Le Salon de l’agriculture : festival d’une exploitation d’un autre temps

par Anissa Putois
samedi 22 février 2020

Des vaches sont parquées dans des stalles étroites, attachées par les naseaux par des cordes, chaines et anneaux ressemblant pour certains à des appareils de torture médiévaux. Des poussins éclosent ‘en direct’, faisant que la première chose que ces petits êtres verront ne sera pas leur mère – qu’ils cherchent, perturbés – mais des visages curieux pressés contre une vitre, des lumières vives et artificielles et les va-et-vient de milliers de visiteurs se pressant dans de grands hangars bondés. Bienvenue au salon de l’Agriculture.

Cette année encore, environ 4000 animaux seront transportés sur de longs kilomètres de toutes régions de France, enfermés dans des espaces restreints et exhibés comme de tristes marchandises.

Ces êtres sensibles et intelligents seront exposés à une foule bruyante, un vacarme sans relâche, des odeurs qui ne leurs sont pas familières, et vivront plusieurs jours rangés étroitement entre des congénères tout aussi stressés.

La marchandisation malsaine d’êtres sensibles

En plus de la silencieuse souffrance des pauvres exhibés, le Salon met en scène une hypocrisie dérangeante. Des familles s’attardent devant l’enclos des cochons pour câliner Groingroin, avant de faire quelques pas et déguster son semblable, transformé en saucisson, au stand suivant.

Ne l’oublions pas, les animaux exposés au Salon de l’Agriculture, devant lesquels s’extasieront nombre de visiteurs, subiront la même mise à mort terrifiante et sanglante réservée à tous les animaux élevés pour la consommation. D’innombrables vidéos d’enquête l’ont dévoilé : il n’y a pas de façon éthique de tuer un animal pour le profit.

Ces images montrent des animaux, les yeux emplis de terreur, se faire frapper et pousser le long du couloir de la mort. Certains tentent de s’échapper, en vain. Après avoir assisté, tremblant, à l’abattage de leurs congénères, entendant leurs cris et sentant leur sang, ils sont eux aussi suspendus la tête en bas et égorgés, parfois alors qu’ils ont repris connaissance. Une courte vie stoppée nette par le tranchant glacial d’une lame.

Pourquoi ? Pour un steak, un gigot, une saucisse… Alors qu’aujourd’hui, tant d’alternatives existent.

Un contraste flagrant à un contexte sociétal de plus en plus végan

Ces vidéos ont contribué en partie à une évolution de notre société, dans laquelle de plus en plus de personnes s’opposent à l’exploitation cruelle de ces individus qui, tout comme nous, tiennent à leur vie et méritent qu’on les laisse en paix.

En plus de la cruauté indéniable qu’implique la production de viande et d’autres produits issus de l’exploitation animale, pensons au futur de notre planète. En pleine crise climatique, et alors que les Nations Unies (ONU) affirment que l’élevage d’animaux est responsable de près d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine – tout en causant également la déforestation et la pollution des terres et de l’eau – il nous faut faire évoluer notre mode de vie. En effet, l’ONU avertit qu’un virage global en faveur d’une alimentation végane est nécessaire pour lutter contre les pires effets du changement climatique.

Le spectacle affligeant d’animaux condamnés, mornes, tristes et frustrés, au Salon de l’agriculture n’a pas lieu d’être en 2020. Et plutôt que de le célébrer, notre gouvernement se doit d’encourager les agriculteurs à s’adapter à cette évolution de notre consommation en facilitant leur transition vers la culture de protéines végétales, fruits, légumes, légumineuses, céréales, noix et autres aliments dont l’obtention n’a pas causé de souffrance.

On sait qu’une alimentation végétale est la solution aux problèmes d’éthique, d’écologie et de santé posés par l’élevage – principales préoccupations d’une grande partie de la population aujourd’hui. Heureusement, la cuisine sait toujours s’adapter et notre pays a de quoi être fier en termes de gastronomie, d’artisanat et de savoir-faire culinaire. En France et ailleurs, les restaurants et entreprises agro-alimentaires proposent déjà des plats et produits végans en tout genre, en variété et disponibilité qui ne cessent de croître.

La fin de l’exploitation archaïque des animaux est inévitable. Mais en attendant que tout le monde s’en rende compte, de doux êtres innocents continuent de souffrir. Chacune et chacun de nous peut choisir dès maintenant de ne pas contribuer à leur calvaire, en faisant le simple choix de les laisser hors de nos assiettes.


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