Le site MEDUZA déclaré « INDÉSIRABLE » en Russie

par gruni
lundi 30 janvier 2023

Que l'impitoyable coupe-coupe russe de Poutine "Roskomnadzor" bloque les sites du FBI et de la CIA ne devrait surprendre personne. Les Américains sont tout de même les plus généreux pourvoyeurs des aides militaires et financières à l'Ukraine. Un soutien des Etats-Unis qui devient tout simplement une question de vie ou de mort pour les Ukrainiens. Que la Russie reste impassible face à son ennemi de toujours s'avère totalement inenvisageable.

Une cause parmi d'autres de la riposte russe serait les déclarations du directeur de la CIA, David Marlowe : 

"Nous cherchons dans le monde entier des Russes qui sont aussi dégoûtés par cela (politique de Poutine) que nous le sommes, car nous sommes ouverts aux affaires".

Combien y a-t-il de nouveaux espions russes en Russie achetés par les Américains ?

Maintenant, d'une manière générale, lors d'une confrontation militaire les médias sont toujours l'objet de beaucoup d'attention. Certains deviennent même des cibles et nul pays engagé d'une façon ou d'une autre dans un conflit ne peut tolérer la désinformation journalière sur son territoire réalisée par un organe de propagande du camp d'en face.

Ce qui très logiquement peut expliquer la fermeture de la chaîne russe RT France suite au gel de ses comptes bancaires. Ce qui là encore ne surprendra personne, car si l'UE n'avait pas limité les effets de la propagande russe, elle aurait été coupable d'une naïveté sans borne.

En Russie, cela fait bien longtemps que les médias sont bâillonnés. Tout le monde le sait, même les idiots utiles du Kremlin qui tentent désespérément des comparaisons plus que laborieuses entre l'information "manipulé" russe et un manque d'indépendance des médias occidentaux qu'on ne peut au nom de l'objectivité nier complètement. Encore plus lorsque la guerre tue de nouveau en Europe. S'iI est vrai qu'il existe une auto-censure occidentale pour s'éviter de passer pour traître et devoir probablement subir des pressions d'en haut, ce n'est tout de même pas comparable aux ciseaux de la démocrature russe et aux sanctions infligées aux médias désobéissants, sans oublier le pire...

Un exemple parmi d'autres de l'oppression russe sur la presse web, avec le cas de Meduza qui déjà qualifié "agent de l'étranger" en 2021, vient récemment de se faire condamner "indésirable". Avec quelles conséquences graves, selon le site en question...

"Si Meduza ne se dissout pas maintenant, les poursuites pénales russes menacent non seulement nos cadres supérieurs et notre équipe de journalistes, mais également quiconque se contente de distribuer nos documents (y compris des actes aussi anodins que de partager un lien sur Facebook vers l'un de nos articles), quiconque essaie de donner de l'argent pour soutenir notre journalisme, et même quiconque accorde à nos journalistes une interview ou même un commentaire."

"Désormais, tout ressortissant russe qui promet ne serait-ce qu'un kopeck à notre salle de rédaction risque d'être poursuivi pour crime." 

Selon Dmitri Moratov, prix Nobel de la Paix 2021 et rédacteur en chef du journal indépendant russe "Novaïa Gazeta" : 

 "On a fermé 262 médias qui n'ont pas été financés par le gouvernement russe, plus de 6.000 sites web sont fermés aujourd'hui, voilà l'ampleur de la censure." Selon lui le journalisme "est un métier aujourd'hui interdit en Russie".

Lors de la conclusion de son discours du prix Nobel, Dmitri Moratov avait déclaré :

"je veux que les journalistes meurent vieux". "Mon souhait reste le même, mais ce rêve, malheureusement, ne se réalise presque jamais. L'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa [en 2006] n'a toujours pas été investigué"

Pour Dmitri Moratov :

 "82 % des Russes de moins de 35 ans sont contre la continuation de cette opération militaire, mais près de 70 % des personnes âgées sont pour. Il y a une vraie fracture".

Enfin, cette guerre de la communication d'abord à bas bruit avant le 24 février explose aujourd'hui. Nous savons maintenant avec certitude que le responsable de la guerre c'est toujours l'autre. Nos apprenons également que l'Histoire avec un grand H peut se lire différemment et se transformer selon les désideratas des élites politiques au pouvoir. Nous comprenons aussi que les plus corrompus sont toujours plus nombreux dans le camp d'en face. Finalement, nous retiendrons que pour déclencher une guerre il est inutile de la déclarer, quant au prétexte pour la faire il suffit de l'inventer. 

 

Photo - PAUL HACKETT/Reuters

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