Le terreau du terrorisme

par Bernard Mitjavile
mardi 27 mars 2018

Au nom d’une approche soi-disant scientifique s’est développée une tendance à étudier les différentes aspects d'un phénomène humain indépendamment les uns des autres avec pour chacun des experts attitrés, perdant ainsi de vue ce qui fait l’unité de ce phénomène. Ainsi, pour le terrorisme, nous avons droit à des psychologues, sociologues, experts politiques, experts militaires, en renseignements etc. Avec ce genre d’approche, le problème du terrorisme paraît insoluble, chaque attaque donnant lieu à différents discours d’experts se succédant les uns les autres avec comme conclusion que tout cela est bien compliqué, que le risque zéro (on en est loin) n’existe pas et que c’est la fatalité.

Les experts en terrorisme nous expliquent que malgré les écoutes et autres mesures de suivi, c’est bien difficile de savoir quand un terroriste va passer à l’action ou des truismes du même genre qui se résument à « c’est le passage à l’acte qui fait le terroriste » et la « guerre sainte » le Jihadiste ou pour rependre un vieux proverbe « c’est en forgeant que l’on devient forgeron ». Certains nous disent que l’Etat d’urgence a été avant tout un outil de communication destiné à rassurer la population, comme si la lutte contre le terrorisme se résumait à rassurer les gens.

Les experts en psychologie nous débitent des banalités, expliquant que les terroristes souffrent de psychopathologies difficiles à déceler à l’avance (on se serait douté qu’ils n’allaient pas trop bien dans leur tête ni n’étaient bien intégrés à la société) et qu’ils ont tendance avant de passer à l’acte à s’isoler en passant beaucoup de temps devant leur ordinateur bien qu’à chaque attaque, la théorie du loup solitaire se montre assez fragile au bout de quelques jours. Bien sûr, ajoutent-ils, il va falloir s’occuper des enfants vivant dans le voisinage du dernier attentat terroriste dans l’Aude, les amener à s’exprimer, à « verbaliser » ce qu’ils ont vécu pour éviter des traumatismes.

Les psychologues insistent eux aussi sur la nécessité de sécuriser ou rassurer la population, ces braves gens qui ont trop tendance à s’affoler contrairement à eux-mêmes (les psychologues) qui savent prendre du recul et garder leur sang froid. A la limite, on proposerait des calmants remboursés par la sécurité sociale.

Vient le tour des forces de l’ordre qui font du bon travail, parfois héroïque comme lors de la dernière attaque dans l’Aude, mais ne peuvent mieux suivre les terroristes potentiels vu le nombre de « radicalisés »,

Au final, les policiers demandent plus de moyens ainsi que les services secrets et les psychologues, ces derniers pour des « cellules de déradicalisation » qui ont l’air aussi coûteuses qu’inutiles puis on nous répète qu’il va falloir vivre encore pendant un bon bout de temps avec le terrorisme.

Puis vient le temps des commentaires pleins de bons sentiments, des dépôts de fleurs ou bougies, des cérémonies avec uniformes et décernement de médailles.

En isolant la question du terrorisme de celle de l’immigration, des tensions culturelles entre les cultures de certains pays musulmans et la culture occidentale, des zones de non-droit, de la délinquance dans les quartiers avec les trafics de drogues et d’armes et de la crise de l’éducation nationale, on est sûr d’obtenir des réponses partielles et partiales et surtout inopérantes sur le terrain.

En effet comment peut-on isoler quelqu’un qui passe au terrorisme après être « passé par la case délinquance » de son environnement, la vie quotidienne dans des quartiers où les trafics d’armes et de drogues fleurissent ? Et comment peut-on isoler la situation dans ces « quartiers sensibles » de la politique d’immigration incontrôlée que mène la France depuis des décennies avec l’abandon progressif de toute idée d’assimilation des nouveaux arrivés ou même de leur simple bonne intégration et la formation de ghettos dispersés sur le territoire national. Le seul discours qui a prévalu face à la ghettoïsation des quartiers a été le discours antiraciste et anti « extrême droite » consistant à nier la réalité de ces quartiers désertés par les médecins, où les pompiers ne s’aventurent qu’avec une protection policière, les conducteurs de bus refusent de s'arrêter et les policiers reçoivent des directives pour éviter des départs d’émeutes et où collèges et lycées comportent souvent plus de 50% d’enfants d’immigrés de première et deuxième génération.

Finalement, le problème du terrorisme est facile à comprendre, de même qu’il est facile de comprendre pourquoi les pays de l’est de l’UE (Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie etc.) ou plus loin, des pays comme le Japon ou la Corée du sud ne connaissent pas ce genre de problème ou à un niveau beaucoup plus réduit (bien sûr ils en connaissent d’autres). Il n’y a pas plus d’experts en tous genres chez eux que chez nous et même, heureusement pour eux, il y en a plutôt moins. Simplement, ils ont pris la mesure de la situation et surtout pris des mesures en conséquence même si cela déplaît aux institutions européenne. Chez nous, le plus difficile n’est pas de comprendre les causes du terrorisme mais de remettre en cause des décennies de politique publique laxiste et dénoncer les responsables de ces politiques.

 


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