Le secret du bonheur : l’arme atomique pardi !

par Abdelkarim Chankou
vendredi 27 octobre 2017

Comment dans cette course ruineuse à l’achat d’armements les pays pauvres peuvent-ils espérer « Une vie tranquille et modeste [qui] apporte plus de joie que la recherche du succès qui implique une agitation permanente. »

Un pays pauvre qui ne se ruine pas en armes est un pays mort !

Re-pauvre Einstein ! Quatre-vingt-quinze ans après.

Pauvre Einstein ! Le ballon lui a échappé des mains. Il a cru avoir trouvé la clé du bonheur mais c’est le sésame du malheur qu’il a finalement pondu. Les esprits conciliants et pacifistes disent que le physicien ignorait que sa fameuse théorie allait être détournée à des fins militaires et belliqueuses. Mais en fait les dangers de sa découverte sur la relativité ayant établi l’équivalence entre l’énergie à la masse et perturbé les relations internationales dès la seconde décennie du XXe siècle en créant un nouvel désordre mondial après celui né de l'impérialisme de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle le scientifique allemand en avait parfaitement conscience. La preuve en est la fameuse lettre du père de la relativité au président Roosevelt. Le 2 août 1939, le père de la théorie de la relativité et prix Nobel de physique 1921, le scientifique le plus célèbre qui soit au monde, Albert Einstein, signe une lettre destinée au président américain Franklin Roosevelt. Où l’on lit notamment ceci : « Au cours des quatre derniers mois, grâce aux travaux de Joliot en France et à ceux de Fermi et Szilard en Amérique, il est devenu possible d'envisager une réaction nucléaire en chaîne dans une grande quantité d'uranium. » Un peu plus loin Einstein poursuit : « Des bombes d'un genre nouveau et d'une extrême puissance pourraient être construites. » Par cette missive le savant craint l’Allemagne nazie ne parvienne à se doter de l’arme fatale. Il précise en fait : « J'ai appris que l'Allemagne vient d'arrêter toute vente d'uranium des mines de Tchécoslovaquie dont elle s'est emparée. » Ses craintes se sont avérées, mais pas dans le sens qu’il les a exprimées. Ce n’est pas l’Allemagne nazie qu’il vomissait qui a monté la première bombe atomique de l’histoire mais le pays qui lui donné l’hospitalité : les Etats-Unis. Le bonheur ! Peu de temps après avoir reçu ce courrier le président Roosevelt décida de créer le projet Manhattan visant à fabriquer cette bombe atomique le plus rapidement possible. Avant les nazis. Un argument d’enfer qui permit à l’administration Roosevelt d’accélérer les procédures administratives en libérant rapidement les fonds nécessaires au National Defense Research Committee (NDRC) qui lança les programmes de recherche sur la fission de l'uranium. Le projet Manhattan débuta le 11 octobre 1938 et « pendant que les Etats-Unis entrèrent en guerre en 1941 suite à l'attaque de Pearl Harbour par les Japonais, les scientifiques commencèrent à produire les éléments fissiles nécessaires à la fabrication de la bombe. » La suite on la connaît bien. Des deux Grosse Bertha lâchées le 6 août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki et qui ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts sur le coup dans chacune des deux villes nippones les bombes A ressemblent de nos jours à autre chose : un concentré de technologie beaucoup plus dévastateur. Si hier l’administration de Roosevelt s’appuya sur la menace nazie pour lancer le programme secret Manhattan pour fabriquer la première arme atomique, l’administration de Bush Junior prétextera 70 ans plus tard de la menace iranienne pour lancer une grande « course à l'armement entre des laboratoires américains pour la construction d'une bombe nucléaire supposée être plus sûre. » Une frénésie encouragée par des commentateurs et analystes accommodants. « Qu’on le veuille ou non, la dissuasion nucléaire reste un mal nécessaire pour assurer la paix entre les grandes puissances. Il s’agit certes d’un mode de gestion des relations entre grandes puissances fondé sur la destruction massive mais il n’existe pas aujourd’hui d’alternative crédible pour la protection des intérêts les plus essentiels d’un État. La dissuasion nucléaire a été efficace pendant la guerre froide et elle le reste. ». Dixit Bruno Tertrais Directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

                             LE BONHEUR ENCORE UNE FOIS 

Mais sachant que depuis le méga traumatisme provoqué par le massacre d’Hiroshima et de Nagasaki ce type d’arme n’a plus d’utilité autre que celle de la dissuasion. En effet, s’accordent les analystes indépendants, aucun pays détenteur de l’arme nucléaire n’oser s’en servir contre son voisin sans en subir lui-même les effets néfastes. Et ce même si son possédant se trouve à des dizaines de milliers de kilomètres du pays cible. Exemple : Si Le Pentagone décide d’envoyer des missiles atomiques sur l’Iran depuis un sous-marin ou porte avion stationné en Méditerranée ou même depuis sur les côtes américaines il y a de fortes chances que Téhéran riposte en attaquant les intérêts américains soit en fermant le détroit d’Ormuz, soit en frappant avec des missiles balistiques très perforants et performants un ou plusieurs pays pétroliers du Golfe, alliés de Washington. L’équilibre de la terreur a donc rendu caduque même la fonction dissuasive de l’arme atomique. Cependant l’arme fatale confère à on possédant un certains prestige et respect de la part des grandes puissances qui depuis l’antiquité n’ont point évolué sur le terrain de la loi qui veut qu’un pays faible se fait toujours envahir ou mis sous tutelle. Cette loi du plus fort le dictateur de Pyongyang, qui est loin d’être un fou selon la CIA même, la connaît bien. Et c’est pour ça qu’il a développé sa bombinette atomique. Sinon les menaces de Trump auraient quitté depuis longtemps le champ de bataille virtuelle de Twitter pour celui de la réalité réelle. Autrement dit un scénario à la Saddam… Outre que l’arme fatale confère respect, charisme et prestige à son détenteur elle permet également de maintenir la course à l’achat par les gouvernements des pays du Tiers monde d’armes conventionnelles de plus en plus chères et sophistiquées quitte à affamer leurs peuples. Un autre secret du bonheur. Le meilleur. Mais celui-là le physicien Einstein n’y a pas pensé. Enfin comment dans cette course ruineuse à l’achat d’armements les pays pauvres peuvent-ils espérer « Une vie tranquille et modeste [qui] apporte plus de joie que la recherche du succès qui implique une agitation permanente. » Un pays pauvre qui ne se ruine pas en armes est un pays mort !
Re-pauvre Einstein ! Quatre-vingt-quinze ans après.

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