Le traité de St-Germain-en-Laye fêtera bientot ses 90 ans
par Τυφῶν בעל Perkele
samedi 1er août 2009
Le 10 septembre, le traité de St-Germain fêtera son 90ème anniversaire.
Consacrant, avec celui de Trianon, l’abolition de l’empire des Habsbourg, ce traité fut, peut-être plus que celui de Versailles, à l’origine de nombres de conflit européens jusqu’à nos jours.
Ceci est l’empire d’Autriche-Hongrie.
Rappelons que malgré l’intermède napoléonien, l’Allemagne, au XIXème siècle est, en gros inchangée depuis le moyen-âge (c’est un grand mot, une simplification exagérée, mais qui nous suffira).
C’est à dire que c’est une confédération lâche et incohérente de pays d’importances et de tailles très diverses qui ont pour unique point commun la langue et encore, elle est subdivisée en dialectes, et encore, il existe des langues régionales.
De cette confédération émergent trois pouvoirs, enfin, deux.
Le royaume de Prusse, Preußen, au nord, issu par son coté polonais de l’ordre des chevaliers teutoniques, et par son coté brandebourgeois de la marche du nord du premier St Empire Romain Germanique.
L’empire d’Autriche, Österreich, au sud, issu, lui aussi, d’une marche du St-Empire.
Et la Bavière, Bayern, dirigée par Ludwig II, un roi fantasque et constructeur de châteaux qui mourra noyé.
Le premier dirigé par le tandem Wilhelm Ier / Otto Von Bismarck a de grand projet d’unification de l’Allemagne. Autour de la Prusse, cela va sans dire.
L’empire d’Autriche, Österreich, au sud, issu, lui aussi, d’une marche du St-Empire.
Et la Bavière, Bayern, dirigée par Ludwig II, un roi fantasque et constructeur de châteaux qui mourra noyé.
Le premier dirigé par le tandem Wilhelm Ier / Otto Von Bismarck a de grand projet d’unification de l’Allemagne. Autour de la Prusse, cela va sans dire.
Allié à l’Italie, elle aussi en voie d’unification, la Prusse, après avoir constitué une union douanière avec le nord de l’Allemagne, évince l’Autriche, qui est un trop gros morceau, de l’empire à la bataille de Sadowa.
Dans la foulée, la guerre de 1870 avec la France lui allie le sud, permet l’assimilation de la Bavière et le couronnement du Kaiser Wilhelm, empereur de toutes les Allemagnes sauf une, dans la galerie des glaces de Versailles.
La justification idéologique pondue par Bismarck est que l’unité de l’Allemagne et sa force viennent de la "race allemande" tandis que celle de l’Autriche vient du "métissage des races", ce qu’on appelait pas encore le multiculturalisme.
Et justement, la montée du nationalisme Magyar vient menacer l’intégrité de l’Empire pour aboutir au fameux compromis de 1867 qui est une forme intermédiaire entre l’union personnelle de la couronne de Hongrie et celle d’Autriche et la domination pure et simple de l’Autriche.
Les Magyar deviennent le second groupe dominant, l’appellation Kaiserlich und Königlich (impérial et royal) fait son apparition, en référence au fait que l’Autriche est un empire et la Hongrie un royaume, restauré pour l’occasion.
Malgré une floraison culturelle, tout n’est pas rose dans l’empire, notamment à cause des Slaves qui forment la majorité de la population sans avoir une importance égale à celle des "Allemands" ou des Magyar. Il suffit de lire, par exemple, "le Brave Soldat Chvéïk" de Jaroslav Hasek pour voir la façon dont ils sont considérés, notamment par la vieille aristocratie méprisante.
Les Magyar deviennent le second groupe dominant, l’appellation Kaiserlich und Königlich (impérial et royal) fait son apparition, en référence au fait que l’Autriche est un empire et la Hongrie un royaume, restauré pour l’occasion.
Malgré une floraison culturelle, tout n’est pas rose dans l’empire, notamment à cause des Slaves qui forment la majorité de la population sans avoir une importance égale à celle des "Allemands" ou des Magyar. Il suffit de lire, par exemple, "le Brave Soldat Chvéïk" de Jaroslav Hasek pour voir la façon dont ils sont considérés, notamment par la vieille aristocratie méprisante.
Comme on ne change pas un compromis qui gagne, Franz Ferdinand, l’héritier du trone, marié à une Tchèque, est plein de projets dans ce goût là :
émanciper un peu plus les provinces, notamment les territoires slaves, permettrait de calmer le jeu.
L’idée la plus réaliste, étant probablement de rajouter une couronne slave à la double royauté des empereurs d’Autriche-Hongrie.
Sauf que, le groupe Bosniaque de la Main Noire n’est pas d’accord : les rêves de grandeur de la Serbie et l’unification des slaves du sud autour du royaume Serbe, ne peuvent se faire sans une révolte violente contre un empire forcément oppressif.
Si la contestation slave trouve une solution pacifique, la Serbie devrait, pour constituer la Yougoslavie, endosser le rôle de l’agresseur avec une guerre d’invasion incertaine.
Pour le bien du futur royaume des slaves du sud, Franz Ferdinand, héritier de la couronne, est éliminé par Gavrilo Princip, extrémiste Bosniaque membre de la main noire, groupe extrêmiste qui pratique l’assassinat politique.
Or, même si certains font la promotion de l’autonomie des slaves au sein de son Empire-Royaume, le sénile empereur-roi Franz Joseph (qui a déjà perdu un héritier par suicide) n’aime pas trop les projets expansionniste visant à se tailler un empire dans le sien.
Et puis, il ne faut jamais perdre une occasion de s’agrandir. La Russie est alliée de la Serbie ? Qu’à cela ne tienne, cet empire déliquescent trouvera son maitre avec l’allié Allemand, et oui, malgré tout.
Et hop, Gavrilo Princip a provoqué la première guerre mondiale. Après quatre années, elle connait l’issue que l’on sait.
Le Démocrate Woodrow Wilson, président des USA, grand défenseur des peuples opprimés quand ils ont la peau blanche, saute sur l’occasion de faire appliquer son "droit des peuples à disposer d’eux-mêmes", pied de nez d’outre-tombe à Lincoln.
Le Démocrate Woodrow Wilson, président des USA, grand défenseur des peuples opprimés quand ils ont la peau blanche, saute sur l’occasion de faire appliquer son "droit des peuples à disposer d’eux-mêmes", pied de nez d’outre-tombe à Lincoln.
ça tombe bien, l’Italie revendique le Trentin, et, d’une manière plus générale, les grandes puissances sont toujours intéressées à voir disparaitre un empire.
Aux traités de St-Germain et de Trianon, exit l’Autriche-Hongrie : on découpe l’empire à la truelle, afin de satisfaire l’ambition territoriale de ses voisins, et on crée dans la foulée deux non-sens :
la Yougoslavie, dite Royaume des Serbes, Croates, et Slovènes de son autre nom, et la Tchécoslovaquie.
Le problème crève les yeux : Trois millions de Hongrois, et quelques dizaines de milliers de Germanophones se retrouvent en minorité à cause, par exemple, de la volonté Tchécoslovaque d’avoir une frontière sur le Danube.
Examinons un peu le destin des nouveaux pays :
La Tchécoslovaquie :
Après avoir réuni deux peuples voisins en un seul état sans se préoccuper réellement de savoir si il y a volonté d’union, la France et l’Angleterre, sans se soucier de cohérence, ne s’émeuvent guère lorsque leur création est menacée, et entérinent joyeusement sa destruction.
En vérité, les Allemands des Sudètes n’avaient aucune envie d’être Tchèques et le pouvoir Allemand d’alors, désireux (litote) de réunir les "Allemands" pris au sens large dans un seul Reich en profite pour en faire la première Etape de l’annexion des pays slaves.
Il est quand même malheureux qu’il ait fallu attendre le père Adolf pour s’apercevoir :
1° Que la frontière Tchèque avait été mal tracée.
D’ailleurs, en 1945, les Tchèques ne refirent pas la même erreur et expulsèrent les Allemands, ce qui est une autre manière de résoudre le problème.
2° Que l’identité Autrichienne, depuis 1867, était basée sur son empire, et donc que la disparition de ce dernier était quelque peu perturbante (litote encore).
En fait, en application du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes déjà cité, et étant donné que Bismarck était mort depuis trente ans, l’Autriche avait demandé à être réunie à l’Allemagne, mais le même Wilson leur interdit.
Finalement, après l’accession à la démocratie, les Tchèques et les Slovaques divorcent par consentement mutuel, en 1993.
La Yougoslavie, quant à elle, a connu le trise sort que l’on sait.
Finalement, après l’accession à la démocratie, les Tchèques et les Slovaques divorcent par consentement mutuel, en 1993.
La Yougoslavie, quant à elle, a connu le trise sort que l’on sait.
Il semble que les Monténégrins, Serbes, Croates, et musulmans aient décidé qu’ils ne formaient pas un même peuple. Quand aux Slovènes, regroupés de façon dense sur un territoire nettement délimité, ils n’avaient presque pas de problèmes de minorités, s’étant toujours bien entendus avec les germanophones.
C’était bien la peine d’assassiner l’Archiduc !
45 ans de gel communiste ont permis de dissoudre la minorité hongroise de Transylvanie (moyennant l’existence d’une région autonome, à une époque), mais pas celle de Slovaquie.
Au final, la volonté extrémiste de Gavrilo Princip aura créé deux guerres mondiales, et toutes leurs conséquences, notamment, puisque le but était de créer la Yougoslavie, toute les conséquences relatives à cette fiction que fut la Yougoslavie.
On se prend à rêver devant cette catastrophe :
Et si les alliés n’avaient pas redécoupé le pays ?
Et si ils en avaient fait une république fédérative ?
Et si, au moins, lors du démantèlement ils avaient pris la peine de tenir compte des cartes ethniques établies depuis 1911 ?
Et si Princip avait eu la grippe le 28 juin, qu’il n’avait tué personne, et que l’Autriche-Hongrie s’était démantelée pacifiquement au cours du XXème siècle ?
Comprenez moi bien, je ne cherche pas à défendre ce qui fut après tout un empire aussi autoritaire et borné qu’un autre, rempli de dissensions et miné par les divisions entre ses composantes
Comprenez moi bien, je ne cherche pas à défendre ce qui fut après tout un empire aussi autoritaire et borné qu’un autre, rempli de dissensions et miné par les divisions entre ses composantes
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Je ne cherche pas à défendre un homme, qui, soi-disant pour rendre la grandeur à son pays, a déclenché par vagues successives l’un des conflits les plus atroces et les plus meurtriers de l’Histoires, dont le dit pays est d’ailleurs sorti encore plus réduit et mutilé.
Mais je pense qu’il peut être bon de rappeler que rien n’est plus facile que de tracer une frontière sur une carte en imaginant que la réalité va s’y plier, que la distinction Autriche / Allemagne n’a rien d’une évidence et est le fruit d’un calcul politique tout à fait arbitraire fait au mépris des faits par un ministre ambitieux, et que l’assassinat politique peut ne pas avoir de conséquences, comme il peut en avoir des énormes et imprévisibles.
Je ne cherche pas à défendre un homme, qui, soi-disant pour rendre la grandeur à son pays, a déclenché par vagues successives l’un des conflits les plus atroces et les plus meurtriers de l’Histoires, dont le dit pays est d’ailleurs sorti encore plus réduit et mutilé.
Mais je pense qu’il peut être bon de rappeler que rien n’est plus facile que de tracer une frontière sur une carte en imaginant que la réalité va s’y plier, que la distinction Autriche / Allemagne n’a rien d’une évidence et est le fruit d’un calcul politique tout à fait arbitraire fait au mépris des faits par un ministre ambitieux, et que l’assassinat politique peut ne pas avoir de conséquences, comme il peut en avoir des énormes et imprévisibles.
On peut aussi remarquer que, plus le temps passe, et plus il est difficile de changer l’histoire :
Atatürk, confronté au même genre de découpage aberrant par la signature du traité de Sèvre prend les choses en main et fait en sorte d’imposer son point de vue et un nouveau traité à Lausanne.
La rapidité de réaction lui assure le succès. Evidemment, comme une des bases de sa doctrine est l’idée que la Turquie est homogène d’un point de vue ethnique, ce qui est complètement faux, on ne peut pas le porter aux nues, mais le fait est qu’il a cautérisé les cicatrices du conflit avec plus de rapidité.
Tandis que les deux autres vaincus que sont l’Allemagne et l’Autriche ruminent trop longtemps leur échec en lutte fratricides, et les tentatives de remettre les choses en ordre interviennent trop tard et sont perverties par un triste sire, qui en fait trop, qui fait plus de mal que de bien.
Aujourd’hui, 90 ans après, on ne peut plus revenir en arrière. L’histoire étant à sens unique, l’Autriche et la Hongrie resteront ces deux petits pays d’europe sans poids réel, l’Autriche restera ce pays ou l’on colle des drapeaux à tout les coins de rue pour rappeler au citoyens dans quel pays ils sont.
Cette histoire montre bien, au passage, que les pays fictifs, créés de toute pièce par l’ambition politique, sans antécédents historique, finissent généralement mal.