Le Sergent Shalit

par teddy-bear
mercredi 19 octobre 2011

La détention d'un prisonnier de guerre sans les droits fondamentaux auxquels il a droit est contraire aux accords internationaux et au bon sens. C'est pourquoi j'ai toujours été partisan de la libération de ce soldat dont les conditions de détention sont difficiles, en contrepartie de celles des centaines de prisonniers palestiniens.

Lors du cinquième anniversaire de sa captivité le monde entier s'est mobilisé pour sa libération. La Maison Blanche a appelé le Hamas à le libérer "immédiatement" et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a également demandé sa "libération immédiate". La Croix-Rouge qui n'a jamais eu accès au soldat, craignait même pour sa vie et demanda des preuves de son existence.

Le Hamas rétorquait : "Nous n'envisagerons de résoudre le cas de Shalit que si le problème des prisonniers palestiniens enfermés dans les geôles de l'occupant est réglé". Il est vrai que les conditions d'internement de palestiniens ne sont pas trop « civilisées » comme l'a signalé Amnesty International.

Le Hamas également avait fêté l’événement en réalisant une mascarade offerte à la foule, qui le discrédite encore un peu plus : dans une fausse cellule on a enfermé un homme déguisé en soldat israélien devant un gâteau d'anniversaire ! Netanyahu toujours aussi borné ou électoraliste, avait promis à cette occasion un durcissement des conditions des prisonniers palestiniens en Israël. Il a osé dire « que la fête est finie », les geôles israéliennes étant certainement des clubs de vacances.

Les parents de Shalit manifestaient en Israël pour faire pression sur le gouvernement pour qu'il accepte les demandes d'échanges de prisonniers du Hamas et qui seraient soutenus par leurs concitoyens. Ils ont également porté plainte à Paris pour enlèvement et séquestrations, En effet ce jeune militaire bénéficie de la double nationalité , c'est pourquoi dans une lettre adressée aux parents, Sarkozy écrivait « La France ne vous abandonnera pas à votre sort et n'aura de cesse d'agir, avec d'autres y compris dans le monde arabe, pour que finisse ce calvaire injustifiable ».

Pour éviter tout malentendu, je tiens à préciser que ce caporal (devenu sergent pendant son incarcération) tankiste en opération près de la bande de Gaza lorsqu'il fut capturé en 2006, est un bien un prisonnier de guerre, contrairement à ce que disent les gouvernements successifs israéliens pour qui il n'est question que « d'enlèvement” ou encore de “kidnapping”. (1) Ce soldat portait un uniforme israélien et continue à le faire, il ne parle pas français et son père non plus et a obtenu la nationalité française par filiation avec ses grands-parents, une demande déposée au consulat de France en Israël. Un militaire israélien incorporé malgré un faible profil médical (Washington Post ) qui de surcroît, porte sur ses épaules selon l'éthique que lui prête l'histoire officielle de « Tsahal », le poids des exactions de toutes sortes que commet ou a commis cette armée d'occupation. Par ailleurs certainement un jeune homme plutôt sympathique qui effectue gentiment ses obligations militaires et se trouve embringué dans une histoire qui lui échappe.

La disproportion de l'échange entre prisonniers peut paraître anormale , mais n'est-ce pas le prix à payer pour la même disparité entre le nombre de victimes de chaque côté. ? Enfin n'oublions pas que deux jours après la capture de Shalit sera lancée l'opération « Pluie d'été » qui se soldera par des centaines de morts et par une vague d'arrestations de Palestiniens. D'autre part sur la totalité des détenus recensés, 272 sont en détention administrative, car Israël ne reconnaît pas aux détenus palestiniens le statut de prisonniers de guerre. Par contre, c'est l'armée qui régit les conditions de détention et notamment ce régime spécifique qui permet de détenir une personne durant une période qui peut atteindre six mois renouvelables, sans obligation de jugement.

Outre la belle opération médiatique du Hamas, qui gardait là un puissant moyen de pression, la question fondamentale reste en suspens : Marwan Barghouti l'un des dirigeants de la deuxième Intifada, très populaire et qui purge cinq peines de prison à perpétuité, fait-il partie de la liste des prisonniers palestiniens libérables ? Car l'enjeu est de taille, il s'agit du probable remplaçant de Mr Abbas . D'autre part le Hamas ira-t-il jusqu'à l'écarter, on peut le croire, aujourd'hui, son nom ne paraît pas dans la première liste.

Quant à Israël son but évident est de fragiliser l'A.P après sa demande d'admission à l'ONU en l 'opposant au Hamas et ensuite pour tenter d'effacer son image exécrable dans l'opinion publique. Néanmoins, Netanyahou devra faire face à la colère de ses concitoyens, car parmi les élargis peuvent se trouver les meurtriers de leurs fils. Mais, selon un sondage 79 % des Israéliens soutiennent l'échange, tandis que 14 % s'y opposent. A noter que malgré ses fanfaronnades, Israël négocie avec le Hamas qu'il considère comme mouvement terroriste.

Le président de l'Autorité palestinienne s'est félicité de cette libération et surtout de celle de 1.072 Palestiniens, mais il a aussitôt rappelé qu'il restera dans les geôles environ 5.000 de ses compatriotes.

Nicolas Sarkozy s'est entretenu avec Benjamin Nétanyahou et l'a "félicité pour ce succès majeur"[...]un immense soulagement pour la France ». Et qu'il sera "bientôt" reçu à Paris. (Peut-être retrouvera-t-il des membres de sa famille française ?) « Le fait que Gilad ait été reconnu Français depuis le début a beaucoup contribué, je pense, à le préserver en vie », a affirmé le chef de l'État. Personnellement, je pense la France a joué un rôle minime dans ce dénouement et que le Hamas se fiche comme d'un guigne que leur ex-prisonnier soit de très loin un peu également Français sur des papiers d'identités israéliens. Juppé a salué le "courage" des autorités israéliennes. "Il en fallait pour libérer un millier de prisonniers" a-t-il dit. Le Hamas attend toujours les mêmes félicitations, ainsi que l'Egypte pour qui, sans sa médiation rien ne se serait passé, subtilité de la diplomatie oblige.

Salah Hamouri

Par contre, l'opinion internationale ne s'est guère penchée sur le cas d'Hamouri bénéficiant lui aussi de la double nationalité (né de mère française et de père palestinien) détenu en Israël depuis six ans et condamné par un tribunal militaire pour avoir « projeté » d'assassiner le chef spirituel du parti ultra-orthodoxe Shass, le rabbin Ovadia Yossef. (2) Accusation fantaisiste aux yeux des experts juridiques internationaux. Seul, un comité de soutien continue à demander son jugement par un tribunal civil dans des conditions acceptables. Bien que son élargissement soit prévu pour novembre 2011, il aura été victime lui aussi d'un traitement inéquitable. A noter qu'en août 2009, Netanyahu, avait rejeté la demande de Sarkozy de le libérer.

(1) « Tribune juive » pouvait titrer en 2007 « SAUVONS AUSSI GILAD SHALIT
L’OTAGE FRANCO-ISRAELIEN »

(2) Le CRIF, avance que le cas de Salah et de Gilad ne sont pas comparables et de que Salah doit rester en prison car il « a été jugé pour complicité d’attentat  ». Ce qui est donc faux, tentative !. D'autre part Alain Juppé sollicité avait reconnu que l’emprisonnement de Salah Hamouri n’était corroboré par « aucune preuve »


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