Le port du masque peut-il vous mettre en danger ?

par Bernard Dugué
mardi 15 septembre 2020

 Lors d’une intervention assez étonnante laissant muet Pascal Praud, un pneumologue a déclaré que le masque pouvait être contre-productif et même nocif car représentant un bouillon de culture pouvant réinfecter le porteur et favoriser les infections bactériennes. Je n’ai pas d’avis sur cette question bien que ce propos me semble crédible. En revanche, le masque pourrait bien aggraver l’épidémie de Covid-19. Je vais essayer de le démontrer en trois points brefs. Cette démonstration est garantie sans ingrédient complotiste.

 

 1) L’excrétion virale. Lorsque nous sommes infectés par un virus respiratoire, les particules virales pénètrent d’abord par les voies aériennes supérieures, nez, larynx, puis descendent parfois dans les voies inférieures, bronches, bronchioles, pour atteindre les alvéoles pulmonaires et parfois générer une pneumonie. Le patient dispose de défenses immunitaires pour « neutraliser » le virus avec des procédés impliquant des cellules détectrices aussi bien que des cellules cytotoxiques capables de détruire les cellules infectées. On oublie souvent que les voies aériennes sont tapissées de cellules épithéliales disposant de cils vibratoires. Grâce à ces cils, les muqueuses se débarrassent des éléments étrangers pouvant interférer avec la fonction respiratoires. Pollen, particules toxiques issues des pots d’échappement, poussières, cellules mortes, sont rejetées dans l’atmosphère. Et bien évidemment, des particules contenant des virions sont expulsées. Ce qui vous rend contaminant mais aussi participe à l’excrétion virale. Or, en portant le masque, le virus reste piégé et l’infecté se retrouve avec le virus en face du nez au lieu de pouvoir s’en débarrasser à l’air libre.

 Le rôle des voies respiratoires dans la protection contre les pathogènes est connu depuis longtemps « Les voies respiratoires humaines, dont la fonction principale consiste à amener l'air ambiant en contact avec le sang pour des échanges gazeux, sont constamment confrontées à une multitude d'agents et d'éléments nocifs qui abondent dans l'environnement, y compris une variété d'agents pathogènes microbiens. De plus, le nasopharynx est colonisés par un groupe diversifié de micro-organismes pouvant être aspirés dans les voies respiratoires inférieures. Il est donc remarquable que les infections respiratoires ne soient pas plus fréquentes et ne soient généralement pas graves pour la plupart des humains. L'appareil de défense hôte du poumon est responsable de cette protection. Ce système est constitué de mécanismes structurels, mécaniques, sécrétoires et cellulaires conçus pour éliminer ou contenir la majorité de ces agents pathogènes (tableau I). L’hôte humain est rendu plus vulnérable aux infections pulmonaires si l’un des composants du système fonctionne mal ou si le système est submergé par un nouveau microbe, une souche microbienne particulièrement virulente ou une dose d’inoculum importante. » (Canto, 1990)

 

 2) L’effet de la dose infectieuse. Est-ce un souci que d’avoir en face du nez ses propres particules virales ? Apparemment oui, si l’on en croit les nombreuses études signalant une relation entre la dose contagieuse et la gravité de la maladie produite par une infection respiratoire virale. Ce fait a été signalé par Monica Gandhi et moi-même (voir références plus bas). La professeure Gandhi s’exprime ainsi et tout est dit :

 « La gravité de la maladie que vous allez développer suite à une infection virale a beaucoup à voir avec la quantité de virus (l’« inoculum viral », ou dose virale) à laquelle vous aurez été exposé initialement. Si la dose lors de l’exposition est très élevée, la réponse immunitaire peut être dépassée. Entre le fait que le virus s’empare d’un grand nombre de cellules et les efforts considérables déployés par le système immunitaire pour contenir l’infection, l’organisme subit alors de nombreux dommages, ce qui peut avoir pour conséquence que la personne infectée tombe très malade. En revanche, si la dose initiale du virus est faible, le système immunitaire est capable de contenir le virus en employant des mesures moins drastiques. Dans ce cas, la personne présente moins de symptômes, voire aucun. » (Traduit sur le site français de The Conversation le 23 août)

 

 3) De l’utilité et de l’inconvénient de porter un masque. Compte-tenu des éléments scientifiques fournis ci-dessus, la recommandation du port du masque, voire son obligation, doit être discutée. Que le masque soit obligatoire dans les transports en commun est raisonnable et utile. Les transports sont des lieux fermés avec une densité de population, ce qui permet une protection et du reste, on ne passe pas sa vie dans les transports. En revanche, l’obligation du masque en entreprise, à l’école, au lycée, dans les grands magasins, est une mesure discutable. Et c’est encore plus le cas pour les lieux ouverts.

 Imaginez que vous soyez faiblement infecté par les virions. En portant le masque, vous expulsez les virions qui finissent par s’accumuler sur le tissus et vous vous réinfectez peu à peu, de manière minime mais significative sur une journée. Vous vous contaminez légèrement mais ce faisant, vous augmentez la probabilité de développer un Covid. De quel ordre de grandeur, je n’en sais rien. Et d’ailleurs il n’y a pas d’étude sur ce sujet pourtant important. Pour deux raisons. L’une scientifique, car c’est la première fois qu’une telle situation se produit. Jamais dans l’histoire, une épidémie a été gérée en imposant les masques. Et c’est ce qui explique que je n’ai pas trouvé de publications sur ce sujet puisque personne ne s’est posé la question et cette question, je la pose ! L’autre raison est peut-être politique. Si cette hypothèse s’avérait exacte, elle remettrait en cause la gestion sanitaire. De toute façon, la vérité finira par sortir, d’ici quelques années, mais il sera trop tard, la société se sera abîmée. Tous ne sont pas concernés de la même manière. Les habitants des zones rurales sont préservés. En revanche, imaginez le sort d’un collégien ou d’un travailleur dans une métropole. Le matin dès 6 ou 7 heures le masque pour les transports, puis la rue, puis la salle de classe ou le bureau et retour au domicile le soir. Bref, 10 à 14 heures enfermé dans un masque. Et pendant la nuit, le virus se multiplie et vous n’éjectez que peu de particules virales car la respiration est diminuée.

 

 4) Conclusion. Dans l’attente d’une confirmation empirique, il est urgent de mener une discussion scientifique. Ces propos n’ont pas été écrits à la légère. La présomption de nocivité du masque est assez solide pour qu’elle soit prise en compte. Si une expertise sur les risques confirme les propos ici présentés, alors cela changerait la donne pour plaider devant les tribunaux administratifs. En plus des arguments en faveur des libertés publiques, il serait possible d’attaquer les arrêtés pour mise en danger de la vie d’autrui.

 Dernière salve, l’intitulé de l’article de Monica Gandhi : Masques et protection : inhaler moins de coronavirus signifie tomber moins gravement malade. Et donc, pour celui qui est infecté et porte le masque : inhaler plus de coronavirus signifie tomber plus gravement malade.

 

 

Pour info, période du 14 août au 12 septembre

Espagne (47 M h), 1130 décès, masque généralisé.

Danemark (6 M h), 9 décès, depuis peu, masque dans les transports uniquement.

Suède (10 M h), 42 décès, masque ni obligatoire, ni recommandé.

 

 

Canto R.G., Robinson G.R., Reynolds H.Y. (1994) Defense Mechanisms of the Respiratory Tract. In : Chmel H., Bendinelli M., Friedman H. (eds) Pulmonary Infections and Immunity. Infectious Agents and Pathogenesis. Springer, Boston, MA. https://doi.org/10.1007/978-1-4899-1063-9_1

 

https://theconversation.com/masques-et-protection-inhaler-moins-de-coronavirus-signifie-tomber-moins-gravement-malade-144915

 

https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/theorie-alternative-un-virus-et-226640

 

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-these-des-deux-types-de-226527

 


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