Le « tiers citoyen », pour faire de « Nuit debout » un changement pour toujours

par Politic Angel
lundi 11 avril 2016

"Nuit debout", c'est le peuple qui cherche comment reprendre la main sur son propre destin. Pas facile de passer de la colère partagée à la construction d'un futur commun. Mais dans cette atmosphère chargée de pollen et de poudre, une idée pourrait bien changer la donne pour toujours : celle du tiers citoyen.

Peuple, si tu le veux, reprends enfin ta place, celle au centre du jeu. 

L’ébullition commence… Elle est incontournable.

 

« Nuit debout » c’est (enfin, pensent beaucoup) le premier signe qu’en France aussi il va falloir vraiment changer les pratiques de gouvernement.

 

La loi El Khomri a été un catalyseur. Il en fallait bien un, inévitablement, à un moment ou un autre, sur fond de pays qui s’enfonce, de chômage qui monte inexorablement, de paupérisation qui touche largement, d’horizon qui se bouche, de jeunesse qui ne voit rien de rose dans ce qu’on lui propose.

 

Que veulent ces Noctambules Citoyens ?

Exprimer un ras le bol à tout le moins, rêver ensemble une autre France que celle qu’une classe politique dépassée leur propose, échanger des idées entre eux, parler et être écoutés. Ces citoyens, le plus souvent totalement étrangers à la politique traditionnelle, sont le peuple, enfin et à nouveau debout. Le peuple qui se rend compte qu’il peut aussi tenter de penser par lui même, crier ses doléances, et chercher des remèdes. Rien encore de précis au plan politique, semble-t-il… Pour l’instant.

 

La faillite des partis traditionnels est patente. Ils sont définitivement hors jeu pour construire une réponse crédible à cette exaspération, car la confiance perdue met tant de temps à se reconstruire. Le mieux pour eux serait l’extinction du mouvement par essoufflement, avant de repartir en affirmant une fois de plus « on vous a entendus », sans rien changer vraiment. Mais ce ne serait certainement que partie remise.

 

Partout dans le pays, depuis quelques années, les initiatives citoyennes se multiplient pour tenter d’autres choses, à travers des jeunes partis comme Nous Citoyens, des mouvements comme Démocratie Ouverte ou Engage, des initiatives comme Parlements Citoyens, l’Argus des Communes ou tant d’autres.

Mais ces forces, foisonnantes, engagées, agissantes et sincères, sont restées jusqu’ici marginales, ignorées par le pouvoir en place, retranché dans des formes démocratiques à bout de souffle, défendant jalousement ses prérogatives d’exercice solitaires du pouvoir, loin des citoyens de plus en plus défiants.

Seul le Front National s’est suffisamment organisé pour devenir le réceptacle naturel du mécontentement. Mais, sur ce plan de l’écoute attentive, le FN ne porte aucune promesse. Acteur du jeu traditionnel de prise du pouvoir, il n’a pas de projet de gouvernance nouvelle, aucune réponse à cette demande d’être écouté, et associé de façon intime à la conduite des affaires.

 

Nous sommes à un moment où l’atmosphère est pleine de poudre et de pollen. Alors il est temps de rassembler ici des idées qui sourdent dans ces mouvements citoyens innovants, et de proposer un changement radical et simple : le tiers citoyen.

 

Le tiers citoyen : une façon concrète de mettre le citoyen partout au centre des affaires publiques, de lui donner en permanence la parole et l’écoute des politiques, en construisant ensemble un pays partagé. Voici les règles, très simples, du tiers Citoyen :

- toute entité de décision publique (commune, département, région assemble nationale ou sénat, mais aussi directions des ministères) devra accueillir au sein de ses organes de gouvernance, de façon permanente, au moins 1/3 de citoyens, qui auront les mêmes pouvoirs de proposition, vote ou décision que les autres membres.

- Ces citoyens seront tirés au sort parmi des candidats volontaires, qui devront ne pas avoir été encartés politiquement dans des partis au moins les deux années précédant leur mandat, ni s’encarter pendant leurs mandats.

- Ils seront rémunérés pour leur participation à ces organes, selon des rémunérations identiques à celles qu'ils touchaient avant leur participation à ces organes (principe de neutralité financière).

- ils bénéficieront des mêmes dispositions de droit à la formation aux affaires publiques que les élus, avec une liberté totale de choix de organismes de formation.

- les décisions des organes auxquels ils prendront part ne pourront être votées que si au moins la moitié des citoyens membres de l'organe vote en faveur de la mesure.

- la présence des citoyens désignés dans ces organes sera obligatoire, sauf cas de force majeure, et les absences entraîneront l'exclusion des citoyens et leur remplacement par les premiers éliminés lors du tirage au sort.

- la mise en oeuvre de ces dispositions commencera au niveau des communes, de l'Assemblée nationale et du Sénat. Pour chacune de ces instances, elle sera pilotée par un groupe de six personnes comprenant 4 représentants (2 maires de grandes communes, 1 de communes moyennes et 1 des petites communes dans le groupe "communes", 4 sénateurs et 4 députés dans les groupes "sénat' et "assemblée"). La mise en œuvre des dispositions devra être en place dans les 6 mois qui suivront le début des travaux des groupes fondateurs.

- A cet horizon, ce mode de pilotage public devra également être inscrit dans la constitution.

 

 Citoyens en colère, indignés, las d’être des seconds rôles, silencieux et négligés d’une farce bien triste, c’est le moment de transformer vos valeurs en nouvelles règles du gouverner ensemble.

 

 Le Peuple rassemblé peut y trouver une voie ; sa présence dans la rue est un signe de puissance, et les réseaux modernes lui donnent le pouvoir d’amplifier le mouvement et de le faire mettre en place…

 

 Le changement commence vraiment maintenant. Vive le tiers Etat souverain, vive le tiers Citoyen !

 

F. Lainée, fondateur des Politic Angels


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