux.
Puis vient un autre Juif, Jésus, qui trouvait que ses coreligionnaires s’étaient considérablement fourvoyés par orgueil, paresse, avidité, lâcheté et autre faiblesse, et proposa, comme d’autres avant lui, une lecture particulière. Il innova en méprisant le riche, le bigot, et en parlant d’amour du prochain, de pardon, de respect de la femme et du pauvre, de l’imbécile, du malade, du vieux, du faible. Il mourut pour n’avoir pas levé l’ambigüité sur des propos qu’on lui prêtait comme quoi il se prétendait le fils de Dieu, abominable blasphème au regard du Livre. Il n’a pas répondit « oui », il a dit « Tu le dis ». Ce qui peut vouloir dire « si tu le dis… » ou « est-ce si important ? » ou « ne sommes-nous pas tous les fils de Dieu ? », ce qu’il enseignait à tous et qui est le titre de la seule prière qu’il ait légué : Notre Père. Quoi qu’il en soit, Jesus fut très clair sur un point : il n’était pas là pour changer la loi, pas même un « i » de la loi, pas même un point sur un « i » de cette loi dont il affirmait l’éternité de la valeur. Alors imaginez bien que s’il ne voulait pas changer de loi, il voulait encore moins changer de Dieu. Le Dieu de Jésus est le Dieu d’Abraham. Et on se mit à l’appeler du nom générique désignant un dieu : Dieu. C’est le même que Yahvé, Jéhovah, l’Eternel ou Elohim.
Vint Mahomet. Lui, a le polythéisme en abomination. Il adore aussi le Dieu d’Abraham et s’adresse aux mêmes anges, dont Gabriel n’est pas le moins célèbre. Mais le judaïsme n’est pas prosélyte. Qui plus est, Mahomet, a un immense respect pour l’enseignement de Jésus.
Cependant.
Cependant, Mahomet considère comme un blasphème et une abomination qu’une bande de curés, sans aucun consensus, réunis sous la houlette de Paul, après une sorte de coup d’état, décide que l’alliance avec Dieu n’ést plus nécessaire, ou plutôt qu’un petit coup de flotte sur le front valait autant que la circoncision en terme de signature de contrat divin. Il est vrai que c’est plus attractif pour attirer des fidèles. Alors il a considéré les chrétiens comme infidèles à Dieu.
Mahomet considère surtout comme un blasphème et une abomination qu’une bande de curés, sans aucun consensus, sous l’autorité, qui plus est, d’un empereur romain païen -Constantin- décide, du jour au lendemain, trois siècles après Jesus, que Dieu est dorénavant un machin à trois pattes dans lequel Jésus est à part entière : la Trinité. Trois siècles après un prophète qui aurait probablement trouvé ça monstrueux( le débat reste ouvert, même si les ariens ont été exterminés) et alors qu’énormément de chrétiens étaient contre, on déifia Jésus. Entendre les chrétiens psalmodier « sainte Marie mère de Dieu » , ce n’est vraiment pas passé, et ça a mérité l’émergence d’une nouvelle religion. Face à sa propre société, Mahomet a, lui aussi rajouté des lois, des prescriptions et des interdits dont le moindre ne fut pas la grande première historique de l’interdiction absolue de l’esclavage des croyants. Mais le Dieu reste le même. Allah ? Ça veut simplement dire …. « Le Dieu ». Ce n’est pas parce qu’on dit Allah qu’il s’agit d’un autre que le Dieu de Jésus ou d’Abraham. C’est le même, rigoureusement le même. Et autant Abraham est un prophète reconnu du christianisme, comme Moïse, Jérémie, Elie ou Elysée, autant eux tous et Jésus sont des prophètes reconnus de l’Islam.
Alors chacun peut appeler ce dieu là comme il le veut et prétendre l’adorer comme il le souhaite, c’est le même. Il est insupportable, à l’heure où on tue, d’entendre ou de lire un crétin journalistique exprimer, dans la même phrase « tandis que le prêtre priait son Dieu, le terroriste l’égorgea au nom d’Allah. ». C’est insupportable, alors qu’on vient d’égorger un prètre, d’entendre un imam, pourtant de bonne volonté dire « alors qu’il priait son dieu » comme si c’était un autre que le sien. C’est diviser ce qui n’est qu’un, c’est mettre un mur là où le pont devrait être évident. Il est même quasiment certain que la totalité de ces minables qui assassinent sans rien connaitre à leur propre religion, ne savent même pas que Dieu et Allah ne sont qu’un seul et même Dieu.
Il n’y a qu’un seul Dieu que Dieu. Il serait temps que ceux qui y croient finissent par au moins le savoir.