Le sens de notre vie

par Taverne
jeudi 8 septembre 2016

La flèche du temps donne à la vie humaine une direction, un sens qui n’a pas de sens en lui-même. Sartre, Camus ou Becket, ont même dit que la vie était absurdité. Quel est le sens du sens ? Le sens n’a pas de sens en soi, ni de valeur en soi (jusqu'ici on dirait du Raymond Devos mais patience !). Alors, il nous fallait donner un sens au sens et, aussi, des valeurs à notre existence, que nous avons créées : le bien, le vrai, le bon, le beau.

Le Vrai est plus enthousiasmant que la seule vérité. Celle-ci exige une preuve ou une démonstration scientifique alors que le Vrai émane de notre conscience et peut prendre une dimension mystique. Le Vrai n’est pas toujours démontrable mais il est faiseur de sens, pas la vérité scientifique dans sa froideur d’âme.

Et donc, me voici à proposer un schéma qui rassemble à lui tout seul le sens spatiotemporel de nos vies et notre conscience avec ses valeurs. C’est l’image du halo et du souffle.

La double dimension de l’être : le souffle et le halo de lumière

Le souffle est ce qui anime et soutient notre pensée. Il assure la cohérence et la vie de l'esprit, sans lequel notre pensée n’est pas. Dans l'esprit, ce souffle lie le passé au présent. Si ce souffle s’arrête, notre conscience se désagrège. Si ce souffle est le temps, alors s’il cesse, le corps aussi se dissout, ses atomes se désolidarisent.

L’immobilité de la conscience

Le halo de lumière au-dessus de nous et descendant comme une pluie ou une grâce, éclairant nos contours et nos dimensions, est la conscience. Notre esprit a conscience de la durée. Ce qui permet à la conscience d’appréhender la durée, c’est sa fixité, sa situation hors du temps, ou du moins hors de la durée. On ne voit en effet le mouvement qu’à partir d’un point fixe. La conscience serait hors de la durée. Elle semble aussi hors des lois physiques. Descartes, partant du postulat que la réalité est inerte et que tout corps n’est animé que sous l’effet d’une force extérieure, a montré que la conscience, qui se meut par elle-même, constitue l’exception. Elle est par conséquent libre. La conscience est pure volonté.

Nous pouvons figurer cette double dimension comme une scène de tournage d’un film. Le temps est un long travelling, c’est notre vie dans le temps et le mouvement. Nous avons aussi, au-dessus du rail de la caméra qui permet ce travelling, un projecteur fixe, comme l’étoile fixe dans le ciel, c’est la conscience.

Volonté est transpiration, idéal est aspiration.

Si notre conscience contient une part de fixité intemporelle, notre être, lui, est plongé dans la dimension spatiotemporelle. A ce titre, il est soumis à tout un tas de forces internes, elles-mêmes limitées par des contraintes externes. Il y a tout d’abord le désir et la volonté, qui sont deux projections sur un plan horizontal, celui du temps, de sa durée. Et il y a l’aspiration qui est projection verticale vers des idées supérieures.

Tout comme le Vrai est plus sympathique que la raide vérité, l’idéal est plus sympathique que la rude réalité. Nous aspirons au moins autant que nous sommes aspirés par le haut et le désir d'élévation.

L'être-souche et l'être-source

Il reste une dernière chose qui est la Confiance. Elle est attachée à l’être lui-même comme à une souche. Dans ma conception des choses, l’être est souche (de confiance) et source (d’intuition). Voyons comment nos forces se déploient et à quoi elles donnent naissance.

L’élan vital et ses frustrations

L’élan vital, notre nature, s’exprimerait spontanément comme une Volonté de puissance mais, en se heurtant à une série de choses, elle tomberait souvent dans les « passions tristes » décrites par Spinoza. Nous allons voir de quelles façons notre force vitale se heurte à des obstacles et à des contraintes et comment elle s’emploie à s’en sortir, en produisant toute une gamme de sentiments et d’émotions.

Afin d’analyser ces affects, c’est-à-dire au sens étymologique, de les différencier, de les séparer, nous allons croiser deux choses ensemble :

- les trois dimensions : sentiment de gain, sentiment de manque, et sentiment de perte (réelle ou anticipée) ;

- les quatre grandes forces qui nous animent et qui nous font nous heurter à la Vie : le désir, la volonté, la confiance, l’aspiration. J'ai regroupé ces quatre forces en trois situations selon que notre être est confronté à lui-même, aux Autres, ou au Dehors.

L’image du cadran de l’horloge est donc incomplète, sauf si on considère que l’aspiration est incluse dans la confiance, ce qui est le cas de ce premier schéma qui, comme tout schéma, est simplificateur. Mais, il convient à présent de poursuivre et d’aller plus en-avant des choses.

Pour mieux comprendre le tableau ci-dessus, je donnerai deux exemples simples.

La colère. On se met en colère par réaction au sentiment de perte : perte d’un droit, d’un avantage, d’un ascendant (on nous coupe la parole, par exemple) ou plus simplement pour chasser la peur qui est l’émotion de perte la plus puissante. On voit que la colère est dans la bonne « case » : en effet, elle se différencie de la haine qui va au-delà de la simple colère et touche à l’intime même de la personne et essaie de saper son estime par des moyens ultimes (ma règle des trois rimes en « time » est un moyen mnémotechnique).

Elle se différencie aussi de la méchanceté qui part d’un élan naturel de bien-être : la méchanceté nous fait du bien, pas la colère (sauf après : le soulagement) ni la haine. Sans développer davantage ici, nous disons que la méchanceté est une forme de confrontation à soi-même.

La volonté. Elle se distingue du désir qui est en résonance à un manque. C’est la volonté qui nous pousse à aller travailler mais le travail n’est pas un manque vital et ne sucite pas en lui-même un désir. On voit que la volonté est bien à sa place aussi : elle n’a rien à voir ni avec l’aspiration ou la confiance, ni avec l’affection et la joie.

La confrontation au sens est existentielle, spirituelle, culturelle. La confrontation aux autres est existentielle et sociale. La confrontation au réel est désir de possession, volonté de contrôle.

La dimension du gain regroupe les comportements mis en œuvre pour obtenir ce que l’on recherche ainsi que ce que l’on obtient par ces voies (confiance, joie, espoir).

Le Soi rassemble les dimensions de l’Etre et de l’Avoir. C’est l’être plus l’individu (le Moi).

Et l'amour ?

Je n’ai pas parlé de l’amour, parce qu’il est , selon moi, trans dimensionnel. Il serait trois choses : le désir (3ème dimension du tableau), l’affection (2ème dimension), l’aspiration (1ère dimension). Cette dernière dimension de l’amour désigne son côté sacré, irrationnel, mythique.

Ce propos s’interrompt ici, les développements explicatifs étant trop longs à exposer. Peut-être dans une suite, qui sait ?

 


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