Le Woerthgate, on y est !

par morice
jeudi 28 octobre 2010

Depuis deux jours on le sait maitenant : l’affaire Woerth sera bien le watergate de Nicolas Sarkozy. Et ce n’est pas le « dépaysement » de l’affaire comme l’on dit qui me fait dire ça : non, c’est l’épidémie qui vient d’apparaître liée à cette affaire. Ou plutôt, le retour d’une étrange épidémie, la même, survenue en 2007 et que Ségolène Royal était venue dénoncer chez Drucker, faisant l’effet d’une bombe, car visant on ne peut que difficilement le cacher le monde de la barbouzerie, celle des voleurs d’ordinateurs de la campagne électorale présidentielle. Ces méthodes de barbouzes sont bien la preuve d’un pouvoir très affaibli et sont dignes d’une république bananière, car on voit mal qui d’autre aurait pu mener ce genre d’opération commando. Avec la récidive de l’épidémie de cette semaine, et les pressions exercées partout (on m’a retiré deux articles ici sur l’affaire Woerth) , plus les révélations des incroyables faux cégétistes porteurs de « tonfa » à Lyon, et le questionnement de spécialistes de la sécurité sur l’infiltration des manifestions, nous y sommes, au régime de bananes forcé. Noriega est revenu se faire condamner ici en France, mais il nous a bien contaminé. Le tour de la question s’impose, si l’on souhaite que la démocratie, dans ce bas pays, conserve une lueur d’espoir... 

En ce mercredi de jour de sortie de Canard, c’est une bayrouriste qui trouve la bonne formule, comme quoi rien n’est encore perdu : "Nathalie Griesbeck, membre du "shadow cabinet" MoDem chargée de la Justice, a ironisé aujourd’hui sur les cambriolages de journalistestravaillant sur l’affaire Woerth-Bettencourt en évoquant "une affaire de haut vol"," nous dit le Figaro, qui y a eu droit aussi en 2007... C’est la bonne formule en effet : par les objectifs choisis par les monte en l’air, c’est bien de Woerth dont il s’agît. Les trois vols récents touchent tous à des machines ayant contenu des fichiers de journalistes s’intéressant à l’affaire. C’est bien un Woerthgate qui est en cours. Rappelons les trois événements, que j’étais venu poster sur mon article original sur la question. 
 
Ça commence le 21 octobre dernier, un jeudi, chez le domicile de Gérard Davet. Le journaliste du Monde qu a le plus écrit sur l’afffaire Bettencourt est cambriolé. Son ordinateur et son GPS ont disparu. Quel curieux hasard, se dit-on. Euh pas vraiment : " en revanche, le ou les voleurs ne se sont pas intéressés à d’autres éléments high-tech présents de manière visible dans la salle de séjour.." nous dit l’info. Les gens qui sont venus chez lui ne sont donc pas des voleurs. Mais des gens en mission. Pour ne repartir qu’avec... des données. Celles qui font si peur à un pouvoir chancelant et aux abois. Premier épisode. Chez les barbouzes, on fait aujourd’hui comme partout : quand on commence un épisode, c’est qu’on a derrière une saison toute prête. Le deuxième épisode de la barbouzerie en cours, il ne faut pas l’attendre longtemps. Et pas se déplacer de beaucoup. Dans la nuit du même jeudi (décidément c’est bien la même équipe !) c’est "Hervé Gattegno, rédacteur en chef au Point qui couvre l’affaire Woerth-Bettencourt," qui se fait dérober son ordinateur. Là, c’est encore plus barbouzesque : Gattegno est prévoyant (on lui a déjà fait le coup !) et a attaché sa bécane avec un câble d’acier. On peut soupçonner le gars de travailler sur Apple, qui prévoit le bidule depuis toujours. Or le câble résistant a été sectionné net, à la pince coupante, ou plutôt au coupe-câble, car ça résiste, ce truc semble-t-il. Là on se dit que le mec qui vient il SAIT ce qu’il devra faire dans le laps de temps le plus court. Et pour ça doit se munir de l’objet correspondant. Vous imaginez, vous, les monte-en-l’air ordinaires se munir avant de passer par les toits d’une pince de ce genre, qui n’est pas d’un petit modèle ? NON ? Vous faites bien, moi non plus. Ce n’est pas un vol, c’est une expédition.
 
Pire encore : nos barbouzes, car ne peut être autre chose... ne sont pas trompés de bureau ! Car, nous précise le post "les cambrioleurs étaient visiblement bien renseignés, car il venait tout juste de changer de bureau au journal"... Et là, il faut avouer qu’il faut être bien renseigné. Hyper bien renseigné : j’ai comme d’avis que dans les peintres ou les tapissiers qui venaient de refaire le burlingue, il y en avait de drôles. La saison n’est pas pour autant terminée : c’est une grosse production genre "Bollyélysée", qui produit dans la foulée un troisième épisode. Un épisode qui a été tourné avant, car ne les diffuse pas obligatoirement dans l’ordre où ils sont produits. C’était dans la nuit du 7 au 8 octobre... chez Mediapart, le site qui avait commencé à pilonner Woerth en premier. Comme si les barbouzeurs avaient reçu des ordres de quelqu’un d’excédé, qui aurait demandé de s’en prendre en premier au plus virulent d’entre tous : Plenel, et sa grosse moustache ((ou sans !). Et on y avait volé quoi, chez Mediapart ? Ceci : "deux ordinateurs portables ont été volés. Un disque dur externe contenant des données confidentielles et deux cédéroms regroupant les fameux enregistrements réalisés chez Liliane Bettencourt ont également disparu", peut-on lire sur le site internet, qui a annoncé avoir déposé une plainte". Tiens, curieux hasard : du Bettencourt encore, c’est à dire des Woertheries.
 
Cela nous rappelle quoi ? Eh bien ce que Royal était venue expliquer, effarée par tant de duplicité. Je vous laisse redécouvrir la liste, elle est fort longue et commence par Roussin, en haut d’une tour, celle de Bolloré. Entre amis, on a une confiance limitée, il semble. Surtout si l’homme auparavant travaillait pour le SDECE et de la DGSE, dont il avait été l’ancien directeur ! Un Roussin qui nous menait déjà à Casetta et à....Woerth ! Un Woerth qui était passé au travers des gouttes à ce moment là : " Le 27 février 2007, en effet, Michel Roussin, ancien bras droit de Jacques Chirac à la mairie de Paris, et Louise-Yvonne Casetta, ex-assistante des trésoriers du RPR, ont été condamnés par la Cour d’appel de Paris à respectivement 4 et 2 ans de prison avec sursis dans l’affaire des marchés publics d’Île-de-France. Ils se sont également vu infliger tous deux des amendes, d’un montant de 80 000 euros pour Michel Roussin, de 30 000 euros pour Louise-Yvonne Casetta" avais-je rappelé. Comme j’avais aussi rappelé l’incroyable histoire de la journaliste du Figaro, celle qui avait failli devenir madame Sarko3. Un épisode épique qu’on peut aussi rappeler, tant on se dit que celui qui a fait ça devait aussi bien la connaître : "le 31 octobre 2005, c’est plus caractéristique : les locaux du Figaro sont visités, en pleine explosion de banlieues. On y dérobe un agenda électronique (type Palm) et plusieurs ordinateurs portables, tous appartenant à... Anne Fulda, qui vient d’être promue alors première dame de France putative, la précédente ayant jeté l’éponge semble-t-il (depuis lors, la Concorde est repassée par là, et quelques mois après la dame a décidé de partir plus officiellement !). Depuis les frasques de Paris Hilton et les manies qu’ont les vedettes des tabloïds à mettre sur internet leurs ébats amoureux, on est en droit de croire qu’en effet, là... si c’était le cas... notre président potentiel de l’époque serait resté virtuel à vie. Qui donc a bien pu ? Les journalistes, tout heureux de dézinguer leur confrère, dont ceux de Paris-Match, où postule la dénommée, ou... un (autre ?) amant suspicieux ? Décidément, il n’y a pas que les banlieues qui étaient... chaudes" avais-je aussi écrit.
 
Cela pour le Figaro, mais aussi lePoint avait aussi été visité, ce qui explique sans peine le coup du câble d’acier apposé par Gattegno. Ce qui n’a pas suffit ! "le 15 août 2005, l’ordinateur de François Mayle, journaliste politique au Point est subtilisé, en plein midi, avec une sacoche contenant les bandes vidéos de l’entrée de l’établissement. Un vol banal, serait-on tenté de dire : oui, a priori, à part que l’individu revient quelques mois après. Le 18 octobre de la même année, en effet, rebelote : le nouvel ordinateur de F. Mayle, enfermé dans une armoire, cette fois... disparaît à nouveau, l’armoire a été forcée. Les bandes vidéo révèlent la présence d’un homme d’une trentaine d’années, resté dix minutes sur place. On se perd en conjectures sur le mobile du vol. François Mayle est l’auteur d’un livre Amiante : 100 000 morts à venir, qui a fait l’effet d’une bombe à sa parution en 2004. L’amiante n’a été interdite en France que le 1er janvier 1997, par le décret n° 96-1133 du 24 décembre 1996 (sous le gouvernement Juppé donc). Ici, le commanditaire est plus difficile à déterminer : les personnes qui auraient tardé à dénoncer les industriels ou qui ont continué à suivre leur lobbying". Ce qui est une des possibilités : met on voit mal, avouons le un des défenseurs tel que Claude Allègre jouer au visiteur ultra pressé de couloirs de rédaction... Lui qui a l’habitude des portes dérobées, pourtant...
 
Bref, tous ses faits cumulés en trois ans, et les objectifs visés ne parlent pas en faveur de vagues coïncidences. Un Woerthgate est en cours, et il est évident. Les plombiers sont de retour  ! Nous revoilà en 1973, en pleine crise... du pétrole ! Et comme le tout est assaisonné d’une bonne dose de propagande et de cysnisme, ça donne ce matin dans la presse ce genre de phrases  : "Il faut que les choses reviennent dans l’ordre, doucement, sereinement, sans que ce soit la victoire des uns et la défaite ou l’humiliation des autres", souligne un de ses conseillers" ... C’est sans l’ordre républicain en tout cas, et plutôt dans le style du désordre bananier.
 

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