Le prince, l’émir et les djinns

par Clark Kent
lundi 5 novembre 2018

Il était une fois, il y a fort longtemps, dans des contrées lointaines, deux princes vaillants et fortunés, qui s’étaient liés d’amitié.

L’un, âgé de 33 ans, avait un sobriquet rigolo : MBS, comme pour appeler un garçon de café, psssst.

L’autre, de 25 ans son ainé, avait un surnom encore plus rigolo : MBZ, comme une guêpe qui vole, bzzzzzzzzzz.

Salmane et Zayed régnaient sur le royaume d’Arabie pour l’un et sur les émirats d’Abou Dhabi pour l’autre.

Ils aimaient jouer à la guerre et Ils s’étaient lancés tous les deux dans des aventures palpitantes au royaume du Yémen et ils avaient fait le siège de l’émirat du Qatar, mais les deux entreprises avaient mal tourné.

La guerre au Yémen durait depuis quatre ans et se trouvait dans une impasse avec des conséquences horribles pour la population, et l’émir Qatari s'était fait des nouveaux amis très croyants comme lui sans être vraiment gêné par une souricière aux mailles élastiques.

Du coup, malgré les injonctions de l’empereur du pays des Djinns (regular et slims) qui leur achetait de l’huile et leur vendait des aéronefs, les deux amis avaient décidé de mettre fin au siège sans trop s’en vanter. Puis, MBZ s’était encore rapproché de MBS à travers une initiative qui avait suscité peu d’intérêt chez les écrivains publics de l’empire des Djinns : la "stratégie de résolution". C’était une sorte de pacte sacré pour les marchands et les guerriers des deux royaumes qui se vantaient du coup d’être "les deux plus grandes économies arabes, formant les deux forces armées les plus modernes". 

C'était une décision audacieuse qui comportait 44 projets stratégiques communs et se faisait forte de ramener à la raison les petits princes turbulents dans le monde des mille et une nuits. La première réunion de ce qui s'appelait le « Conseil de Coordination Conjoint » avait même eu lieu à Abou Dhabi. Ce "conseil" était coprésidé par MBZ et son jeune protégé saoudien, MBS, mais en fait, les émiriens présents appartenaient tous à la famille de MBZ, le clan des Al Nahyan. Du coup la succursale venait de prendre le contrôle du siège.

Pourtant, le prince MBS avait un capital de 678,5 milliards de ducats (ou $, la monnaie que le pays des Djinns avait imposée à tout le monde pour acheter l’huile) alors que celui de l'émir MBZ n'en représentait que la moitié, le trésor amassé de MBS était de plus de 500 milliards de ducats, et celui de MSZ de moins de 90 milliards de ces ducats $ djinns. Les revenus annuels de MBS s'élevaient à 171,6 milliards de ducats, alors ceux des MBZ n’atteignaient que 83,4 milliards, une misère. 

Mais par-dessus le marché, MBZ avait procédé à cette razzia sans attirer l'attention de l'empereur des Djinns qui avait les yeux braqués sur MBS qui s’en prenait plein le chèche par les écrivains publics des Djinns à cause d’une histoire abracadabrantesque de dépeçage de trafiquant d’armes chez les Ottomans, et aussi à cause de l’opprobre qui se déversait sur lui pour cette histoire, mais aussi à cause de la situation des Yéménites qu'on lui mettait sur le dos (qu'il avait large). Du coup, quand l’empereur des Djinns pensait au Golfe, il ne pensait jamais à MBZ, ce qui convenait très bien au prince héritier d'Abou Dhabi qui laissait l’arrogant et égocentrique MBS s’afficher sur les scènes des caravansérails et raconter des histoires aux écrivains publics pendant qu’il faisait fructifier les intérêts de sa famille.

Bon, maintenant, il faut dormir, les enfants, et demain, je vous raconterai la fable du corbeau et du renard.


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