Le « Non » irlandais signifie beaucoup...

par Nicolas Cadène
lundi 16 juin 2008


L’Irlande a donc voté “Non” au Traité de Lisbonne ce vendredi 13 juin 2008, trois ans après les “Non” français et néerlandais au Traité constitutionnel européen.

À mon sens, et à l’inverse de biens des chroniqueurs qui me semblent maladroits et bien peu respectueux, il ne faut surtout pas accuser l’Irlande ni considérer son peuple d’"ingrat".

Certes, l’Irlande a bénéficié grandement de la construction communautaire. Cela n’oblige pas son peuple à accepter n’importe quelle évolution de celle-ci, bien au contraire, sa voix revêt justement une certaine importance et son “Non” doit amener nos gouvernants européens à un vraie réflexion.

Aussi, ne soyons pas hypocrites et rappelons que si d’autres États avaient choisi la ratification par référendum, l’Irlande ne serait sans doute pas seule.


Cela confirme au moins une chose : le décalage incroyable entre élites et peuples.

J’étais pour un “Oui” franc à ce traité, tout comme j’étais favorable au Traité constitutionnel européen. Mais les “Non” des peuples, bien que dus à des raisons extrêmement diverses et souvent contradictoires, ne font que confirmer ce gap. Et là-dessus, il y a bien consensus dans le camp des “nonistes”.

Bref, l’Europe de l’élite montre ses limites... À trop craindre ses propres citoyens, elle s’en trouve rejetée par eux.

Il est plus que temps de promouvoir une véritable Union politique, ambitieuse, proposant une alternative crédible et attrayante (modèle social, environnemental, etc.) et non une simple union économique qui, au final, ne satisfait ni les plus libéraux (au vrai sens du terme) ni les plus sociaux-démocrates et socialistes.

En réalité, l’Union d’aujourd’hui satisfait essentiellement le corporatisme d’une certaine élite.

C’est parce qu’ils ne comprennent pas en quoi l’Europe leur est positive que certains peuples votent "Non". Alors espérons que ce nouveau coup dur permette enfin la promotion de partis politiques véritablement européens pour que nos concitoyens comprennent l’enjeu européen. De même, les scrutins européens gagneraient à être simultanés dans l’ensemble de l’Union.

Parce que les contextes sont différents dans chaque État, la notion de "cercles concentriques" ou de "noyau dur" doit sans doute également être avancée : chacun choisi plus d’intégration ou non. Ceux qui refusent dans un premier temps, peuvent rejoindre le premier noyau plus tard (un peu comme cela s’est fait pour l’Euro).

Enfin, sur la suite des ratifications, il me semble que c’est tout simplement aux premiers concernés (ceux qui ne l’ont pas encore fait) d’en décider...


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