Le temps aux plus belles choses se plait à faire un affront et saura faner ses roses...

par Georges Yang
mardi 16 décembre 2008

Lors de l’élection présidentielle de 2012, Ségolène Royal aura l’âge de Martine Aubry !

Il n’est pas du tout évident qu’elle soit alors aussi pimpante et glamour qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il lui faudra donc plus qu’une bonne coupe de cheveux et un choix vestimentaire de bon goût pour continuer à séduire l’opinion. Elle devra développer des arguments politiques solides, là où jusqu’à présent, il lui suffisait de jouer le rôle de la Dame en blanc, évanescente et photogénique. Or, peut-on encore changer de langage, bâtir un contenu à son discours quand on a navigué pendant tant d’années sur la vague de l’émotionnel et de l’incantation mystique.
 
Une alliance PS/Bayrou est certes souhaitable pour ceux qui en ont assez de Sarkozy, mais sans Royal, car ses effets de chemisier et la brave platitude de ses arguments sont totalement incompatibles avec la vision politique du dirigeant du MODEM.
En 2012, afficher une image de star encore jeune ne sera plus de mise, il faudra autre chose pour combattre Sarkozy, lui aussi vieillissant, mais à qui l’on pardonnera plus facilement les rides que les tics. Lors de la prochaine présidentielle, Ségolène Royal sera passée du statut de belle femme à celui de femme qui a été belle et cela change tout ! Le traitement hormonal de la ménopause est limité dans le temps et ses effets ne sont pas infinis.
 
Il est du reste étonnant que la politique soit l’unique domaine de notre société où l’on soit encore considéré comme jeune après cinquante ans. Partout ailleurs, passé cet âge, il est plutôt question de vous mettre en préretraite ou de vous considérer comme un has been .Le plus souvent, quand on dit de vous que vous êtes encore jeune, cela veut en réalité dire que vous ne l’êtes plus vraiment.
 
Certains diront que je ne m’acharne pas sur les rides à venir de notre actuel président et sur la diminution de son pouvoir de séduction. En cela, je ferais donc acte de sexisme outrancier, ce qui est fort mal venu de nos jours. Point cependant est mon intention. Mon désir le plus profond est de voir revenir les politiciens français à un véritable discours cohérent avec argumentaire, propositions et programme et peu m’importe s’ils sont photogéniques. Laisser l’incantation, la déclaration d’intention qui ne mange pas de pain aux émissions de divertissement et aux chansonniers, voila ce qu’il faudrait espérer.
 
Or, en ce début de siècle où l’image prime sur le discours, il est de plus en plus difficile d’être audible, que l’on soit un homme ou une femme, si l’on ne passe pas sous les fourches caudines de l’audimat ! Physiquement parlant, de Gaulle ne ressemblait à rien, il était même caricaturé avec son gros nez et son ventre proéminent. Cet aspect physique disgracieux ne l’a pas empêché d’être élu, de gouverner et d’être admiré par plusieurs générations. Admiré autant que haï par d’autres qui le combattaient sans considérer que l’absence d’une plastique d’Apollon n’était pas l’argument principal à leur opposition.
 
En d’autres lieux, Golda Meir, Angela Merkel n’ont pas été appréciées pour leur aspect de couverture de magazine. Seule Benazir Bhutto a su jouer sur son image glamour, bien maquillée et couvrant à peine ses cheveux. Elle en a d’ailleurs payé le pris fort. Il n’y a qu’aux Philippines que d’anciennes miss ou prix de beauté ont pu faire une carrière politique.
Quant aux premières dames, en dehors d’Eva Perón et Jackie Kennedy, en leur temps, elles restaient le plus souvent cantonnées à un rôle de figuration et n’intéressaient que la presse destinée aux classes populaires.
Bien sûr, à la guitare, notre « première dame » pourrait très bien chanter Brassens et nous fredonner : Peut être que je serai vieille, …cependant j’ai quarante ans et je t’emmerde en attendant ! Mais cela serait-il aussi porteur qu’un discours aux Nation Unies ?
 
Ségolène Royale, penchant la tête et agitant le doigt pour dire à bientôt, aura en 2012 l’air d’une grand-mère un peu sèche qui envoie ses petits-enfants se coucher. Image nettement moins digne d’un vidéoclip électoral dans le domaine de la séduction ! Osera t’elle alors nous refaire une nouvelle fois, juste avant le journal de 20 heures un « Bonne nuit, les petits » à l’écran d’une télévision publique privé de publicité ? Et puis, elle ne pourra plus nous donner avec complaisance cette image de victime dont elle use et abuse aujourd’hui, à moins de se dire celle de l’inefficacité de ses cosmétiques.
 
Ce n’est plus d’un Dominique Besnehard dont elle aura besoin, mais d’un nouveau Pascal Sevran pour s’adresser au troisième âge dans une « Chance aux champions » de la liste électorale. Martine Aubry, de son côté n’a cure pour être audible et cohérente, de se maquiller outrageusement et ne souhaite en aucun cas faire une carrière à la Line Renaud pour séduire les électeurs. Elle veut rester sereine loin des bas résilles et des shows de music-hall.
Hélas, un discours politique centré sur un programme et des initiatives claires risque de lui être insuffisant, voire pénalisant. Ce qui a marché en Allemagne avec Merkel peut il être réplicable en France ? C’est plus que douteux quand on lit la presse et que l’on regarde la télévision.
Le retour au politique est souhaitable, mais douteux telle que prend la tournure de la présentation des arguments politique dans notre pays ces temps-ci. Gérard Larcher serait-il plus crédible au Sénat avec trente kilos de moins et un blouson de cuir, j’en doute. Ce n’est pas pour son allure de séducteur qu’il a réussi à évincer Raffarin.
 
Mais de nos jours, il faut avoir l’air sain et sportif pour attirer les électeurs. Le vélo est devenu un argument électoral. Sarkozy a commencé dans le sillage de Michel Drucker et de Richard Virenque. Bertrand Delanoë l’a pris dans sa roue avec un Vélib et Olivier Besancenot recolle au peloton avec sa bicyclette de La Poste. Ségolène ou une quelque autre prétendante au podium élyséen devrait prendre cette option en considération et demander un conseil technique auprès de Jannie Longo afin d’entrer dans la course au nom de la parité.
 
Jadis le roi, ses ministres dans la ligne des Sully et des Colbert faisaient de la pédagogie. Mitterrand à su se plier à l’exercice. Le boniment était alors laissé aux bateleurs et aux fous du roi. Aujourd’hui, les fous sont les Dati, Borloo, Bachelot, Copé et autres histrions. A gauche, on suit le mouvement et Madame Royale n’est pas de reste. Dans le ridicule, sans la préciosité, elle n’est concurrencée que par les Verts et pour atteindre leur bas niveau, elle a encore du chemin à faire. Et côté presse ou médias, les polémistes à la Rochefort, Hugo ou Zola sont remplacés par des Ruquier ou des Ardisson au sourire complice et entendu.
 
Le grand cirque électoral n’est prêt de s’arrêter. Attendons-nous donc de plus en plus à des prestations pitoyables. Quelles vont être les innovations qui feront date à la télévision ? Car, quand on a commencé il est difficile de s’arrêter et la surenchère est de mise. On se doit de chanter autre chose que la Marseillaise, surtout si le but est d’éviter les sifflets. Avoir l’air « ethnique », est aussi une option, mais quand on est totalement blanc avec un patronyme franchouillard, ce n’est pas gagné d’avance. Alors, comme il serait mal vu d’avoir un valet de chambre africain, on peut passer ses vacances au Maroc à condition de ne pas déraper avec de jeunes garçons ; déjà deux politiciens connus en ayant fait les frais.
 
Il ne reste enfin que le climatique, le durable pour durer. A quand les poires tavelées sans engrais et pesticides à la table de l’Elysée ? Les conseils des ministres en burnous ou anorak pour éviter de mettre le chauffage en hiver ou les repas de galas sans le moindre gibier ou féculent pour ne pas encourager les chasseurs et éviter de trouer la couche d’ozone ?
 
Le discours écologique et bio nous fera peut-être oublier la crise économique et financière, à défaut, il nous maintiendra dans le consensuel lénifiant et nous empêchera de trop nous plaindre. Car il est plus facile de nous promettre la diminution de la production de carbone que de réfléchir à celle de notre pouvoir d’achat. Le gadget devient la bonne idée, l’argument choc pour séduire l’électeur. Mais à force de tirer sur la corde, il n’est pas improbable que l’électeur de base, le veau de Charles de Gaulle se rebiffe un jour et descende dans la rue comme en Grèce chercher les nouveaux aristocrates de Sarkozy pour les pendre au pavillon de la Lanterne avec ses opposants de paille.
 

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