Le sacre Sarkozy, la chute du PS
par Jean-Paul Ney
mardi 1er mai 2007
40.000 personnes étaient amassées à Bercy pour entendre celui qu’ils sont venus acclamer : Nicolas Sarkozy. A leurs yeux, il est déjà président, à leurs paroles, il est déjà satellisé, loin, bien loin devant le PS et ses meetings crapoteux, ou la reine impose le strict silence de ses mains - comme la surveillante supérieure du lycée - c’est sûr, elle l’a déjà son fichu drapeau sur son balcon, la droite n’en a que faire ; le drapeau, ici, il « se porte dans le cœur ».
Alors que des centaines de personnes se rallient à la marrée humaine qui squatte sur les bords du Palais omnisports de Bercy, il n’y a déjà plus de place à l’intérieur, des écrans relayent tout à l’extérieur, la ferveur reste la même.
Ex-gauchistes et indécis
Dans la foule, il y a ce que personne n’a jamais su faire au parti socialiste : rassembler. Des jeunes, des moins jeunes, des étudiants, autant de garçons que de belles filles, quel plaisir de voir que tous n’ont pas été lobotomisé par les cours et discours des profs ‘gauchaux’, des ‘maîtres de conférence’ nostalgiques de mai 1968. Non, il y avait autre chose, une force républicaine en marche, un mélange de ‘chiraquistes’, d’ex-jospinistes et de gaullistes encore convaincus que quelque chose peut survivre au socialisme à la française, au post-mitterrandisme...
Des jeunes UDF étaient là, leurs parents et amis aussi, plus discrets : les indécis, souvent déçus par le communisme, le socialisme et les autres tentatives extrême gauchistes qui font plus guignol que le vrai : Arlette et son facteur.
« Sarko président ! », « on va gagner ! », c’est comme si le match avait déjà été joué, aurait déjà été gagné : « je n’ai jamais vu ça, pourtant, des meetings politiques j’en ai vécu, j’en ai organisé, mais là, ça dépasse tout ce que j’ai pu voir tout au long de ma carrière, explique un haut cadre de l’UMP, vous avez déjà vu des socialistes ou ex-communistes venir se montrer à droite ? Moi jamais, il n’y a qu’avec Sarkozy que l’on voit ce genre de choses, c’est extra-terrestre ! »
En tout cas, s’il y en a un qui reste les pieds sur terre, c’est bien Nicolas Sarkozy, touchant, émouvant et en communion avec les 40.000 personnes présentes. Il parle de son rêve, il parle simplement de lui, de son don entier à la politique, de ses origines, de son mal-être face à l’injustice des voyous et de la racaille, face aux insultes, face aux manipulations, face à un pays qu’il aime et qu’il voit au bord du gouffre...
Il en parle, de ses coups bas, de l’autre camp, la politique hasardeuse de la reine, cette politique qui fait que Ségolène Royal ne sache pas quel gouvernement dirige l’Afghanistan, cette politique de l’à-peu-près, du presque, et souvent du bouclier face aux responsabilités. Il ne change pas un iota son discours : il confirme que les membres des bandes dans les citées - celles qui ont tué un jeune enfant, celles qui mettent saccagent la garde du Nord et celles qui brûlent vif des jeunes filles - sont des racailles, et que le Karcher se justifie. Il est ovationné, « enfin quelqu’un ose parler de la réalité » peut-on entendre, mais qui l’a dit ? Tiens, un jeune d’origine du Nord de l’Afrique : « j’en ai plus qu’assez de ces quelques multirécidivistes qui nous pourrissent la vie, j’ai 29 ans, je me suis débrouillé pour me payer mes études, je suis musulman et j’en ai marre de voir des mosquées et des femmes voilées en France, je n’ai pas quitté l’Algérie pour retrouver les barbus ici ! Dites-le ! Écrivez-le ! Moi, le journal Libération a refusé mon témoignage ! » Le message est clair, la sécurité et l’immigration ne sont pas des thèmes inhumains et fascistes, ce que la gauche a voulu faire croire à ses adhérents, une fois de plus.
« Alors
que certains passent leur temps à détruire les chantiers, d’autres veulent
construire, construire avec les forces vives de la nation, construire tous
ensemble parce qu’il n’est pas trop tard » explique un proche de Sarkozy,
coup de fil, Nicolas va sortir saluer les 20.000 personnes restées dehors, le
super-cadre de l’UMP se met à cavaler, téléphone collé sur l’oreille :
pour lui, c’est déjà gagné.
Jean-Paul
Ney
Photo :
de l’auteur.