Le premier combat de l’armée afghane : un désastre complet (I) !

par morice
jeudi 26 août 2010

On s’y attendait, mais pas avec cette ampleur : la première grande opération militaire engagée par l’armée afghane seule a tourné à la débâcle complète devant les talibans, nous apprend la presse (ici aucun écho, bien sûr, au moment où nos soldats tombent, ce ne doit pas être le moment d’en parler !) Une bataille d’ampleur, puisque pendant toute la semaine qu’ont duré les échanges de tirs, la Croix Rouge n’a même pas pu se rendre sur le champ de bataille pour y relever les blessés ! Pire que les guerres napoléoniennes ! Au bout de cette semaine de combats, l’armée régulière afghane a fini par appeler à l’aide l’Otan et les américains, pour se sortir de son mauvais pas, qui se résume pour l’instant à une dizaine de tués et au double certainement de prisonniers. C’est une véritable humiliation que vient de subir cette armée qui n’est toujours pas prête, visiblement, malgré les millions de dollars qui ont été injectés pour sa formation (2,5 milliards de dollars de plus injectés en mars dernier !). Un désastre pour la suite des opérations, qui n’augure rien de bon pour Barack Obama, qui a tout misé sur la capacité de cette armée à faire face aux talibans pour pouvoir quitter le pays : sinon, les troupes US sont là pour rester davantage de temps encore, ce que le président US ne pourra supporter devant ses électeurs. Sans oublier que de l’autre côté, en Irak, les attentats se multiplient et que l’armée irakienne ne semble guère mieux lotie pour contenir ces attaques répétées : or les américains ne seront plus là au bout du mois maintenant.... explications du désastre et des erreurs manifestes de l’administration Obama sur les deux conflits. Ou comment faire deux armées ratées... à coups de milliards de dollars !

Dans cette sinistre histoire de débâcle, il y en a un qui peut se mordre les doigts : Robert Gates, qui déclarait il y a un an et demi (en février 2009) que "l’armée nationale afghane pourrait conduire des opérations dans l’Afghanistan dans deux à quatre ans, avec les États-Unis jouant un rôle de soutien, a déclaré secrétaire à la Défense Robert M. Gates au cours d’un entretien le 8 mai, en partie diffusé sur CBS "60 minutes ". Selon lui, l’exemple irakien prévalait : "Je pense que ce que vous verrez est le même genre d’évolution ici que vous avez vu en Irak, là où les Irakiens ont de plus en plus pris les devants et là où nous avons été de plus en plus relégué au second plan, dit-il. "Je pense que c’est ce qui arrivera ici au fil du temps." Ce qui fait très méthode Coué : car en Irak, ces derniers mois, justement, ont été l’objet d’attentats meurtriers, qui démontrent l’instabilité stagnante du pays et non la maîtrise gouvernementale. Le 3 février, 40 morts contre des pèlerins chiites et plus de 150 blessés. Le 3 mars, 33 morts à Baquba, au nord de Bagdad, dans une attaque visant la police et un hôpital (sans compter désormais à chaque fois les blessés). Le 28 mars, 5 morts lors d’une attaque sur un chef tribal allié des américains, Sheikh Turki Hamad Mikhlif. Le 4 avril, des ambassades étaient visées et faisaient 35 morts. Le 23 avril, il y avait eu 63 morts, plus de 200 blessés. Le 4, 20 morts à Kut. Le 18 juillet à Radwaniya (à 25 km seulement au sud de Bagdad), 45 personnes de tuées : un kamikaze s’était glissé parmi les miliciens venus chercher leur paie de supplétifs..Le 19 juillet, 10 morts à Mossul, au nord du pays. Le 25 juillet, à Dora, 3 morts, dans un attentat sophistiqué : une bombe magnétique, collée à une voiture de police, une nouvelle méthode qui n’augure rien de bon. Le 8 août, 10 morts à Bassorah etc, etc. Je ne les ai pas tous recensés, mais la vague perdure, ce que les médias ignorent, tant elle est répétitive. Le 17 août, un kamikaze se faisait sauter en plein Bagdad, mais pas n’importe où : au centre de recrutement de l’armée irakienne, tuant 59 recrues et en blessant plus de 100. C’est l’acte le plus significatif de ces derniers jours, car comme celui du 18 juillet, il s’en prend directement aux alliés des américains.
 
L’endroit choisi pour ce dernier attentat est significatif et hautement symbolique : c’est l’ancien bâtiment du Ministère de la Défense, et la caserne désormais de la 11 ème division irakienne. Et une question se pose : qui a intérêt, avec ce genre d’attentats, à à la fois demander le départ des américains et demander au gouvernement de les garder plus longtemps pour insécurité ?? Car cela pose question quand on apprend les circonstances exactes de la dernière explosion  : « Je ne comprends pas comment le kamikaze a pu pénétrer car il fallait passer un contrôle électronique et une fouille au corps. Il avait dû se cacher depuis la veille au soir », a affirmé Ahmad Kazem, 19 ans, sorti indemne de l’attaque. Selon lui, mercredi s’achevait une semaine de recrutement et il y avait une grande affluence. « Après l’explosion, tout le monde fuyait dans tous les sens et les soldats tiraient en l’air. J’ai vu des gens qui gisaient sur le sol, le corps brûlé ou ensanglanté. » Caché par qui et pourquoi ? Qui manipule ?
 
La "quiétude" vue par Robert Gates a des allures de massacre derrière des fenêtres à triple vitrage : soit il est sourd, soit il ne veut rien voir. Soit encore il tient à garder son poste (il part l’année prochaine). En Afghanistan, six mois de la première échéance donnée par le prophète Gates, l’échec est retentissant. En Irak, les américains font leur valises (comme ici à Mossoul) et demeurent retranchés dans leur super-ambassade, qui en définitive n’a jamais été inaugurée officiellement mais leur sert bel et bien de bunker retranché (*). Autour, du sang partout, comme à... Bunker Hill. Mais ils s’en vont quand même, puisque c’est décidé. Après eux le déluge, après tout ! L’aveuglement américain, couvert par les médias qui se fichent pas mal des explosions et des morts est gravissime : une fois partis, il est évident que le pays implosera, étant incapable en ce moment même de se trouver un gouvernement et une assemblée. Devant une violence endémique, difficile de parler de départ serein et d’un certificat de paix assuré laissé derrière : tous les observateurs objectifs jugent aujourd’hui ce départ... précipité ! 
 
"La meilleure guerre" de Bush et Cheney devant apporter la paix et le progrès tourne à la débâcle elle aussi : sept ans après l’arrivée des américains, l’électricité est toujours une denrée rare en Irak, rappelle intelligemment Katie Couric : la situation est pire que sous... Saddam Hussein ! Où sont donc passés les milliards de dollars de la reconstruction ? Dans quelles poches ont-ils atterri ? Le 21 juin 2010, le ministre de l’énergie, Karim Waheed jetait l’éponge après toute une série de ruptures d’approvisionnements. En Irak, en dehors du bruit des bombes, ce qu’on entend le plus... ce sont les générateurs d’électricité la nuit. Le peu d’argent que les gens gagnent, dans une économie toujours ravagée, ils le dépensent dans l’essence et non dans la nourriture, qui de toute façon ne tiendrait pas longtemps, faute de réfrigérateur. Impossible, aujourd’hui, en Irak, de maintenir chez les particuliers des produits congelés. Le pays a besoin de 10 000 mégawatts, on lui en fournit péniblement aujourd’hui 6 000, dans les bons jours. Moins qu’en 1990, qui débitait déjà 9 295 Mw ! Nous voilà plus de vingt ans en arrière ! Dans les hôpitaux, les médicaments les plus efficaces périssent de le même façon. Les rues sont striées de câbles électriques de fortune, de pompages de lignes et les poteaux télégraphiques semblent être des supports à toile d’araignée géantes. Chez le particulier, les installations électriques sont toutes rafistolées et les morts par électrocution courantes. Au merdier de la vie de tous les jours s’ajoute ces fils qui pendent de partout. Les américains viennent d"inventer le Moyen-Age électrique ! Bagdad est un océan de câbles enchevêtrés ! Kaboul se targue en juin 2009 seulement d’avoir enfin l’électricité "permanente" (on craint déjà, cependant, les surcharges d’hiver) ! Où sont passés les 81,5 millions de dollars de l’Asian Development Bank, accordés en janvier 2010, qui devaient servir à faire un réseau plus efficace ? Ou en est KEC India chargé des travaux  ? Peut-on créer un réseau électrique fiable dans un pays en guerre ,alors que les ressortissants indiens sont victimes d’attentats dans la capitale ? De qui se moque-t-on ?
 
Mais cela, Robert Gates ne le voit pas. Ce qui compte, pour lui, aujourd’hui, c’est de partir et non de regarder ce qu’il laisse derrière. Un merdier sans nom, et la crainte pour les anciens alliés sunnites des milices privées. Obama a décidé de partir dès février 2009 : or rien, strictement rien n’est réglé dans le pays, car il n’y a pas que l’électricité qui manque. L’aventureuse promesse électorale d’Obama se heurte à une réalité simple : une fois partis, le gouvernement en place ne résistera pas longtemps aux insurgés, qui n’attendent que cela désormais. Dick Cheney a beau faire, le 30 juin 2009, de menacer des insurgés attendant patiemment ce départ pour attaquer le pouvoir, selon ça ne fera pas un pli ! Comment lui donner tort ? Dès septembre, on sera fixé sur ces prophéties ! Même au sein de sa propre armée, des voix s’élèvent contre la décision du président américain, telle celle du général Odierno qui en février 2010 réclamait encore "davantage de troupes"., à Kirkuk, endroit qui venait de subir une suite d’attentats : réclamer des troupes US signifiait en clair que la police locale ou même l’armée irakienne était incapable de réprimer ce genre d’action ! Car c’est un fait patent : ni la police, ni l’armée, en Irak et encore mois en Afghanistan ne sont prêtes à contenir l’opposition ! A quoi donc ont servi les milliards de dollars dépensés pour cette armée irakienne ? Et pourquoi a-t-on recommencé la même chose et la même erreur en Afghanistan ? Les stratèges US n’ont qu’un modèle idiot à promouvoir ? Et pourquoi donc le recours à des formateurs privés, dans les deux cas ? Sans obligation de résultat, visiblement !
 
Le message laissé par Barack Obama est en effet bien trop confus, sur les deux conflits, indique le journaliste (conservateur, il est vrai) Nile Gardiner, dans le Telegraph du 12 août : "des guerres en Afghanistan et en Irak à la guerre contre le terrorisme, le leadership du président Obama a souvent été confus. Sur l’Afghanistan, il a envoyé à juste titre des dizaines de milliers des troupes supplémentaires sur le champ de bataille. Toutefois, il a bizarrement a annoncé un calendrier pour la retrait des forces américaines à partir de Juillet 2011, qui offre l’ initiative aux talibans. Sur l’Irak, il a annoncé la fin des opérations de combat et le retrait des 50 000 troupes restantes en dépit d’une récente flambée de violence terroriste et de l’instabilité politique, et sans l’armée irakienne ni la police prêtent à prendre le relais." Pour ajouter une couche à la confusion, le général Petraeus, de retour, vient de déclarer dans une interview que le retrait d’Afghanistan pour 2011 est un peu trop aventureux.. alors que Robert Gates dit le contraire  : il y a bien cacophonie au plus haut niveau de l’Etat ! Pour couronner le tout, ou pour calmer les esprits (ou recadrer Petraeus !) Obama se fend d’une mise au point finale le lundi qui suit : "Evidemment, l’étendue et le rythme de ce retrait seront déterminés par les circonstances (sur le terrain), mais la date n’est pas négociable" précise son porte-parole. Gates et Obama l’emportent, Petraeus fait grise mine. "Pas négociable" : quel que soit l’état du pays : on est loin de s’affirmer comme garant d’une quelconque sécurité. Les américains partent, en laissant le merdier derrière eux. Nous, en France, remarquez, on déjà la solution : pour quitter l’Afghanistan, c’est simple, il suffit d’en sortir par Desportes (ah ah !). Qui dit que "c’est une guerre américaine. Quant vous êtes actionnaire à 1%, vous n’avez pas droit à la parole"." C’est donc dit : on n’a pas le droit au chapitre ? Alors on rentre !
 
Car c’est bien cela la faille, et pour cause : en Irak aussi, rien de sérieux n’a été fait pour la sécurité du pays et à la lutte contre des insurgés qui ne vont pas s’arrêter du jour au lendemain au départ des américains. Un seul exemple le démontre. Car tout ce qu’on a trouvé, à cette armée irakienne inefficace, elle aussi, comme l’armée afghane, c’est de lui vendre des chars de 50 tonnes incapables de se mouvoir en pleine rue : mais la vente a tellement été juteuse pour quelques uns que l’on fait comme si ils sont nécessaires, ces vieux tanks russes achetés au prix de l’or en barre à des trafiquants d’armes notoires ! 2,16 milliards prévus au départ pour de la vieille ferraille repeinte ! L’Irak n’a pas d’électricité fonctionnelle et son réseau d’eau est en miettes, mais elle a 77 chars de 20 ans d’âge, qui ne servent à rien devant la moindre RPG neuve. Des chars prévus d’être achetés par un individu (**) qui va perdre la vie au sortir du bureau de Petraeus, et qui finalement seront "donnés par la Hongrie", mais "remis à neuf" par une société privée américaine "Defense Solutions ", qui possédait un avantage sur ses concurrents : l’emploi dans son staff d’un congressiste républicain, Curt Weldon. Un homme aux liens assez particuliers, capables d’expliquer pourquoi et comment ces vieux chars obsolètes sont atterris à cet endroit...
 
Car tout le problème est là : on s’est royalement servi au passage en vendant n’importe quoi (on négocie la vente de F-16 en ce moment : ça promet, si les insurgés prennent le pouvoir dans quelques mois !), on s’est gavé au passage, mais on n’a en rien assuré la sécurité intérieure : ce ne sont pas des chars qui vont faire la police à Bagdad, déjà qu’il ne peuvent pas tourner dans les rues munies de chicanes en béton tous les 200 m ! Pour les F-16 prévus, 36 exemplaires sont "demandés" par le gouvernement irakien : le 5 septembre 2008, le Wall Street Journal jamais assez en veine de supporter l’industrie d’armement US , annonçait en effet triomphalement le possible contrat : "S’il passe les obstacles à Washington, le contrat de plusieurs milliards de dollars donnerait au gouvernement irakien une nouvelle et puissante arme à utiliser contre les chiites et les sunnites insurgés" écrit-il, enthousiaste, en confondant tout : le régime actuel est à majorité chiite. Des F-16 contre une insurrection ? C’est ridicule et certainement tout sauf l’arme idéale ! C’est à nouveau vouloir frapper des mouches avec un bulldozer  ! Les techniques de COIN sont ignorées ! On le voit bien : le but est de vendre, et de fourguer les armes les plus chères, même si elles s’avèrent totalement inadéquates ! Et l’Irak devrait servir d’exemple à l’Afghanistan ? Des avions chasseurs-bombardiers de plus de Mach 1 et des chars de 50 tonnes et plus pour lutter contre.... des Talibans style Viet-Congs qui roulent cette fois en moto au grand maximum, qui s’enterrent ou se cachent de jour et attaquent de nuit on a déjà vu ce que ça donnait ! Une défaite, inéluctable !
 
Pas d’électricité pour les civils, mais pas non plus pour l’armée. En face, en effet, l’armée afghane manque de tout, et même d’essence note Wired  : "dans la province de Bamiyan, la police nationale afghane est censée être en première ligne de défense contre les insurgés. Le problème, c’est qu’ils sont souvent en panne d’essence, à court de munitions et ont besoin de fournitures de base. Lors d’une patrouille récente, un groupe de soldats des Etats-Unis et de Nouvelle-Zélande rattachés à l’équipe de reconstruction (EPR) à Bamiyana s’est dirigé vers une demi-douzaine d’agents de la Police nationale afghane bloqués au milieu de la route. Ils étaient sur le chemin de Sayghan, plus au nord dans la province. Mais leur Ford Ranger avait manqué d’essence peu de temps après avoir traversé le col de Bamiyan Valley". Car un problème s’ajoute à un autre : c’est clair, l’intendance ne suit pas : pire, elle n’existe pas ! Un des néo-zélandais présents constate que les balles elles-mêmes sont en nombre insuffisant, à croire que le jeune trafiquant Diveroli n’a pas réussi à fourguer toutes ces vieilles munitions rouillées : "Nous sommes censés les former, mais ils n’ont même pas de munitions pour se former sur les armes, dit-il. C’est un peu frustrant. Lorsque nous les sortir des patrouilles conjointes, il faut les nourrir, leur donner de l’eau, fournir le diesel. Ils ne leur donnent rien, ils n’ont pas de système d’approvisionnement." Et là, cela devient véritablement dramatique pour ces policiers afghans ! Rien n’a été prévu pour les approvisionner ! Comment voulez-vous que cela puisse marcher ? L’armée ou la police afghane, c’est le coup du logiciel de chez Microsoft : lors de la démo, ça marche à peu près. Quand le produit final sort, rien ne va ! 
 
De l’essence, d’autres en ont pourtant : au pays de la corruption, tout le monde est touché par le fléau : "un sergent de l’armée américaine a plaidé coupable d’avoir accepté des pots-de-vin d’un sous-traitant de l’armée en Afghanistan en échange de carburant, ce qui pourrait lui valoir jusqu’à 15 ans de prison, a-t-on appris jeudi de source judiciaire" nous apprend le Figaro du 20 août. "Devant un tribunal de Virginie (est), Michael Dugger, 27 ans, a reconnu avoir, avec un complice, accepté plus de 400.000 dollars de pots-de-vin de la part d’un sous-traitant de l’armée. En échange, il a fermé les yeux sur un vol de carburant commis par ce sous-traitant sur une base de stockage et de distribution de la province de Logar, selon un communiqué du ministère de la Justice.Dugger, dont la sentence sera prononcée le 5 novembre, risque jusqu’à 15 ans de prison et des amendes proportionnelles au montant du préjudice. Son complice, un ancien sergent, a également été inculpé". Comment va-t-on y arriver dans ce pays avec les valeurs d’exemple présentés ( et quels exemples) ?
 
Voilà pourquoi l’armée irakienne est aussi peu amène de contrôler le pays : non seulement elle n’a pas assez d’hommes (***) sa formation a été bâclée (faite à un moment par un individu, Bernard Kerick, qui paradait tant à Bagdad, l’ami de Rudolph Giuliani qui croupit depuis en prison pour malversations), elle ne possède aucune intendance, mais son armement aussi laisse à désirer : je vous avais parlé de l’épisode des munitions avariées à plusieurs reprises, remontant jusqu’à la filière douteuse d’un marchand d’armes de 19 ans qui depuis a fui en Israël, une histoire rocambolesque qui s’était terminée à Gerdec avec l’explosion du dépôt principal où s’effectuaient les magouilles, les liens évidents entre la hiérarchie militaire US, l’ambassadeur en Albanie et le jeune trafiquant, l’assassinat d"un rival compromettant, etc, etc ... bref tout le cirque de livraison d’armes anciennes, voire défectueuses, empruntées aux dépôts de l’ex-URSS ou en provenance de la guerre des Balkans, ou encore les rotations à Sharjah des Ill-76 de Victor Bout convoyant ses armes moitié aux talibans moitié aux soldats irakiens, bref vous avez tout su (en 10 épisodes, indiqués ici ****) sur ce scandale. Un scandale où des responsables politiques US ont plongé jusqu’au cou, impliqués dans ces sombres trafics ou faisant des pieds et des mains dans les couloirs du Congrès ou du Sénat pour recommander un de ces marchands d’armes véreux.
 
L’armée irakienne, comme celle d’Afghanistan, a été conçue en dehors du bon sens, et la corruption généralisée, en Afghanistan notamment n’aide en rien pour améliorer la chose : le trafic d’armes continue et prospère même, dans les deux pays. Un phénomène aidé par la privatisation des formateurs de ces deux armées. Reste encore à trouver la raison principale de cet immense gâchis, ce que nous verrons demain si vous le voulez bien. Mais on en a déjà une petite idée, à vrai dire...
 
(*) faut-il y voir un signe du prochain pays à envahir ? La seconde ambassade colossale sera construite... au Pakistan. "Un projet décidé par Obama en mai 2009 : La Maison Blanche a demandé au Congrès - et semble parti de les avoir - 736 millions de dollars pour construire une nouvelle ambassade des Etats-Unis à Islamabad, ainsi que des logements permanents pour les civils du gouvernement des États-Unis et de nouveaux bureaux dans la capitale pakistanaise. L’ampleur des projets rivalise avec l’ambassade américaine géante à Bagdad, qui a été achevée l’an dernier après des retards dans la construction, au coût de 740 millions de dollars". Un projet pour "Sigma International Construction Iraq" ? Le Kentucky au Pakistan après avoir ravagé l’Irak ? et le Kurdistan ? La mondialisation bétonnière ?
 
(**) extrait de mai 2009 : "Mais Stoffel avait crû décrocher un autre contrat juteux en 2004, avec le "refurbishing" (la remise à neuf) des anciens chars T-72 de Saddam saisis pendant le conflit pour construire les rudiments d’une armée irakienne munie de matériel lourd. A savoir ce que des chars lourds peuvent faire en ville contre des insurgés est un autre problème : au nom de la "reconstruction", on est prêt à tout, semble-t-il : "Rebuilding " consisted in this case of 28.3 million dollars so Iraq could have a new. ...Tank brigade for the Iraqi Army. What a tank brigade can do against insurgents is another question" précise Bush Planet. Un accord passé avec le général Petraeus, tenu au courant constamment de l’affaire. "The man in charge of implementing that strategy was Lt. Gen. David Petraeus, who led the 101st Airborne Division’s drive to Baghdad and now runs the Multinational Security Transition Command-Iraq, or MNSTC-I. In Iraq, it is phonetically referred to as "Minsticky"  et cet extrait : "De retour à Bagdad, devant Petraeus, toujous attentif aux négociations, Stoffel rencontre Zayna qui lui promet de lui verser 4,7 millions de dollars pour débuter. Stoffel exulte, il est enfin devenu riche ! On est alors le 7 décembre 2004. Le lendemain, sa BMW se fait mitrailler sans merci, comme on vient de le décrire dans les faubourgs mêmes de Bagdad. C’est 8 jours après avoir envoyé le mail à Petraeus menaçant de tout révéler". 
 
(***) L’afghanisation  »de la guerre a été la plus évidente et solution logique. Pourtant, l’ANA a été maintenu ridiculement en sous efffectis par rapport à sa tâche. Au début, les États-Unis avaient prévu pour une ANA forte 134 000 soldats d’ici 2011. Cet objectif a maintenant été porté à 171 600 par le Lt Gen McChrystal Stanley. Il est à noter que lors de l’ère de l’invasion soviétique la force de l’armée afghane était d 350 000 hommes. Au moment où le Soviétiques ont quitté le pays ils en possédaient en pointe 550 000. Cette armée afghane, avait tenu à distance les Moudjahidines pendant près de quatre ans jusqu’à ce que Gorbatchev, décidé à faire la paix, a cessé de la payer (très peu d’armées dans le monde se battra si elles ne sont pas payés !) L’ANA prévue est donc bien en deçà d’une résistance optimale nécessaire pour combattre les talibans en mode autonome." 
 
(****) toute la série expliquant les déboires en fournitures de mauvais matériel à l’armée afghane et les magouilles attenantes et ici :
 
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56366
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56392
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56500
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56444
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56475
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56637
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56657
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56548
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56660
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56549
 
 
le rapport du GRIF :
http://www.grip.org/fr/siteweb/images/RAPPORTS/2010/2010-2.pdf
le rappport de copwatch de 2006
http://s3.amazonaws.com/corpwatch.org/downloads/AfghanistanINCfinalsmall.pdf
 
 

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