Le rsa fausse bonne idée ?
par savouret
mardi 7 juillet 2009
Ces jours-ci les premiers versements du rsa débutent. Ce revenu a pour but d’inciter les personnes au chômage à reprendre une activité professionnelle, en leur garantissant des ressources leur permettant de passer au-dessus du seuil de pauvreté. L’idée paraît séduisante, cependant elle comporte des effets pervers qui me laissent penser qu’il s’agit d’une « fausse » bonne idée.
L’idée du rsa a été développée par Martin Hirsch, sa finalité proclamée est de lutter contre la pauvreté tout en restaurant la dignité des personnes exclues depuis trop longtemps du marché du travail. Le rsa ne doit donc pas a priori susciter de critiques car ses intentions sont louables.
Malheureusement, il comporte un risque majeur, qui est l’essor de la précarité. Celle-ci est déjà fort développée, or l’instauration du rsa risque de multiplier les emplois à temps partiel, sachant que l’Etat s’engage à verser aux salariés le complément de revenu nécessaire pour qu’ils dépassent le seuil de pauvreté. Ainsi, de nombreux individus bénéficiant de ce dispositif, risquent de se retrouver confrontés à une précarité durable, a fortiori dans un contexte de crise économique.
Certes, le rsa permettra à certains de vivre un peu mieux, bien qu’il ne faille pas surestimer l’amélioration potentielle de leur niveau de vie qu’est susceptible de procurer le rsa, car peut-on réellement considérer qu’une personne dont les revenus excédent de 30 ou 40 euros le seuil de pauvreté ait des conditions de vie radicalement transformées et qu’elle se soit réellement extraite de la pauvreté ?
Surtout, le rsa peut avoir pour conséquence de maintenir un nombre conséquent de salariés dans une précarité récurrente en raison de la primauté très nette des emplois à temps partiel qui leur seront attribués. En effet, les employeurs vont probablement se saisir du rsa comme une opportunité afin de banaliser un peu plus le temps partiel. Or celui-ci est dans la très grande majorité des situations subi et non choisi et il ne permet pas d’accéder à des conditions de vie décentes lorsqu’il concerne les familles monoparentales, les célibataires, ou les couples ne possédant qu’un seul salaire.
Ainsi, cette mesure qui à l’origine émane d’un homme de gauche soucieux de lutter contre la misère, va probablement contribuer à une exacerbation de la précarité dans le monde du travail et elle se trouve en définitive en adéquation avec les dogmes néolibéraux. Il n’est donc nullement étonnant qu’elle soit plébiscitée par le gouvernement. Le dévoiement du concept du rsa traduit toute la complexité de la lutte contre la pauvreté et nous démontre que les solutions préconisées dans le cadre économique actuel ne peuvent pas être vraiment efficaces.
L’éradication de la misère ne peut en effet se concevoir que dans un autre système économique, qui ne serait pas uniquement régi par le profit, la concurrence, la compétition. Le défi de la gauche réside dans sa capacité à bâtir une alternative au capitalisme néolibéral, ce qui ne signifie pas pour autant la résurgence du keynésianisme ou du marxisme, mais l’élaboration d’une pensée de gauche novatrice .