Le ridicule : autre instrument de la domination et de l’humiliation

par Serge ULESKI
samedi 25 mai 2013

 La domination, même si elle est toujours le fruit d’une stratégie, c’est un peu comme la loterie : elle gagne tout ce que les autres ont perdu, tout ce qu’il ne leur sera pas donné de recevoir et de vivre.

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Autrefois Imam des foyers Sonacotra, Hassen Chalghoumi né de père algérien et de mère tunisienne est aujourd’hui président du CIF (conférence des Imams de France), et non - comme on le dit trop souvent - Iman de Drancy. Entre 1992 et 1996 il étudie l’Islam en Syrie et au Pakistan. Naturalisé français en 2000, en quelques années, sous Sarkozy, Hassen Chalghoumi passera de la liste rouge des fichiers des RG des années 90 avec des prêches jugées extrémistes et menace d’expulsion, à la protection assurée par l’Etat français.

 Monseigneur André Vingt-Trois, archevêque de Paris

 Alors ministre de l’intérieur, Sarkozy crée en 2003 le CFCM…. destiné officiellement à représenter les Musulmans de France, d’aucuns parleront d’une gestion politicienne et policière de l’Islam aux relents néo-colonialismes malheureusement trop familiers avant que ce même Sarkozy ne prenne Hassen Chalghoumi sous son aile pour mieux en faire aujourd’hui, et même sous une Présidence PS, l’unique porte-parole imposé des Musulmans de France soutenu, encadré, guidé, choyé, couvé par cet Etat français ainsi que le CRIF (on ne compte plus ses rencontres avec son Président Prasquier), le FN (Marine le Pen ne juge que par lui !) et tous les médias dominants - Caroline Fourest n’étant jamais la dernière à lui proposer son micro et sa caméra : en effet, Hassen Chalghoumi est omniprésent dans les médias ! Manifestement, des ordres ont été donnés.

 Richard Prasquier Président du CRIF

 Illégitime chez les Musulmans de France qui voient en lui l’agent d’une domestication de la communauté musulmane et d’un Islam coupé de ses racines arabo-musulmanes, ce qu’il faut bien se résoudre à appeler « l’Islam de France » n’a dans les faits qu’un but : maintenir le statu quo dominants-dominés, conserver les positions de pouvoir acquises par des groupes de pression qui ont leurs entrées à Matignon et à L’Elysée, et puis surtout : empêcher l’émergence d’une communauté musulmane capable de traiter d’égal à égal avec l’Etat français comme peuvent le faire les représentants des Catholiques, des Protestants et des Juifs pratiquants ou non. La crainte à propos de cette communauté musulmane partagée, sinon entretenue principalement par le CRIF et l’Etat français sous toutes les Présidences, a pour objet une communauté musulmane indépendance qui à terme aurait suffisamment de poids pour obtenir elle aussi, sur le plan de la politique intérieure et étrangère de la France – la question palestinienne en particulier -, des concessions sur une plus juste répartition des postes d’influence au sein d’une République qui serait véritablement équitable et sincèrement plurielle ; une République servie par des hommes et des femmes habités par cet idéal.

Schlumberger Laurent Président de l'Eglise protestante unie de France

 Certes  ! Hassen Chalghoumi qui a fait campagne pour Sarkozy en 2012 n’est qu’un simple supplétif même si sa présence dans tous les médias dominants est inversement proportionnelle à sa légitimité, Manuel Valls s’obstinant, lui aussi, à faire de Chalghoumi l’interlocuteur privilégié d’une communauté musulmane qui le rejette.

Soixante ans après l’arrivée massive d’étrangers issus de la culture arabo- musulmane, et alors que bon nombre d’Imams, d'intellectuels, d’artistes, d’acteurs économiques ou encore d’universitaires issus de cette immigration sont aujourd’hui plus que aptes à s’exprimer, c’est bien cet homme de 40 ans au Français hésitant, parfois très approximatif - élocution difficile, accent prononcé et vivacité intellectuelle plus que lacunaire -, qui nous est imposé à tous comme le représentant de l’Islam de France, de l’Islam en France et de tous ses membres, et au-delà... de tous les Français issus de cette culture arabo-musulmane.

L’Etat français soutenu et manipulé par des groupes de pressions culturels et économiques voraces et profondément inégalitaristes aurait souhaité imposer l’image d’un Islam arriéré, composé de représentants sous éduqués, qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

 Non, ce n’est pas un sketch de Smaïm !

 Aussi, ne nous faisons aucune illusion : avec cette entreprise de domination, ou bien plutôt d’humiliation « soft », il est bien là question d’un véritable travail de sape, travail de sabotage de tout ce qui de près ou de loin touche à la culture arabe et la religion musulmane aux fins de faire en sorte que jamais les acteurs de cette culture et de cette religion ne voient le bout du tunnel ségrégationniste qui est leur : un véritable apartheid qui ne dit pas son nom cette entreprise car, ce sont entre 5 et 7 millions de Français que l’on condamne à la condition de parias.

Doit-on alors parler de véritable génocide républicain et citoyen ?

 Il est vraiment temps que les bonnes questions soient posées aux bons interlocuteurs et que des comptes nous soient rendus. Et cela ne se fera pas sans la remise en cause de tous ceux qui, depuis quarante ans, exploitent et pressent comme on presse un citron, notre République pour mieux en exclure des millions de citoyens aujourd’hui menacés de non-existence. Et si la communauté musulmane est leur cible privilégiée, gardons à l'esprit le fait qu'elle n’est pas la seule, loin s’en faut.


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