Le PS a tué le clivage

par Thomas, le Cimbre
jeudi 14 septembre 2006

C’est très clair. Les réactions du syndrome « Ségolween » sont comme celles que l’on peut rencontrer partout au PS, mais aussi ailleurs. Arrogance et mépris, rien à voir avec de la politique. Ce n’est pas seulement la peur panique de Ségolène face à la vérité politique, celle du débat contradictoire, c’est aussi la peur panique de ses protagonistes - et même de ses détracteurs - d’assumer cette belle partie de la vie politique qu’est le débat. 

Quand je vois, même chez eux, où l’on devrait s’interroger sur la portée de ladite question posée à Ségolène, que l’on continue à descendre Nolween ou à chercher si elle a, elle aussi, une foule de garçons adulés derrière elle et qui agitent le goupillon rouge (quelle horreur, c’est sale, pécaïre, saperlotte !), on se rend compte que le débat de fond est étouffé. Le PS a une volonté délibérée de ne pas parler.

Mais oui, où est le clivage dans les yeux de Ségolène ? On peut poser la question encore plus simplement. Le PS est-il de gauche ? Le PS est-il un PS ? Ou du blairisme, du schröderisme ? Ségolène centriste-libérale avec des zests très épicés "d’ordre juste" n’est pas de gauche. Pourquoi y a-t-il ici tellement d’intervenautes et de "supérieurs hiérarchiques" du PS qui veulent nous revendre ce produit issu du marketing et des instituts de sondage, comme l’IFOP, dont Laurence Parisot du Medef est directrice ?

Ségolène est actrice du nouveau rapprochement centriste, qui n’est que l’espoir des faibles.

Pendant ce temps, la partie officiellement de droite de la scène politique française avance d’une manière implacable et si cohérente. Le coup sur les régimes spéciaux de Monsieur Fillion est une manière d’occuper le PAF et d’afficher une capacité à avoir un discours contradictoire à l’intérieur de l’UMP. Le trialogue organisé depuis plus d’un an entre Messieurs Villepin, Chirac et Sarkozy n’est qu’un grand théâtre pour occuper le paysage audio-visuel français, pour amuser les Gaulois qui adorent les chamailleries et l’arène.

Mais les effets de la précarisation sont très loin d’avoir atteint leur paroxysme, et les Français, les petites gens comme les cadres moyens, les bobos, et même les cadres supérieurs, mais aussi les stake-holders et les share-holders, voudront être rassurés par un homme fort. Il n’y aura pas de risque de refaire le vol républicain des voies électorales comme en 2002, les électeurs d’extrême droite et donc déjà beaucoup d’ouvriers et des électeurs des "couches populaires" pour commencer (je pose au PS souvent la question, mais personne n’y répond) vont de suite voter, eux aussi, pour Monsieur Sarkozy. Finalement, je pose ici la question au PS : aimez-vous les ouvriers ?

La seule chose à offrir au change à tout ceci, à l’avancée de la droite à l’UMP et au PS, est une inscription parfaitement identifiée à gauche des programmes de la présidentielle, qui est utile pour le bavardage, et des législatives qui sont utiles pour la députation et la constitution du gouvernement.

Le plus simple, et on y excelle au PS, on fait comme si on ne vous posait pas de question, ou l’on traite son interlocuteur de malhonnête, et on continue sur son aire. C’est comme d’arrêter de jouer au loto après vingt ans de pratique. Si on arrête, on avoue qu’on a fait fausse route et galvaudé son énergie depuis vingt ans. Mais au loto, la responsabilité personnelle s’arrête à son porte-monnaie.


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