le PS, c’est plus que le « tout sauf Sarko »

par antoine
jeudi 26 avril 2007

La campagne du PS est focalisée sur le « tout sauf Sarko » et sur les courbettes à Bayrou pour gagner son électorat. Cependant, plus que les calculs de campagnes, voici ce que je pense qu’il est important de dire pour argumenter efficacement en faveur de Ségolène Royal.

Vous avez été déçu par le PS sous Mitterrand et sous Jospin. Ils n’ont pas su tenir leurs promesses et n’ont pas su modérer à bon escient le capitalisme. Leurs valeurs fossilisées vous ont refroidi. Vous avez voté Bayrou qui propose, après tout, une version moins réglementée de la social-démocratie. Vous avez peut-être même voté Sarkozy, complètement dégoûté de la réglementation qui frêne le développement des PME et de la France des « assistés ». Pourtant, vous étiez de gauche il n’y a pas si longtemps, non ?

Ségolène n’est pas l’incarnation du PS et son programme diffère de celui de ses prédécesseurs. Le « tout sauf Sarko  » est un slogan de campagne qui fait un peu léger, je vous l’accorde, mais ce n’est qu’un slogan. C’est pourquoi je vous propose de faire le point sur quelques propositions qu’elle émet qui convaincront je l’espère un peu plus. Elle prévoit d’alléger les charges sociales pour les PME et de les augmenter pour les entreprises cotées en bourse. Elle favorise la création des PME avec des prêts à taux zéro pour les jeunes. C’est le système des pays scandinaves qui dynamise l’économie en s’efforçant de ne pas accentuer les inégalités sociales, et qui fonctionne. Par ailleurs, elle met en tête de son programme l’augmentation du budget de la recherche qui, à mon sens, est une condition fondamentale pour entrer dans un cercle vertueux de création d’emplois. Sarkozy est beaucoup plus réservé sur la recherche qu’il ne trouve peut-être pas assez productive à court terme.

Le Smic à 1 500 euros fait peur à certains car il provoquerait une inflation plus forte encore : il n’est pourtant pas difficile de se rendre compte que l’inflation s’est faite par les hauts salaires. Voici un exemple le prouvant selon moi : aujourd’hui une partie conséquente de la population ne se nourrit plus de fruits et légumes frais, inabordables. Ils ne mangent que des boîtes. Dans les supermarchés discount où les légumes sont déjà moins chers, on voit régulièrement les courgettes se flétrir faute d’acheteurs. A Monoprix, où les smicards n’ont pas tendance à faire leurs courses, ça n’arrive quasiment jamais. L’inflation a déjà eu lieu et le SMIC à 1 500 euros ne fera que permettre à ceux qui doivent se contenter du salaire minimum de recommencer à manger normalement tout en permettant d’écouler les invendus de courgettes de chez Leader Price.

Sarkozy dynamisera probablement l’économie, même si les économistes de gauche comme de droite s’accordent sur le fait que la transformation de la BCE pour qu’elle joue un maximum sur les taux d’intérêt est une mesure reaganienne arriérée qui rendra l’économie instable dans toute l’Europe. Peut-être diminuera-t-il le chômage, comme l’a fait son ami Tony Blair en Angleterre. Le Royaume-Uni est un des pays où les inégalités sociales sont les plus fortes et si tout le monde travaille, c’est souvent dans des conditions assez effrayantes et souvent au noir, donc sans perspective de retraite. J’ai été fasciné par ce plein emploi anglais jusqu’à ce que je voie les jeunes actifs d’outre-manche manger chaque jour la même pizza graisseuse, non pas parce qu’ils aiment la malbouffe, mais parce que c’est ce qu’il y a de moins cher. Les hamburgers, ils ne se les offrent qu’en début de mois. Oui ils ont du boulot : ils sont tracteurs le jour, barmen la nuit. Ils n’ont aucune perspective d’avenir, ils parlent tous de reprendre leurs études un jour, sans s’avouer vraiment qu’ils n’en auront pas l’occasion. Voilà ce que c’est le plein emploi anglo-saxon si cher à Sarkozy. Je ne veux pas d’une croissance forte si elle fait la moyenne entre les très pauvres et les très riches.

Voter Royal, c’est marquer non seulement son opposition à Sarkozy mais aussi revendiquer l’idée de mettre un frein aux excès du capitalisme. Cette idée, qui s’éteint peu à peu, il ne faut pas la jeter à la poubelle parce que certains ont échoué, mais essayer de la mettre en application en tirant parti des erreurs commises par le passé.


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